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Hockey sur glace - Hockey en France |
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Hockey sur glace - Eddy Ferhi, Chérie je rentre à la maison ! |
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A 35 ans et après 9 saisons en France, Eddy Ferhi a annoncé se retraite sportive après le dernier match d'Anglet en 1/4 de finale de D1. Il revient avec nous sur ce moment particulier pour tout sportif de haut niveau et sur les faits marquants de sa carrière. |
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Grenoble / Paris, Hockey Hebdo |
Jean-Christophe Salomé le 28/03/2014 à 09:15 |
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9 saisons en France après plusieurs années en Amérique du Nord et un palmarès incroyable : 2 Coupes Magnus (2007, 2009), 2 Coupes de France (2008, 2009), 3 Coupes de la Ligue (2007, 2009, 2011), 2 trophées des champions (2009, 2010) et 2 trophées Jean Ferrand du meilleur gardien (2007, 2008). Eddy Ferhi aura marqué le club grenoblois et le hockey français.
C'est désormais en tant que retraité du hockey qu'Eddy Ferhi a répondu à nos questions, avec la même disponibilité et gentillesse qui le caractérisent.
Nous avons aussi donné la parole à quelques personnes qui ont côtoyé Eddy Ferhi. Vous pourrez lire leurs témoignages après l'interview (voir plus bas).
| photo: Laurent Lardière | | A quand remonte ta décision d'arrêter à la fin de cette saison ?
J'ai pris ma décision en partant de Grenoble, il y a 3 ans. J'avais entrepris des études à Grenoble, et je suis parti à Anglet pour entamer ma reconversion. Trois ans me paraissaient une bonne période de transition qui me permettrait de ne pas couper trop tôt le hockey en passant à autre chose de façon graduelle, aussi naturellement que possible. Je me suis donc mis d'accord avec Anglet pour ces 3 ans et il n'a jamais été question de prolonger. Aujourd’hui, je suis arrivé au bout de ce cycle-là, mais ça fait un moment que ça mûrit.
Quel sentiment prédomine ? Le soulagement, la tristesse ?
Depuis 3 ans que je mûris ce projet-là, je pensais vraiment que j'étais prêt émotionnellement à ce qui allait se passer le dernier soir. Je pensais que cela allait être un match comme un autre, d’autant plus je ne jouais pas.
En janvier, j'ai pris un nouveau poste dans une nouvelle entreprise à Paris et je ne m'entraîne quasiment plus, à cause des déplacements que cela nécessite. Je n'ai donc plus de rythme. J'apporte ce que je peux apporter à l'équipe, mais ça devient insuffisant en play-offs.
En tant que spectateur, je pensais donc que ce ne serait pas compliqué vu qu'il n'y aurait pas d'implication émotionnelle dans le match.
D'un coup d'un seul, rien ne se passe comme prévu. Et c’était évident puisque toute la vie que j'ai aujourd'hui, je la dois à ce sport que je pratique depuis presque 30 ans. Plein d'émotions ressortent aujourd’hui, c’est un grand mélange de choses. Je suis à la fois soulagé, puisque ce n'était plus possible de tenir ce rythme au niveau de mon corps, de mon choix de vie et de ma famille surtout. J'ai besoin de passer mes week-ends et mes soirées avec mes enfants et ma femme.
Au niveau professionnel, je suis à un moment dans ma carrière et dans une entreprise pour lesquels j'ai envie de pouvoir me battre. De ce côté-là aussi je suis donc content.
A côté de ça, la vie de vestiaire, le poste de gardien, la relation à mon équipement, plein de petites choses comme ça que j'ai développé toutes ces années, le fait de ne plus les avoir, ça fait très bizarre. Ca va me manquer atrocement. Il n'y a pas un sentiment qui se dégage, c'est naturel, il y a un mélange de choses.
Comment s'est passée la fin du match dimanche ?
Pour moi, tout s'est passé très vite, le match s’est fini et tout à coup je me suis retrouvé dans le vestiaire. En finissant de me déséquiper, je me suis levé et retourné vers mon casier.
C’est en voyant mon équipement posé là que j’ai pris conscience de ce qui se passait ce soir. Je me suis mis à pleurer comme une madeleine parce que j’ai compris que c'était la dernière fois que j’avais mis mon équipement, que je le rangeais dans son casier. Un tas d'émotions qui étaient emmagasinées depuis des années sont ressorties. J'ai repensé à Baptiste Amar et à cette interview que j'ai vue lorsqu’il a fini sa saison à Grenoble. Je me suis dit que si j'avais dû en faire une à ce moment-là, cela aurait été extrêmement problématique puisque j'avais la plus grosse boule dans la gorge que je n’ai jamais eue de toute ma vie.
Quel bilan tires-tu de ton passage à Anglet ?
Extrêmement mitigé parce que, sportivement, je n'ai pas été à la hauteur de ce que j'espérais apporter à ce club. J'aurais pu anticiper quelque part, parce que je suis quelqu'un d’exclusif dans mon approche des choses, j'ai du mal à faire deux choses à la fois bien. A Grenoble ou avant, je passais des journées à préparer des matchs. Les jours de matchs, on ne pouvait quasiment pas me parler parce que j'étais dans une forme de bulle et de stress depuis quasiment la veille. Le fait d'avoir des enfants, de travailler à côté, ça ne me permettait plus du tout de me mettre dans ces conditions-là. Je n'étais plus du tout pareil. Entre ça et mon opération du genou quand je suis parti de Grenoble, je n'ai jamais pu vraiment me régler comme je le souhaitais. Je n'étais pas venu en pré-retraite, loin de là, mais les conditions et la vie en ont voulu autrement, et c'est naturel.
D'un point de vue humain, je n'en tire que des bonnes choses. Ce club m'a soutenu à cent mille pour cent et je lui dois beaucoup. Ils ont compris ma situation, ils m'ont accompagné, aidé, soutenu, de la direction, à Eric Daramy, le directeur sportif, en passant par Olivier Dimet, le coach. Je ne peux que me montrer reconnaissant envers le soutien et la confiance qu'ils m'ont accordés. Les coéquipiers, la vie là-bas, m'ont mis sur des rails et j'en tire plein de bonnes choses.
Il n’y donc que sportivement que j'aurais préféré n'avoir la tête qu'à ça et de jouer à 700%. D’autant plus que, quand ça a pu être le cas, il y a eu des signes positifs.
Est-ce qu'il y a une ou des choses que tu as regrettées avec le recul ? Une décision, quelque chose que tu as essayé d'obtenir, un match en particulier ?
Je n'ai aucun regret quant aux choix que j'ai faits lors de ma carrière. Certains ont été moins judicieux que d'autres certainement (comme m'installer durablement en France, alors que j'aurais peut-être pu envisager de rebondir tout de suite à l'étranger après la AHL) et certaines prises de position m'ont parfois compliqué la vie, mais chacun de ces choix a été fait avec le coeur.
J'ai aussi certainement plus appris et grandi au contact d'expériences compliquées ou difficiles que dans la facilité. Donc tout ça, bon ou mauvais, a fait moi ce que je suis aujourd'hui. Pas de regrets.
Autre chose, et ça risque d'être difficile : un arrêt qui t'a marqué et un but encaissé qui t'a hanté ?
J'ai effectivement les souvenirs d'un but encaissé et d'un arrêt marquant dans ma carrière effectivement. Et ce qui est assez drôle c'est qu'ils ont eu lieu le même match, le dernier match de la finale contre Morzine en 2007.
Nous menions au score assez largement, mais au 3ème Morzine renverse la vapeur en nous mettant une forte pression. Et là, je prends un but par Santeri Immonen, sur un lancer balayé un peu raté, que je juge très mal de la mitaine et qui finit en lucarne... Suite à ça, les actions se sont enchaînées autour de notre cage (et les buts) et les Pingouins sont rapidement revenus à une longueur. C'est à ce moment-là que Cheverie, un de leurs gros étrangers s'est retrouvé à la réception d'une passe, tout seul devant la cage. Il a repris le palet de volée, mais j'ai eu la possibilité de me déplacer de réussir l'arrêt devant lui. Avec le recul, je sais que cet arrêt a permis de compenser quelque part le mauvais but que je venais d'encaisser et qui aurait pu tout remettre en cause. Mais il n'y a vraiment que dans notre sport qu'on peut passer d'une émotion à une autre aussi vite et aussi fortement. C'est ce qui en fait la beauté...
Ton équipement rangé, tu ne tires pas un trait sur le hockey ? As-tu déjà pensé à rester dans le hockey, jouer en loisir ou faire ton jubilé peut-être ?
Je n'ai pas du tout pensé à mon jubilé. Pour l'instant, je suis à Paris, en aller-retour permanents avec le Sud-Ouest. On avait pour objectif de remonter à Paris puisque c'est de là qu'on vient ma compagne et moi. Mais j'aimerais bien effectivement, toutes les opportunités sont bonnes à prendre pour moi pour rassembler d'anciens camarades de vestiaire et amis et faire la fête autour de ce sport-là.
Jouer en loisirs en revanche, ça ne me ressemble pas, je suis quelqu'un de trop compétitif et perfectionniste pour ça. Je ne sais pas faire les choses à moitié et j'aurais du mal à pouvoir vieillir dans mon équipement. Cela a déjà été assez difficile dans cette fin de saison où les sensations partaient au fur et à mesure du manque d'entraînement.
Quant au lien que j’aurai à l’avenir avec le hockey ou pas, ça dépendra certainement de mes enfants s'ils décident de suivre le sport de leur père. Je serais heureux de les accompagner et de leur prodiguer tous les conseils que je pourrais.
Tu as annoncé ton arrêt sur Twitter et tu as reçu beaucoup de messages de sympathie. As-tu été surpris par tous ces retours ?
Oui. Quand on écrit des choses comme ça, on ne sait pas du tout à quoi s'attendre. Je suis un utilisateur moyen de Twitter dans le sens où ce n'est pas là-dessus que je mets tous mes états d'âme et émotions mais il me semblait que c'était à moi de le dire et d’exprimer comment je ressentais ce moment-là.
J'ai été un peu submergé par tous ces commentaires de soutien, je ne m'attendais vraiment pas à ça. Je suis vraiment touché, et ce qui me touche peut-être le plus, c'est de me dire qu'au-delà du sport, il y a des références à plein d'autres choses, à un être humain. D’avoir été perçu comme quelqu'un d'agréable, disponible et gentil est important pour moi parce que c'est quelque chose que j'essaie de faire au quotidien. Si le message est passé, tant mieux, ça me touche.
Tu as participé à 2 mondiaux en D1, 3 en élite, à un tournoi de qualification olympique et de nombreux tournois internationaux avec l'équipe de France. Que gardes-tu de ces moments ?
Les moments où on est tous en rang sur la ligne bleue, après une victoire. On est fiers et on chante la Marseillaise. Ce sont des moments qui ne sont pas donnés à tout le monde de vivre. J'ai eu la chance de les partager avec des joueurs incroyables comme Laurent Meunier, Baptiste Amar, Fabrice Lhenry, Cristobal Huet, Jean-François Bonnard et je suis obligé d'en occulter quelques-uns.
La chance aussi de participer à la grand-messe du hockey - hormis les jeux olympiques que j'aurais adoré vivre - car les mondiaux, avec toutes ces grosses équipes, tous ces grands joueurs que l'on regarde en général sur internet, et que là on a la chance de les côtoyer, restent des grands souvenirs de sport pour moi.
Mais s'il y avait une chose à retenir, c'est ce moment sur la ligne bleue, des moments très forts.
| Photo: Laurent Lardière | Eddy, lors de France-Suède en 2010 (2-3) | Et si tu devais retenir un seul match en EDF ? Est-ce qu'il y en a un qui t'a marqué ?
C'est un peu compliqué d'en retenir un… Ce sera un peu spécial, mais je pense à un match que j'ai joué contre la Suède (*) que je n'ai pas pu finir malheureusement, lors de mon dernier mondial en Allemagne. Je savais que c'était mes derniers mondiaux.
Mes sensations en équipe de France avaient été assez mitigées depuis quelques mois, et même si j’ai dû sortir en cours de 3e et laisser ma place à Fabrice, ça me permettait de dire au revoir à l’Equipe Nationale d'une bonne manière et de rester sur une impression. Ce match était anecdotique dans l'histoire des Bleus, il n'a pas permis de gagner quoi que ce soit, mais pour moi c’est une fin positive avec ce maillot et c'était très important.
*: 11/05/2010, France-Suède: 3-2, "Les bleus impressionnent"
A propos de Fabrice Lhenry, qu'est-ce que ta carrière t'inspire ?
C'est tout simplement incroyable. Ca a l’air facile quand c'est lui qui le fait, mais personnellement, à mon âge, je commence à accuser le coup physiquement. Il me serait impossible à son âge de terminer un match sous pression, en équipe de France ou en play-offs de Magnus.
Lui semble quasiment de plus en plus fort avec l'âge : il est de plus en plus intelligent, il ressent de plus en plus le jeu. Et pour ne rien gâcher, c'est quelqu'un d'humainement hors pair.
Fab, dans l'esprit et dans sa tête, c'est le plus jeune joueur de l'équipe de France. Il est toujours d'attaque pour tout, toujours disponible, curieux. Ca se ressent dans le sport, son jeu ne vieillit pas non plus. C'est quelqu'un pour qui on est obligé d'avoir de l'admiration.
En ce qui concerne les gardiens français, comment vois-tu la relève à ce poste ?
Je suis assez admiratif de ce qu'accomplissent des gardiens comme Florian Hardy ou Ronan Quemener qui a su rebondir après une année compliquée à Grenoble, ce qui démontre une force de caractère qui est peu banale. Le développement de la Ligue a aidé et nécessite des gardiens de plus en plus prêts, en forme et compétitif. Ceux qui ont su élever leur niveau de jeu sont aussi performants en équipe nationale. On a besoin de bons gardiens français, et il y en a de bons qui arrivent comme Antoine Bonvalot, Sébastien Ylönen qui est aussi un excellent gardien, et je pense aussi à Sébastien Raibon.
Le hockey français ne pourra pas se développer si ce poste-là n'est pas solide. Quand Cristo partira et que Fabrice ne sera plus là, il va falloir quelqu'un pour rester dans le groupe A et il semblerait que Florian ou Ronan aient envie et les capacités de relever le défi. J'ai l'impression que les gardiens sont de plus en plus tournés vers l'entraînement et le développement qui vient par le travail. Lentement mais sûrement, les choses s'organisent et ça ne fera que contribuer au rayonnement de ce sport.
On a déjà évoqué Grenoble lors d'une précédente interview, mais si tu ne devais retenir qu'un trophée, ce serait lequel ?
Ce serait clairement le premier trophée, celui la Coupe de la Ligue contre Rouen qui a été annonciateur de beaucoup de bonnes choses. C'est un titre qui était attendu depuis un moment, on sentait vraiment la pression, et je n'avais jamais gagné de titre. Je ne savais pas comment je réagirais à une finale, c'était une grande inconnue pour moi jusque-là. La finale avait été âprement disputée, mais répondre présent et permettre à l'équipe de gagner le titre, surtout contre un club pour lequel on ne peut avoir que du respect, on sait qu'on a accompli quelque chose…
La communion avec le public qui attendait ça depuis longtemps, les explosions de joie, c'était un moment incroyable.
Mais tous les titres ont été importants. A l'heure du bilan, tous ces titres m'ont apporté quelque chose et je suis content de les avoir, puisque je n'en aurai plus d'autres dans aucune autre discipline. Celui-là aura été le déclencheur qui m'a permis de croire en mes capacités et qui nous a permis, en tant qu'équipe, d'être capables d'aller chercher des choses, et c'est très positif.
(photo: Coupe de la Ligue 2007 à Méribel)
Depuis ton départ, les résultats ne sont plus au rendez-vous à Grenoble. Aucun gardien n'a pu s'installer durablement avec 3 gardiens en 3 saisons. Comment ressens-tu la situation ?
Grenoble est une grosse place de hockey, la pression est assez forte sur l'équipe et le gardien est peut-être le rôle le plus exposé. C'est certainement moins évident de jouer à Grenoble ou à Rouen qu’ailleurs.
Et c’est encore moins évident quand il est confié à de très jeunes joueurs.
J'ai eu la chance pour ma part d'arriver de l'étranger à un âge plus mûr. J'avais peu d'information sur ce que ça représentait de jouer pour Grenoble. Je n'avais que l'envie de bien faire sans me poser ces questions de fond, ni mettre de pression inutile. Je n'étais concentré que sur les performances, il fallait qu'on gagne des matchs.
C’était plus facile pour moi que pour ces joueurs qui ont grandi avec ces choses-là, qui ont cette information et qui jouent chaque match avec plus de pression.
Ensuite, il y a aussi la cohésion défensive, les questions de budget qui ne permettent pas de composer les mêmes équipes. Le gardien et l'entraîneur sont souvent les plus exposés dans ces cas-là.
| photo: Jean-Christophe Salomé | BDL vs Morzine, 15/11/2008 | Tu as connu Jean-François Dufour en tant que joueur et entraîneur. Il est très critiqué cette saison et son départ est réclamé par les supporters.
Il est critiqué depuis quasiment le début, même quand il est allé en finale de Magnus. Ca m'a toujours embêté car ce n'est pas qu'un entraîneur qui détermine les résultats.
Pour ma part, j'ai vécu une excellente année avec lui, j'ai eu sa confiance, il ne m'a jamais lâché même si la pression était assez forte depuis le passage de Mats Lusth qui avait laissé quelques traces quant à ma confiance et à la confiance que m'accordait le staff des Brûleurs de Loups. Même si la pression était forte sur lui pour que je joue moins ou presque pas, lui a continué à me faire confiance et j'ai essayé de lui rendre autant que possible. Je lui loue une amitié profonde pour ça, mais aussi parce que je l'appréciais déjà beaucoup en tant que co-équipier dans le vestiaire. Déjà en tant que joueur, il avait une idée claire du type de jeu qu'il voulait mener et était très sensible à ses choses-là.
J'avoue avoir du mal à m'expliquer comment ça a pu être aussi compliqué, comment il peut-être aussi décrié par la suite. Quand je jouais avec lui, rien ne laissait penser que ça aurait pu arriver. Mais je reste assez sceptique quant à la responsabilité que tout le monde souhaite lui donner.
Les critiques sont aussi fortes sur le staff. Toi qui a connu cet environnement, qu'en penses-tu ?
La responsabilité est sur un groupe au sens large, du bureau jusqu'au dernier joueur du vestiaire. J'ai pu constater des dysfonctionnements de certaines parties de ce staff à certains moments. Je sais très bien que les responsabilités ne sont pas que sur les épaules de l'entraîneur et qu'elles se situent aussi ailleurs. Ce n'est un secret pour personne et ce depuis des années. Donc tant mieux, il était temps quelque part. Ces problématiques-là ne sont pas toutes jeunes, il suffit de remonter aux problèmes financiers et de gestion de l'époque pour se rendre compte qu'il y avait déjà des choses pas très claires et bien gérées.
Dans ta carrière, quels sont les joueurs ou personnes qui t'ont influencé ?
Il y en a beaucoup évidemment. C’est toujours une question piège car on en oublie forcément, mais je vais jouer le jeu en citer quelques-uns.
Jeff Bonnard, personnalité hors norme, c'est une fierté d'avoir croisé ce caractère-là dans ma vie. C'est quelqu'un qui nourrit encore les histoires, les rumeurs et les anecdotes et qui les nourrira encore 10, 15 ans ou 20 ans après avoir arrêté le hockey. C'est une personnalité entière et forte et profonde humainement.
Je pense aux frères Treille, et notamment Sacha, que j'ai l'impression d'avoir vu grandir un peu à Grenoble. Il était dans une phase d'affirmation de lui-même et il devient aujourd'hui un joueur hors pair et qui est aussi extraordinaire humainement.
Je pense à Baptiste Amar avec qui j'ai longtemps partagé les vestiaires à Grenoble et en équipe de France, qui est un homme d'une rare qualité.
Impossible de ne pas citer Kévin Hecquefeuille et Antonin Manavian, mes copains, qui étaient un peu comme des jeunes frères surtout Antonin quand il est arrivé à Grenoble et que j'ai pris sous mon aile. Des jeunes avec une énergie folle, et qui apportent beaucoup. Ce sont des personnalités qui m'ont marqué et avec lesquelles je compte bien continuer à garder le contact après le hockey.
Christophe Tartari avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir à jouer, et qui est extrêmement important à Grenoble, pour son jeu mais aussi pour sa bonne humeur, les bonnes vibrations qu’il dégage et les franches rigolades qu’il déclenche.
A Anglet, je citerais Xavier Daramy, capitaine exemplaire, qui est responsable de mon premier passage à Anglet, et qui est resté depuis un ami, et aussi Géraud Maréchal avec qui j’ai partagé beaucoup beaucoup de choses ces dernières années, et à tous les niveaux…
J'aimerais aussi mentionner la personne qui m'a façonné en tant que joueur de hockey, François Allaire qui est entraîneur des gardiens de l'Avalanche (NHL) aujourd'hui et des Canadiens de Montréal et de Anaheim à l'époque où j'y étais. C'est quelqu'un qui m'a apporté énormément, sur la glace et hors glace, et qui m'a permis de connaître des années très intéressantes en Amérique du Nord et pour qui j'ai eu une grosse pensée quand j'ai arrêté dimanche.
Pour conclure, veux-tu dire quelque chose ?
Oui, j'aimerais m'adresser à tous ces gens qui m'ont adressé leur soutien quand j'ai annoncé cette fin de carrière. J'essaie de répondre à tout le monde, et ça m'a énormément touché, plus qu'ils ne peuvent l'imaginer. Tous les gens qui m'ont soutenu pendant que je jouais, je leur dois beaucoup. Je pense aux supporters d'Anglet et bien évidemment ceux de Grenoble, qui m'ont apporté leur soutien lors des moments pas si évidents et qui sont fidèles. C'était important d'avoir des gens comme ça qui, bon gré mal gré, en pleine tempête, sont capables de vous apporter ce soutien, cet amour et de la force, et c'est quelque chose que je garderai avec moi longtemps.
Je remercie aussi mes parents qui ont passé beaucoup de week-ends dans les patinoires d’Ile-de-France et d’ailleurs pour que j’assouvisse ma passion, et qui m’ont donné tous les moyens pour que je puisse m’épanouir à sportivement et personnellement. Même si cela signifiait de voir son enfant de 17 ans partir s’installer à l’autre bout du monde…
J'ai enfin une pensée spéciale pour ma compagne qui m'a soutenu pendant toutes ces années. Ca n'a pas toujours été facile, elle a dû faire des choix compliqués pour pouvoir m'accompagner dans ce sport. Elle n'a jamais failli et je lui dédie chaque minute et chaque seconde de tout ce que j'ai pu réaliser et accomplir pendant mes années de hockey. Je lui dois ça en immense partie.
Maintenant chérie, je rentre à la maison et je vais avoir un peu plus de temps pour nous !
Pour conclure cet entretien, nous avons sollicité des personnes qui ont croisé la route d'Eddy afin qu'ils partagent quelques mots ou une anecdote à son sujet.
Force est de constater qu'il a marqué les supporters, ses coéquipiers et les personnes qui ont travaillé avec lui.
Merci à eux pour leur contribution, et surtout, merci Eddy pour ta disponibilité ! A très bientôt et bonne continuation !
Si vous voulez partager quelque chose également, n'hésitez pas à laisser un commentaire en bas de la page.
Pierre Pousse, entraîneur national
Pour moi, il représente la force des Brûleurs de Loups dans la fin des années 2000. Une référence qui manquait à ce club pour (re)gagner des titres.
Un joueur de hockey performant qui est ouvert à la culture et aux autres.
En Équipe de France, il est "tombé" sur 2 monuments du hockey français et c'est pourquoi il n'a peut-être pas disputé autant de matches qu'il aurait voulu, ce qui n'enlève rien à son talent.
Il a su trouver le moyen de réussir une belle reconversion tout en jouant à Anglet. Sa retraite sportive laisse un trou dans le paysage du hockey hexagonal. Bon vent à lui !
Fabrice Lhenry, Rouen
Tout d'abord, pour moi, Eddy était une grande énigme avant qu'il décide de revenir jouer en France, je ne l'avais jamais rencontré, je suivais et entendais ses performances Outre-Atlantique. Il a fait un très beau parcours là-bas en commençant en Universitaire et en évoluant par la suite en AHL.
C'est donc avec une grande curiosité que j'ai découvert, lors d'un stage de l'équipe de France, ce grand bonhomme au style américain. Surpris au début mais pas déçu au fil des années d'avoir fait sa connaissance. Car, derrière cette façade vestimentaire haute en couleurs, de la casquette, aux chaussures en passant par ses caleçons, se cache une personne sensible, réfléchie et attachante. Au point de vue du hockey, il est arrivé avec une base technique très solide que personnellement j'étais très loin de posséder. Il a apporté son expérience en montrant que la répétition de tous ces gestes techniques quotidiennement permet de les acquérir et de les maîtriser. Il avait déjà en lui cette culture du professionnalisme.
En parallèle à sa carrière de haut niveau, Eddy a eu beaucoup de mérite de poursuivre ses études de Management. Il a su être performant sur la glace tout en préparant sa reconversion professionnelle, cela prouve sa détermination dans tous ce qu'il entreprend. Mon seul regret est que nous n'ayons pas pu nous affronter plus souvent et surtout plus longtemps. Eddy était au top quand il a décidé d'orienter sa fin de carrière de manière plus professionnelle que sportive. Il a su prendre cette décision dès qu'une opportunité s'est présentée à lui. Cela prouve encore sa détermination et sa lucidité. Il m'a toujours donné l'impression de savoir où il veut aller et surtout, ce qui est essentiel, il s'est toujours donné les moyens de réussir et d'arriver à ses objectifs.
Eddy, je te souhaite d'avoir autant de succès et de passion pour tout ce que tu entreprendras dans le futur et sache que tu as marqué de ton empreinte le hockey français, par ta personne tout d'abord et de tes performances également avec tous les titres que tu as remportés aussi bien individuellement que collectivement.
Eddy, cela a été un plaisir de jouer à tes côtés, ne change pas, tu es unique !!!
Willy Libert, responsable matériel des BDL
Cela a été un honneur de travailler pour lui. Eddy est un très grand professionnel, car on n'arrive pas à ce niveau sans beaucoup de travail.
Eddy est comme beaucoup de gardiens, si ça ne va pas, cela vient du matos, de l'affûtage, etc ... Mais Eddy faisait beaucoup de stages à l'étranger, et à chaque fois qu'il revenait, il me disait: "ça y est, j'ai trouvé ce qu'il me faut", que ce soit en affûtage ou matériel. Et bien sûr, au bout de 2 mois, on revenait à ce que l'on faisait avant !!!!
Je rajouterais un petit truc perso entre lui et moi : Eddy, pendant toutes ces années, avant la fin de certains matchs, tu venais me voir et me donner quelque chose. Aujourd'hui, c'est moi qui te la donne pour finir d'ouvrir toutes les belles choses qui vont t'arriver dans le présent et le futur.
Baptiste Amar, Grenoble
Tout d'abord, Eddy est un très bon gardien qui a participé grandement à la belle période des BDL, mais aussi un très bon coéquipier qui était attaché aux valeurs du collectif et pour qui l'idée de travailler en équipe avait du sens. J'ai pris beaucoup de plaisir a évoluer avec lui même si nous avions parfois des divergences d'avis. Je retiens quelqu'un d'intelligent capable de prendre du recul avec une vraie capacité d'analyse, et j'ai toujours apprécié échanger avec lui sur de nombreux sujets, encore aujourd'hui même si on se voit plus rarement.
Je lui souhaite évidemment autant de réussite professionnelle que lors de sa carrière sportive.
Pour l'anecdote, je garde l'image d'un bon psychopathe avec son équipement, les bottes de Jonas Hiller avec lesquelles il a joué très longtemps alors qui avait des jambières neuves sur mesure qui croupissaient dans le vestiaire, et de nombreuses autres situations cocasses liées à sa superstition sur son matériel.
Pour finir, j'espère qu'il restera dans le giron du hockey sur glace d'une manière ou d'une autre parce qu'il a un amour authentique pour notre sport, et je suis persuadé qu'il a encore beaucoup à donner "à la cause".
Andy Foliot, ex-gardien Magnus, entraîneur mineur Strasbourg
Eddy était un joueur très professionnel, irréprochable. Je me souviens de l'année où Grenoble avait remporté les 4 coupes durant la même saison, il avait été formidable ! Capable également de rester très simple et abordable pour tous. Un grand monsieur qui range ses patins... Personnellement, cela a été un vrai plaisir de pouvoir le côtoyer, il aura défendu et prouvé que les gardiens français étaient capables de performer. Je lui souhaite bonne route pour la suite.
Hugo Rebuffet, gardien international des Yéti's de Grenoble (roller-hockey)
Eddy Fehri était pour moi un exemple et une source d'inspiration. Quand j'allais à Pôle Sud, c'était à 75% pour lui.
Et en plus, c'est quelqu'un qui est très accessible en dehors et avec qui j'ai aimé échanger.
Une anecdote... ce serait une longue série de penalty au tournoi 3c3 de fin de saison où lui était joueur et moi, pour une fois, sur la glace.
Mais vraiment c'est un gardien qui a permis à Grenoble de redevenir un club gagnant, avec une aura certaine, donc inspirant pour un autre gardien !
Sébastien Raibon, Grenoble
J'ai été heureux d'évoluer à ses côtés pendant plusieurs saisons, un gars super ouvert et très professionnel. Son palmarès parle pour lui tout simplement, il a tout gagné en France et il a joué pour son pays, il peut partir tranquillement du monde du hockey !
Henry-Corentin Buysse, Dijon
Eddy est un grand gardien, l'un des meilleurs avec qui j'ai eu la chance d'être sur la glace. Je n'oublierai pas les discussions matériel de gardien, et qu'il ne m'a pas laissé la cage à l'entraînement aux Championnats du monde...
Bonne chance pour la suite, on reste en contact !
Ronan Quemener, Briançon
Tout d'abord, Eddy Ferhi est un des grands palmarès en tant que gardien français du hockey français. Il a su s'établir à Grenoble, ce qui n'est pas une mince à faire d'autant que, depuis son départ, son niveau de performance et son empreinte sur le jeu grenoblois n'ont pas pu être égalés.
C'est aussi une des grandes figures du hockey français par sa présence et son style (sur et en dehors de la glace), notamment vestimentaire. A l'époque, cela en a inspiré plus d'un dans les rangs grenoblois !
Enfin, il a réussi en plus d'avoir une belle carrière de sportif professionnel et international. Concilier les études pour obtenir une reconversion de choix, c'est une chose que j'admire et un modèle de carrière que j'essaie de suivre. Je lui souhaite le meilleur pour l'après-hockey et il restera une de mes inspirations dans le travail de recherche d'une l'excellence technique pour ce poste qui en demande tant.
Maxime Moisand, Renon, Italie
Tellement de choses à dire sur Eddy !
J'aurais aimé lui faire un dernier triple low five pour l'ensemble de sa carrière mais aussi sa bouche encore plus grande que son talent ou que l'écart entre ses dents ! Il m'aura apporté autant de grands moments sur la glace qu'en dehors et je ne le remercierai jamais assez pour ça !
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Réactions sur l'article |
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Tatie38 a écrit | le 29/03/2014 à 12:38 |
le 19 à PS pour un au revoir monsieur Eddy |
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