BJ : "Je m appelle Betty Jouanny,  j ai 21 ans et j' évolue au centre et je suis une joueuse très technique et rapide car je mesure seulement 1m60. J'ai commencé le hockey à l'âge de 6 ans à Villard-de-Lans, de 1998 à 2001, avec les garcons, ensuite de 2002 à 2008 avec les garcons de Chamonix et, de 2008 à 2012, je suis allée au Pôle France féminin de Chambéry. 

Ensuite, la saison dernière, j ai évolué avec 3 autres françaises dans l'équipe universitaire des Carabins de Montréal. J'ai eu ma première sélection en équipe de france senior en juillet 2007. J ai fait aussi 2 saisons avec les moins de 18 ans où j'étais capitaine la dernière année."

 
HH : Parle-nous de ton expérience avec le Carabin ?


BJ : "Ma saison au Carabin a été une bonne expérience, j ai beaucoup appris. Le jeu était beaucoup plus physique et rapide qu'en France. De plus, là-bas, le hockey est une religion. J'ai découvert de nouvelles méthodes de travail et un autre style de jeu. Nous avons gagné le championnat universitaire et ensuite le championnat canadien, donc 2 médailles d'or en une saison passée au Canada, c'est plutôt bien pour des Françaises. En effet, pour toute française, évoluer dans un pays comme le Canada ou d'autres pays de hockey est une fierté mais aussi la récompense de beaucoup de travail fourni pour pouvoir évoluer dans des pays où le hockey est le sport national."

Photo Jean-Christophe Simonin

HH : Cette expérience va-t-elle avoir des conséquences sur ta carrière en équipe de France ? On sait qu'une partie de l'encadrement des Carabins suit également les tricolores comme France Saint-Louis que nous avions interviewée l'année dernière. Quelles sont les prochaines échéances de l'équipe de France et quel rôle peux-tu jouer ?


BJ : "Oui, cette expérience m'a beaucoup servie et va me servir pour la suite de ma carrière. Cette année au Canada m'a permis d'améliorer certains aspects de mon jeu mais j ai surtout pris conscience de beaucoup de choses. Oui, certains membres du staff des Carabins suivent l' équipe de France, France Saint-Louis s'occupe des U18 et, pour les séniors, c'est Daniele Sauvageau.  C'est une aide très précieuse pour nous car c' est une personne qui a un palmarès juste incroyable et elle nous apporte son expérience et beaucoup d'autres choses encore. Elle sera présente à tous nos stages cette saison ainsi qu'au mondial. Elle a accepté de travailler encore avec nous cette saison alors qu'elle aurait pu dire non, donc ça fait plaisir d'être soutenues par des personnes qui viennent d'un grand pays du hockey. Nos prochaines échéances sont les championnats du monde en avril en République Tchèque, division 1,  groupe A. Bien sûr, notre objectif est et de gagner ce championnat du monde pour pouvoir remonter au classement mondial et pouvoir évoluer dans le groupe élite. A long terme, l'objectif est la qualification pour les Jeux Olympiques de 2018 car nous avons échoué pour Sochi. Je ne vous cache pas que les JO sont un rêve pour moi et mon plus grand regret serait, en tant que joueuse, de ne jamais aller aux JO." 

"Mon rôle dans l'équipe est d' apporter mon expérience car je fais partie des plus anciennes maintenant mais c est aussi de donner mon maximum et d' être irréprochable à chaque match pour tirer l' équipe vers le haut avec les anciennes. Nous avons une équipe jeune mais très prometteuse." 

HH :  Quel regard portes-tu sur le hockey féminin français ? Il est bien difficile d'organiser une véritable élite. Pour toi, les talents sont-ils condamnés à partir pour l'étranger ?


BJ : "Le hockey féminin français est en grande progression depuis environ 4 ans. Nous avons de plus en plus de joueuses qui évoluent dans les championnats étrangers depuis l'année dernière. Ceci est super encourageant, ça montre que les autres pays commencent à s'intéresser à nous car malheureusement le championnat féminin français est peu développé, il contient seulement 4 équipes. Donc, quand on vous propose d'évoluer à  l'étranger, vous ne réfléchissez pas à 2 fois avant de dire oui. "

Photo Jean-Christophe Simonin

HH : Après cette saison, tu pouvais sans doute rester en Amérique du Nord ? Comment s'est passé ce départ pour la Suède ? Comment cela s'est-il passé, qui est venu te chercher et qu'est-ce qui t'a décidé à y aller ?


BJ :  "Oui, j'aurais peut-être pu rester une autre saison avec les Carabins mais je viens d'avoir ma licence en STAPS donc je ne voulais pas me lancer dans d'autres études. De plus, la suède est un pays où je rêve, depuis toute petite, d'aller jouer. En juin, j'ai reçu un mail du manager de l' équipe de Brynas qui évolue dans le championnat élite de Suède, me demandant si je pouvais lui envoyer des vidéos pour me voir jouer. Une semaine plus tard, j'ai reçu un mail me disant qu'ils étaient super intéressés de m'avoir dans leur équipe . C est une première pour une Française d'aller jouer en Suède. Ce qui me pousse à dire oui, ce sont les conditions d'entraînement qu'on m' a proposées mais aussi la qualité et le niveau du championnat. En effet, dans ce championnat, on a  des filles de l' équipe nationale de Suède, Suisse, Norvège, Autriche. Dans mon équipe, je vais jouer avec 6 joueuses de l'équipe nationale de Suède et 2 de Norvège. Je vais donc pouvoir m'entraîner avec de vraies athlètes et apprendre de nouvelles choses, découvrir une autre culture du hockey. "

HH : Ton rôle avec Brynas sera -t-il différent de celui que tu avais au Canada ?

BJ : "Mon rôle en Suède sera différent de celui que j'avais car, au Carabin, j'évoluais à l'aile alors qu'en Suède j'évoluerai au centre, mon poste de toujours. C est à ce poste que je suis performante et ça correspond à mon style de jeu. Au Carabin, on m avait attribué un rôle qui, pour moi, ne me convenait pas et j'étais énormément en difficulté durant toute la saison."