Pierre-Yves Gerbeau (président de la Fédération Française de Hockey sur Glace)
Sur le changement du trophée de la Coupe de France (ndlr : un vote entre trois modèles a été lancé à l’occasion de cette finale : https://www.hockeyfrance.com/a-la-une/2022/01/votez-pour-la-prochaine-coupe-de-france/ )
La belle soupière est un peu abîmée… Elle a bien vécu. On va la ranger et surtout faire voter nos fans entre trois choix. Cela va être sympa. On va changer de trophée, c’est dans l’air du temps.
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Photo : Yves Le Guillerm |
Pierre-Yves Gerbeau (président FFHG) |
Sur sa première finale de Coupe de France en tant que président de la FFHG
Président temporaire d’abord, puisqu’il y aura des élections au mois de juin. Même si je suis officiellement candidat, je suis loin d’être encore élu. Il va sûrement y avoir des opposants. Cette finale va être intéressante, même si l’on est un peu tristes de ne pas pouvoir faire cette grande fête à Bercy. On espère donc faire une « petite » fête à Cergy-Pontoise. C’est bien que l’on soit dans notre centre national, c’est un peu symbolique. On espère refaire une grande fête l’année prochaine à Bercy.
Sur les difficultés liées au changement de patinoire pour organiser cette finale à Cergy au lieu de Paris Bercy
Les difficultés n’étaient pas grandes, car on est quand même un peu chez nous. On est toujours superbement bien accueillis. On s’est adaptés rapidement. La déception est surtout de ne pas pouvoir inviter toutes les forces vives de nos clubs, dirigeants et bénévoles du hockey français. C’est vraiment cela qui nous attriste. J’ai demandé au comité directeur de la Fédération de montrer l’exemple et de ne pas venir pour donner plus de places à nos fans. On va célébrer quand même, mais cela aurait été mieux devant 13 000 personnes avec toute la famille du hockey français plutôt qu’à 2 000 dans une jauge. On assume, on va continuer car c’est dans l’air du temps. On est très fiers d’avoir sauvé le hockey français avec l’ensemble des bénévoles qui se sont épuisés depuis deux ans au sein des clubs et de la Fédération pour faire survivre notre sport. Ceci est un obstacle de plus que l’on va surmonter pour voir une belle finale entre deux belles équipes. On n’aurait pas pu jouer plus tard à Bercy car il n’y avait pas de dates disponibles. En plus on a un certain nombre de reports de matches en Ligue Magnus, en D1, en D2 et en D3 à cause du Covid… Donc retrouver une date aurait été très compliqué. On a quand même regardé dans un horizon de trois semaines pour éviter d’être sous une jauge mais ce n’était pas possible. On fait donc contre mauvaise fortune bon cœur.
Sur la situation actuelle des clubs de Ligue Magnus
On est beaucoup plus sereins par rapport à ce que l’on a vécu l’année dernière. Depuis 18 mois on s’adapte. Je pense qu’il y a aussi une cohésion et une volonté générale de l’ensemble des présidents de Magnus et de l’ensemble des clubs de survivre. On a tellement pris dans la courge, si je peux me permettre l’expression, l’année dernière que l’on est très sereins aujourd’hui. On est confiants et on s’adapte. Michaël Juret avec Angers a eu sept cas positifs la semaine dernière, donc ça a mis un coup de stress… Tout le monde est à la même enseigne. Le fait d’avoir vécu ce que l’on a vécu l’an dernier avec les vents de panique nous aide aujourd’hui. On touche du bois, mais pour l’instant cela ne se passe pas trop mal. On devrait arriver à finir le championnat et à faire nos playoffs en temps et en heure. On a étudié deux ou trois solutions intermédiaires dont potentiellement un changement sur la formule des quarts de finale. On s’adapte, mais de manière très collégiale car tout le monde bosse dans le même sens. J’étais à Rouen hier soir (samedi) et ai vu un match exceptionnel entre Rouen et Grenoble (ndlr : victoire des Dragons 4-3 en prolongation). On a un bon championnat. Ça va faire du bien de revoir du public dans des patinoires pleines, même si avec seulement 2 000 personnes à Rouen hier cela a fait beaucoup de bruit. On a dû être très réactifs l’année dernière alors que là on peut anticiper beaucoup plus en amont. On a trois ou quatre cas de figure pour pouvoir s’adapter et changer très rapidement de formule au cas où, en totale cohésion avec la commission Magnus et les présidents de Magnus.
Sur l’impact financier de la crise Covid pour les clubs et pour la Fédération
Tout d’abord concernant les clubs, on n’a pas de vision pour la D3 car la CNSCG ne travaille que pour la Ligue Magnus, la D1 et la D2. L’ensemble de nos clubs est bien sorti de la crise grâce aux efforts incroyables des bénévoles qui ont su fidéliser. On a eu un impact très minime sur le nombre de licenciés puisque l’on a perdu seulement 11% de licenciés. On devrait finir l’année au niveau de la dernière année pré-Covid. Donc on est très fiers de cela et on remercie les clubs d’avoir justement permis tout ceci. En ce qui concerne l’impact financier, on voit qu’il est courant de critiquer la politique mais sans les aides de l’Etat on ne serait pas là où l’on est. C’est vrai qu’en tant que Fédération on a dû aller taper un million d’euros dans nos fonds propres, donc on n’est pas super non plus dans nos finances. Nous sommes dans le même cas qu’un grand club, on a perdu des sponsors et on a perdu des revenus… L’équipe candidate à la présidence veut rentrer de manière très ambitieuse dans ce nouveau mandat et souhaite remettre le hockey sur glace et notre DTN au centre du projet fédéral. Il va donc falloir que l’on trouve de l’argent, des aides pour donner les moyens à notre DTN de pouvoir mettre en place le projet sportif. C’est compliqué. Notre équipe travaille. On a eu un président hégémonique, fondateur, extraordinaire (ndlr : Luc Tardif). Aujourd’hui je suis à la tête d’une équipe, on est en train de mettre en place notre projet. Le squelette a été fait. On a travaillé avec Christine Duchamp notre DTN et Eric Ropert notre Directeur Général. On donnera des noms et on évoquera le projet en temps voulu dans les semaines qui viennent. C’est vrai qu’il y a un peu de retard, mais c’est toujours très compliqué d’être à la fois entrepreneur et bénévole à plein temps. Encore plus quand on n’avait pas prévu que Luc serait élu à l’IIHF. C’est un grand bonheur pour le hockey français, mais cela me permet de faire deux jobs en même temps car il est parti et moi je ne me suis pas remplacé. On essaye d’avancer, mais la priorité est d’abord à nos clubs, à notre Ligue Magnus pour que l’on soit sereins.
Sur les clubs de D1 ayant monté un dossier d’accession pour la Ligue Magnus
Je n’ai pas de noms à vous donner, mais il y en a deux aujourd’hui. On en attend un troisième qui doit encore étoffer son dossier. C’est très, très lourd maintenant. Encore une fois, la grande force de notre modèle structurel mis en place par notre Fédération et particulièrement par notre DG Eric Ropert est la dynamique de la Ligue Magnus. Il est très important de pérenniser ce modèle et de continuer notre autonomie professionnelle, mais c’est vrai que le cahier des charges est très lourd. A partir du moment où il n’y a pas eu d’hécatombe, il faut continuer sur ce modèle bien que la structure en matière de formation, de développement, de budget et de gestion de masse salariale soit comparable à celle d’une grosse PME. C’est vrai qu’avoir une fibre et une envie entrepreneuriale à la tête de la Fédération aide aussi, même si l’on respecte les associations. Les enjeux financiers sont beaucoup plus importants, donc le fait d’avoir un cahier des charges assez lourd doit garantir la pérennité de notre modèle. Le troisième club qui s’est présenté pour l’accession en Magnus est donc admis au rattrapage. On vise une totale transparence et une communication très fluide pour être à la hauteur de nos ambitions.
Sur la validation du format et du calendrier des playoffs de Ligue Magnus
C’est fixé. Pour l’instant, on reste tel quel. Il y a simplement une modification éventuelle sur les quarts de finale qui a été proposée par les clubs et que l’on a validé avec le comité directeur. Pour l’instant cela ne bouge pas, c’est sacro-saint. On n’a pas beaucoup de visibilité et il faut donner le temps à Philippe Bozon et à Yorick Treille de se préparer correctement pour l’échéance de Ljubljana qui est fondamentale (ndlr : la France jouera les Mondiaux de D1 en visant un retour dans l’élite dès cette année). On a très peu de flexibilité. Pour l’instant on est dans les clous, les reports se passent bien. Axel Escalle, notre patron de l’organisation des championnats, s’arrache les cheveux. Bon il est chauve, donc il n’a pas trop de soucis à se faire… C’est vrai que c’est compliqué, mais ça s’améliore. Il n’y a pas trop eu de reports de matches récemment. L’avantage c’est que l’ensemble des clubs de Ligue Magnus a déjà été malade ou très malade, donc plus on augmente l’immunité collective moins on devrait avoir de reports. On espère bien finir comme il faut notre saison de Magnus et de D1 et avoir des playoffs qui tiennent la route.
Sur la participation aux Mondiaux de D1 des internationaux français évoluant à l’étranger, selon la situation des différentes ligues
En ce qui concerne les championnats à Ljubljana c’est simple : on a Pierre-Edouard Bellemare qui est à Tampa Bay en NHL. Je ne fais pas de pronostics, mais cela risque d’être compliqué pour lui d’être là car j’espère pour lui qu’il va gagner la coupe Stanley pour couronner sa carrière extraordinaire. Pour ce qui est des autres qui sont en KHL ou en NHL, pour l’instant ils ont l’engagement de venir mais il faudra voir où ils en sont par rapport à leur championnat. En ce qui concerne les championnats européens, incluant la KHL, il faut que les clubs libèrent les joueurs lors des trêves internationales… Encore une fois, ces choses-là ne sont jamais simples et notre DTN et entraîneurs nationaux travaillent d’arrache-pied pour s’assurer que l’on ait une équipe la plus adéquate possible et la plus forte possible.
Sur le fait que l’équipe de Gap qui dispute cette finale est l’une des rares formations de Magnus à aligner autant de joueurs français
C’est top ! De toute façon, il n’y a pas eu non plus de naturalisations en équipe de France depuis longtemps. L’ambition sur les joueurs formés localement continue. Je pense qu’il est extrêmement important de continuer ce projet. Il y a une nouvelle génération qui arrive. On est en fin de cycle aujourd’hui, c’est l’aspect négatif. Pierre-Edouard n’est plus tout jeune. Pareil pour Antoine Roussel et Stéphane Da Costa. On a quand même vu les U20 remonter (ndlr : montée en D1A, le deuxième échelon mondial, au mois de décembre 2021), ce qui a été une très bonne nouvelle après la déception des deux TQO où l’on est passé de très peu à côté… Le fait d’avoir ces jeunes pousses qui arrivent nous donne de l’espoir. Il y a vraiment du calibre et d’excellents jeunes français qui arrivent. Le match Rouen-Grenoble d’hier a montré que non seulement les jeunes français jouent, mais qu’en plus ils marquent. On est très contents de cet aspect-là et il est clair que notre projet sera de continuer dans ce sens-là. On va continuer et amplifier cette politique de JFL.