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Hockey sur glace - Ligue Magnus : Grenoble (Les Brûleurs de Loups) |
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Hockey sur glace - Baptiste Amar : Incroyable ! |
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Après des mondiaux exceptionnels avec l'équipe de France et son dernier match en Bleu, Baptiste Amar revient sur son parcours et évoque sa reconversion. |
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Grenoble, Hockey Hebdo |
Jean-Christophe Salomé le 24/06/2014 à 00:29 |
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Après les mondiaux, tu as participé au jubilé de François et Maurice Rozenthal à Dunkerque.
J’ai découvert la patinoire, je n’y avais jamais joué. J’ai pris beaucoup de plaisir, notamment de revoir Jérôme Pourtanel que je n’avais pas revu depuis dix ans, je ne me suis pas rendu compte que cela faisait aussi longtemps. J’ai revu de très bons coéquipiers, des personnes que je n’avais pas vues depuis un petit bout de temps, dans une atmosphère détendue. Tout le monde a trouvé son compte, les frangins étaient contents. Ils ont organisé ça de mains de maître, c’était impressionnant. La patinoire était pleine, ils ont réussi à récolter de l’argent pour l’association. C’était un très beau week-end.
Est-ce que ça donne des idées ?
Oui, je l’avais dans un coin de ma tête. Je voulais en profiter pour regarder pour éventuellement organiser ça de mon côté, en fin de saison prochaine. Cela va beaucoup dépendre de mon emploi du temps professionnel. J’aimerais bien organiser quelque chose, à Grenoble de préférence.
Avec d’autres retraités ?
Effectivement, j’ai croisé Eddy (Ferhi) à Boulogne lors du stage de l’équipe de France et il m’a dit qu’il y avait pensé. Il faut qu’on en discute, voir ce qu’on a envie, d’inviter les mêmes personnes, etc… Ca fait partie des possibilités.
En ce qui concerne ta fin de saison, tu as vécu 3 fins différentes : ton dernier match avec Grenoble face à Gap, ton dernier match à Pôle Sud contre la Slovaquie et ton dernier match avec les Bleus à Minsk face à la Russie. A chaque fois, des émotions identiques, différentes ?
Evidemment, très différentes. La plus grosse émotion était clairement avec Grenoble, contre Gap. Venant s’accumuler la détresse et la déception de la défaite, le fait de réaliser que c’est une histoire qui se termine, ma carrière club qui se termine tout à coup, et de quelle manière… Beaucoup d’émotions qui me sont tombées dessus. Non pas que je ne m’y attendais pas, mais quand on prépare ce genre de match, quand on veut le gagner, on met vraiment de côté les aspects négatifs. C’était très compliqué à gérer, avec énormément de tristesse ce soir-là et j’ai mis beaucoup de temps à digérer dans les jours et semaines qui ont suivi. Je n’avais pas pensé au fait que j’allais revenir jouer avec l’équipe de France à Pôle Sud. Dans les semaines qui ont suivi, j’ai réalisé que j’allais faire un match à Pôle Sud. J’ai un peu plus apprécié la communion avec le public, dans des conditions un peu plus sympathiques.
Enfin le dernier match lors des championnats du monde, dans un contexte différent, une vraie réussite sportive qui s’étale sur une quinzaine. Alors, certes, c’est une défaite contre les Russes même si, franchement, c’est une petite déception parce qu’on avait forcément envie de croire à une victoire, mais ça venait clôturer une quinzaine qui avait été fabuleuse, exceptionnelle. Personnellement, j’étais sur un petit nuage de vivre ces choses-là avec l’équipe de France, avec beaucoup de sourires, un peu de larmes, mais surtout les sourires.
C’est mieux de finir comme ça ?
Oui, sur une note positive, je l’ai répété de nombreuses fois ces dernières semaines. On essaie de décider quand on s’arrête, mais quand ça s’arrête, tout le monde n’y arrive pas forcément, mais je me suis attaché à mettre un terme à mon histoire de sportif. Après, la manière dont cela se termine, il y a un collectif, des adversaires, beaucoup de choses qui influent dans ce parcours. Pour la manière, c’est beaucoup plus compliqué. J’ai eu beaucoup de chance de finir ma carrière sportive avec l’équipe de France. Si on regarde de manière globale, oui, mais ce sont deux choses différentes. Il y aura toujours le regret de ne pas avoir pu faire quelque chose de bien avec l’équipe qu’on avait.
| photo: Jean-Christophe Salomé | | A Minsk, à part contre l’Italie et la Suède, l’équipe de France prend des points à chaque match avec un quart de finale face aux Russes. C’est un bilan presque inespéré. Est-ce que vous l’avez senti venir ?
Avec des « si », on pourrait imaginer plein de choses. On s’est posé la question de savoir si on avait gagné contre l’Italie, aurait-on fait le même parcours ? Cette capacité à se relevera été la clef. Contre la Slovaquie, au moment où on prend le 3e but, je trouvais qu’on jouait déjà mieux qu'eux à ce moment-là. Cette capacité à retourner ce match-là, à faire un très bon match contre la Suède derrière, qui était un cador de notre groupe, nous a fait prendre confiance. On savait que défensivement, on était plus costauds. Nous sommes restés sous pression vis-à-vis du maintien tout au long de la compétition, surtout avec l’Italie qui était loin d’être éliminée.
On a su gagner la Norvège, et avec nos points et notre manière de jouer, on se sentait encore bien physiquement après ce match. On s’est dit qu’on avait aucune raison de se mettre des limites. La réflexion avant le match contre les Tchèques « si on tape les Tchèques, on a un quart de finale plus abordable », on se regarde et on ne réalise pas ce qu’on vient de dire.
C’est la prise de conscience que l’on pouvait réellement rivaliser avec tout le monde, peu importe l’équipe en face. Pour ma part, mais aussi pour les autres, c’était quelque chose de nouveau, et pas seulement sur un match mais on était capables de renouveler ce genre de performance. Psychologiquement, c’est vraiment un cap qui a été franchi, tout en restant humbles, en sachant d’où on vient. On ne sait pas combien de temps cela va durer, apprenons à rêver et on verra bien où cela nous mène.
C’est bon signe pour l’avenir ?
J’ai confiance en ce groupe, sur le fait qu’ils vont arriver à garder les pieds sur terre. Il y a un vrai vécu. Certes, ma génération mais aussi les 84, 85 comme Besch, Bellemare, Hecquefeuille. Ce sont des gars qui ont connu des années pas très roses également. Oui, il y a une vraie progression et il y a l’expérience des championnats du monde avec un niveau qui s’est extrêmement resserré. La différence entre un quart de finale et une relégation ne tient pas à grand-chose. Un an sur deux, ça alterne entre l’Italie, le Kazakhstan et l’Autriche, la Slovénie. Personnellement, l’Autriche et la Slovénie, c’est un niveau supérieur. L’année prochaine, ce sera plus dur. On l’a vu il y a deux ans avec l’Autriche.
Tu as participé à 13 mondiaux, 7 en élite et 6 en D1, aux jeux olympiques de 2002, sans compter les tournois internationaux et qualifications olympiques. Cela représente beaucoup de voyages. A-t-on le temps d’en profiter un peu ?
Au niveau culturel, pas trop. Ce sont des souvenirs collectifs qui resteront gravés, on a vécu beaucoup de choses ensemble avec des voyages dans des situations économiques difficiles. C’est aussi ce qui forge un collectif, avec des moments pas forcément drôles, dans des aéroports avec des expériences compliquées, où on finit par craquer un peu mentalement pour arriver enfin à destination. Sur le moment, ce n’est pas drôle, mais on revient sur ces histoires avec beaucoup de recul.
| photo: Jean-Christophe Salomé | | En dehors des voyages, ce sont aussi des matchs contre de grandes nations et des grands joueurs qui font rêver tous les amateurs de hockey.
Chacun sa sensibilité, en vieillissant on relativise un petit peu. Mon premier match lors d’un championnat du monde, c’était en Russie avec les Bure, Yashin, et j’en passe. Je me rappelle d’un 1 contre 1 face à Bure, je repensais encore aux cartes de NHL aux Pee-Wee de Pavel Bure qui faisait partie de mes joueurs préférés. Ca nous tombe dessus d’un coup, et on ne joue pas avec ses pleins moyens à ce moment-là, c’est sûr. Après, avec l’expérience, on arrive à relativiser, à profiter, et à avoir de la fierté quand ça se passe bien face à ces joueurs-là. Ce sont des opportunités de jouer contre des cadors du hockey mondial.
Est-ce que l’équipe de France et ses joueurs sont mieux considérés parmi les meilleures nations ?
Je ne sais pas, il faudrait se mettre à leur place. Vis-à-vis des Suédois, le fait que l’on était quelques-uns à avoir joué chez eux, ça nous place un peu sur la carte dans leur esprit. Chez les Nord-Américains qui sont très attachés à la NHL, on n’est rien du tout, ils ont probablement une vision différente. Mais pour la Lettonie ou la Slovaquie, que l’on accroche de plus en plus lors des matchs amicaux, c’est de moins en moins simple de nous jouer, même lorsque nous ne sommes pas au complet. Je pense que l’on a acquis de plus en plus de respect de la part de ces nations-là.
Pour Pierre-Edouard, cela fait plusieurs années que l’on pense qu’il doit avoir sa chance. Pour en avoir parlé avec d’autres gars de l’équipe de France, on est tous d’accord pour dire qu’il a largement le potentiel pour réussir là-bas. Il a toutes les qualités pour jouer sur les blocs offensifs, défensifs. Avoir un joueur comme lui au sein de l’équipe de France, cela donne du crédit à l’équipe de France et à la formation française.
Bien que tu aies annoncé ton arrêt, est-ce que des joueurs ont tenté de te faire changer d’avis ?
Oui, il y a des copains qui me l’ont dit. Je suis parti au championnat du monde sans me poser la question. Après, je ne te dirais pas que cela m’a traversé l’esprit de re-réfléchir à ma décision. Et puis non, cela s’est fait rapidement. Profitons-en pleinement, ce que l’on vit dans un championnat du monde, une quinzaine, c’est une dynamique très éphémère. Il y avait des choses qui étaient enclenchées en parallèle du hockey pour réussir la reconversion. Je pense que c’était le bon moment. Je n’ai pas remis ma décision en question très longtemps.
Je parlais à un moment donné de réussite, d’avoir eu la chance quelque part tout au long de mon parcours, même si j’ai travaillé de mon côté pour que cela se passe bien. Il y a toujours eu des choses qui se sont goupillées incroyablement bien. Je suis parti à Lyon en espérant entrer dans une école d’ingénieur et au même moment le club de Lyon me contacte. Je pars aux Etats-Unis à un moment où ils avaient besoin d’un défenseur expérimenté, j’obtiens une bourse à 100%, chose incroyable pour un « 1ère année », simplement sur des recommandations. J’ai réussi à partir en Suède grâce à un agent influent et à Mats Lusth qui m’a beaucoup aidé. Faire le saut Ligue Magnus – Elite Suédoise, peut-être que je me trompe, mais cela ne se reproduira probablement pas.
Très franchement, plus d’une fois je me suis dit que j’avais une bonne étoile au-dessus de la tête.
Que gardes-tu de tes années à Grenoble, de ton arrivée, des finales perdues jusqu'aux titres ?
C’est plein de choses. C’est un club où j’ai fait la majeure partie de ma carrière professionnelle, où j’ai fini par me sentir chez moi. Je suis toujours estampillé gapençais, vu que j’ai été formé à Gap et je suis extrêmement fier de ce parcours et de ce club, mais je me sens grenoblois puisque c’est là que je me suis établi, c’est dans ce club que j’ai vécu la majorité de ma carrière. Il y a eu des moments forts avec des titres, et des grandes déceptions aussi. C’est tout ce qui est lié à une carrière de joueur. Une belle aventure humaine.
On fait un sport collectif, et on a la chance de partager toutes ces émotions avec les coéquipiers. Quand on prend un peu de recul sur une carrière sportive, c’est l’humain qui ressort, avec le partage d’émotions avec les autres, bonnes ou mauvaises. J’ai fait beaucoup de sport étant petit, et c’est le seul sport collectif que j’ai fait. Je pense que j’avais besoin de partager ça avec d’autres et Grenoble est le club où j’ai partagé le plus de choses.
Sur toutes ces années, est-ce qu’il y a un joueur qui t’a marqué ?
La question n’est pas simple...
Je vais garder Ludek Broz pour ce qu’il pouvait apporter sur la glace, sa capacité à faire la différence à tout moment. Ce n’est pas quelqu’un qui pouvait jouer sur son physique, il était complétement cassé par moments et il avait encore cette capacité à faire tourner les matchs. Plus les années ont passé, plus son absence m’a frappé. Quand on regarde d’où il venait , c’est un joueur qui s’était un peu perdu, qui avait un parcours vraiment atypique, mais en terme de talent pur, faisait des choses assez incroyables. S’il faut vraiment sortir un très bon joueur, c’est celui qui me vient à l’esprit.
En termes de rencontres, j’ai côtoyé des personnalités fortes, diverses et attachantes. C’est difficile de sortir quelqu’un du lot. J’ai plusieurs choses qui me viennent à l’esprit, mais je préféré garder ça dans le vestiaire. Ce n’est pas secret, mais cela fait partie de l’intimité du vestiaire.
Pour toi, le hockey sur glace était un métier ou un sport ?
Cela fait partie aussi des raisons pour lesquelles j’arrête. Je me suis toujours dit que le jour où je jouerais au hockey pour gagner ma vie, que cela deviendrait un métier, ce serait le moment de s’arrêter. Je ne m’étais jamais imaginé faire hockeyeur professionnel. Mes parents m’avaient éduqué d’une certaine manière, on n’avait pas une grande estime des hockeyeurs pro à Gap. J’avais une éducation sportive, mais dans le sens de la dépense physique et de prendre soin de son corps.
Quand je suis rentré dans un groupe pro à Lyon, j’avais pensé arrêter mes études. J’avais du mal à me mettre au travail. On côtoie des gars qui ont moins de 20 ans et qui ne font que du hockey, jouent à la PlayStation toutes les après-midi, ça donne envie. Forcément, à cet âge-là, on a du mal à voir les priorités. Mon père m’a bien recadré, tout en rigolant quand je lui ai dit que je pensais faire hockeyeur pro. Il a continué à me pousser à faire des études.
Donc, ça m’est tombé dessus un peu par hasard, je pensais jouer le plus longtemps possible et on commence à faire une carrière professionnelle. Sans forcément gérer sa carrière, on essaie de faire les bons choix, pour trouver son compte sportivement.
Et il arrive un moment où le corps fatigue, on prend un peu moins de plaisir et les priorités changent.
Est-ce que c’est plus facile quand on a un bon diplôme et un peu d’expérience ?
Oui, j’ai préparé ma reconversion du mieux possible. Aujourd’hui, je n’ai aucune garantie de trouver un emploi. J’essaie de faire le nécessaire pour y arriver. Tant que je n’ai pas un contrat dans la poche, je ne vais pas crier victoire trop tôt. J’espère que je m’y suis bien préparé et que cela va bien se passer.
Si on fait un parallèle entre ta vie de hockeyeur et le monde du travail, que retiens-tu de ta carrière sportive pour t’aider dans le monde de l’entreprise ?
D’abord, c’était très bien d’avoir cette double activité pour réellement mesurer la différence qu’il peut y avoir et de garder les pieds sur terre, le « vrai monde du travail », avec des contraintes qui ne sont pas forcément celles d’un sportif professionnel. J’ai pu toucher du doigt cette vie en entreprise, dans un grand groupe comme Schneider. C’était très enrichissant de vivre les deux en parallèle, et de pouvoir mesurer ce qu’on pouvait prendre dans le hockey sur glace et de l’apporter en entreprise. Dans un sport collectif, on développe un certain nombre de compétences humaines, d’adaptation, d’écoute de l’autre. Je ne dirais pas que tous les sportifs les développent de la même manière, tous ne sont pas capables d’être managers. Par contre, ça force à être à l’écoute de ses coéquipiers, à vivre dans des règles communes, avec du respect des uns et des autres. La vie dans un vestiaire apporte énormément. On se retrouve à considérer l’équipe comme une famille où on partage beaucoup de choses, et comme dans toute famille, il y a des gens qu’on apprécie plus que d’autres, mais il faut arriver à ce que tout le monde tire dans le même sens.
Comment vois-tu l’évolution du hockey en France ?
Le hockey en France est un grand chantier. Aujourd’hui, les gens de la fédération réfléchissent sur le sujet avec les présidents de clubs et d’autres intervenants. Il y a une vraie volonté de faire évoluer les choses dans le bon sens. Très franchement, il y a eu un contexte économique qui a un peu freiné les choses. Il y a un petit retour en arrière sur le statut du joueur auquel j’étais attaché par l’association des joueurs. Ça évolue, certains choses s’améliorent, d’autres un peu moins. Les efforts sur la formation et les formateurs est capitale. La marge de progression est énorme. Avec les résultats de l’équipe de France en progression, c’est capital d’avoir plus de fenêtre médiatique. Il y a de très bonnes choses qui sont mises en place, et malheureusement, cela ne se mesurera pas à court-terme.
Est-ce que tu vas rester impliqué dans le hockey sur glace ?
Je vais certainement me rapprocher des dirigeants fédéraux, j’en ai déjà discuté avec eux, je vais les rencontrer prochainement pour voir comment je pourrais avoir ma place, avec l’optique du Championnat du Monde en 2017. Dès l’annonce que la France et l’Allemagne avait obtenu l’organisation, j’avais dit clairement aux dirigeants que je me débrouillerais pour me rendre disponible et filer un coup de main. Ce sera évidemment du bénévolat, j’ai envie de redonner à ce sport d’une manière ou d’une autre, trouver une place où je pourrais me rendre utile pour développer notre sport.
Dans un club ?
Après avoir discuté avec Grenoble, il n’y a rien de concret. Aujourd’hui, je suis tourné vers la fédération. Je ne ferme aucune porte si Grenoble revient.
Géographiquement, où vois-tu ton avenir ? Selon ton futur travail ?
Dans un premier temps, j’ai une forte volonté de rester sur la région de Grenoble. Nous sommes très bien ici, j’ai mes amis ici. J’ai vécu 10 ans à Grenoble et je suis attaché à la région. Dans la mesure où j’arrive à trouver un emploi qui m’intéresse ici, c’est ma priorité. Si je n’ai rien trouvé d’ici un an, évidemment que je verrai s’il y a d’autres opportunités ailleurs.
Dans quel domaine cherches-tu ?
Je souhaite m’éloigner de l’aspect très technique du diplôme d’ingénieur. J’en ai fait pendant trois ans chez Schneider, et sans avoir la prétention de dire que j’ai fait le tour de la question, je mets beaucoup plus en avant mes compétences liées au sport de haut niveau et au leadership dans le sport collectif. Etant donné que je suis intéressé par de nombreuses choses et que j’ai envie d’apprendre, il y a de nombreux domaines qui m’intéressent. Je ne ferme aucune porte. Dès qu’il y a de l’organisation, de l’humain, du relationnel, du pilotage, c’est tout ce qui m’intéresse. Je me rends compte, dans les offres que je vois passer, qu’il y a plein de choses intéressantes. J’ai une sincère volonté d’apprendre des choses et de m’adapter à un environnement nouveau, je trouve que c’est un challenge très intéressant. J’ai dû m’adapter en arrivant chez Schneider, puis quand j’ai changé de responsabilité. Même si ce n’était pas facile au début, c’était très enrichissant.
Quand tu as pris ta décision d’arrêter le hockey, as-tu eu des craintes ? La carrière de sportif de haut-niveau impose beaucoup de contraintes en termes de préparation physique, d’entraînements, avec un certain rythme et des habitudes. As-tu pensé à ce changement de vie ?
Plus on voit arriver la fin, plus on est sensible aux expériences d’autres sportifs qui ont pris leur retraite. On lit ce genre
d'articles avec plus d’intérêt et on se rend compte que c’est une petite mort et que tout le monde n’aborde pas de la même manière. Le manque se traduit différemment selon les individus. Certains n’étaient pas spécialement sportifs, mais aimaient la compétition, l’adrénaline et la vie de vestiaire.
Pour d’autres, c’est la vie de vestiaire. J’arrive dans l’inconnu. Il y avait du stress quand j’y réfléchissais auparavant. Aujourd’hui, c’est un nouveau rythme de vie que je dois arriver à trouver, avec un emploi du temps un peu vague avec ma recherche d’emploi.
J’ai envie de continuer de faire du sport, selon ce que mon physique va me permettre de faire. J’y vais à tâtons, je suis dans une période où je découvre cette inconnue.
Que souhaiterais-tu dire pour conclure ?
Un grand grand merci au hockey sur glace. C’est un sport qui m’a tellement apporté à tous points de vue, qui a un peu effacé des choses dans ma vie par moments. Je lui dois énormément de choses. A toutes les personnes que j’ai pu côtoyer, les coachs, les coéquipiers, les dirigeants, les supporters.
Cela a été une aventure extraordinaire. Je vais rester proche du hockey sur glace, je garderai toujours un œil intéressé sur ce qui va se passer à Grenoble.
Un grand merci, et encore une fois, le terme « extraordinaire » n’est pas galvaudé et prend réellement sa dimension dans une expérience de sportif professionnel de haut-niveau dans un sport collectif.
Pour conclure cet entretien, nous avons donné la parole à quelques personnes qui ont évolué avec Baptiste afin qu'elles partagent quelques mots ou une anecdote à son sujet.
Pierre Pousse, Equipe de France
Baptiste Amar était déjà le défenseur le plus technique de l'EDF quand nous sommes arrivés fin 2004. Il a été le joueur le plus utilisé lors de tous les CM auquel il a participé (il en a raté 2 à cause de blessure). Joueur discret mais tellement important dans notre dispositif. Il a toujours tout mis en œuvre pour jouer à son meilleur niveau. Exigeant avec lui-même mais aussi avec ses partenaires, le staff, ses coaches, il tire toujours le groupe vers le haut.
Il arrête sa carrière au sommet même si les blessures ont peut-être pesé dans sa décision, mais c'est pour prendre une nouvelle voie et pour valoriser son diplôme d'ingénieur acquis en parallèle à sa carrière.
J'espère qu'il trouvera le temps d'œuvrer encore pour le hockey français car il en a été un des meilleurs défenseurs de tous les temps et que le hockey français a besoin de valoriser cette expérience.
Eddy Ferhi
Si je devais mettre en avant une seule chose le concernant, c'est sa maîtrise des émotions, et ce en toutes circonstances. Depuis que je le connais, ce qui remonte à plus de 15 ans, je crois ne l'avoir jamais vu perdre le contrôle et s'énerver...
Il est toujours en maîtrise de lui-même, ce qui est agréable pour ses coéquipiers parce que c'est rassurant.
Bon, c'est évidemment un sport collectif, donc cela lui a valu pas mal de quolibets dans les vestiaires, mais aujourd'hui je peux dire que j'ai toujours été admiratif de cela, moi qui suis beaucoup plus... impulsif.
Christophe Tartari, Grenoble
J'ai joué 10 ans avec Bapt, et j'ai un nombre incalculable de bons souvenirs avec lui, notamment les différents titres. C'était un joueur irréprochable autant sur la glace qu'en dehors. J'ai adoré jouer avec lui toutes ces années, c'est devenu un ami très proche au fil des années. Je voudrais simplement le féliciter pour sa magnifique carrière, il va manquer sur les glaces. Je lui souhaite bonne chance pour sa nouvelle vie qui démarre.
Maxime Moisand
Que dire sur Baptiste, je lui ai déjà dit beaucoup de choses après son dernier match! Depuis mon arrivée en senior, j'ai eu la chance d'avoir un modèle sur la glace et en dehors! Baptiste est un symbole de professionnalisme et une personne qui vous fait avancer! Avec le temps, c'est devenu un ami et je lui souhaite tout le bonheur qu'il mérite dans sa vie personnelle et professionnelle en dehors du hockey ! J'espère juste le battre au tennis parce qu'avec ses bras de 3m de long et son style de joueur de plus de 76 ans, il est vraiment déstabilisant !
Willy Libert, responsable matériel Grenoble
Je l'ai connu en 1996, pour un tournoi à Edmonton. On devinait déjà qu'il avait quelque chose de plus que les autres. Les années ont démontré sa grande classe. Un des plus grands professionnels français que j'ai connus, il a toujours tout fait pour qu'il se sente bien sur la glace. Comme pour Meunier, je suis admiratif qu'il ait pu concilier grandes études et sport de très haut niveau. Je pense que cela est aussi plus difficile maintenant de faire les deux. J'ai passé de très bons moments à ses côtés, il va beaucoup manquer dans les vestiaires de Grenoble et de l'équipe de France. Je lui souhaite le meilleur possible pour la suite, je suis pas trop inquiet. Bise Bat, et à très vite !!!
Jimmy Bergamelli, arbitre
« le pilier de la défense grenobloise. »
Il est difficile de parler de lui sans tomber dans la banalité liée à son talent et à son palmarès. Baptiste a toujours été un joueur discret avec les arbitres, un capitaine à l’intervention juste et précise qui pose la bonne question au bon moment. Toujours cordial et pondéré, je pense qu’il a gagné un grand crédit parmi le corps arbitral qui, de ce fait, était toujours enclin à écouter ses remarques ou ses questions.
Sobre dans le jeu, il avait le geste sûr et juste. Il y a encore quelques mois, nous avons pu assister à l’étendue de son talent devant des joueurs aussi talentueux que Jaromír Jágr. Eh oui, monsieur la star de NHL, on ne passe pas aussi facilement le petit Français, surtout quand il s’agit de M. Baptiste Amar.
Bonne retraite, l’ami, et j’espère que l’équipe de France pourra te remplacer
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Réactions sur l'article |
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red a écrit | le 25/06/2014 à 15:43 |
Une immense carrière sportive qui force le respect ! Chapeau ! |
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Tatie38 a écrit | le 24/06/2014 à 12:18 |
J'aimais bien la façon qu'il avait souvent de foncer sur un adversaire en le regardant droit dans les yeux, était il conscient du respect qu'il inspire aussi aux supporters parce que ce respect isole sans doute un peu. Toujours exemplaire, Baptiste, et lui seul sait ce qu'il en coûte, et qu'il attribue ses réussites à la chance, pas étonnant, mais non, c'est juste que personne ne peut se tromper sur toi, c'est comme ça, merci Baptiste.
comme j'aimerai que le hockey français reste toujours droit dans ses patins, comme Baptiste |
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