La fin de saison, malgré le titre de Champion de France de Division 2, a été un peu houleuse et elle a fait couler pas mal d'encre sur les dernières péripéties de l'histoire du hockey clermontois.
Dans le désir d'aller de l'avant sans ignorer quoi que se soit, Hockey Hebdo s'est attaché à suivre le dossier clermontois dans la quête de son avenir, sollicitant les dirgeants pour en savoir un peu plus. C'est en vain que le futur coach des Sangliers Arvernes, bien qu'il n'ait pas encore pris ses fonctions officellement, Eric Sarliève a bien voulu répondre à quelques questions et nous l'en remercions. 

HH - Si le départ de l'entraîneur précédent, Dusan Brincko, en a surpris plus d'un, on  peut dire bien des choses sur vous sauf que vous n’êtes pas un inconnu en terre arverne ! C'est en effet un retour dans votre club formateur. De surcroît, vous en futes même l'entraîneur, celui qui fit revenir les Sangliers en D2 (saison 2006/07).
Pouvez-vous néanmoins nous présenter votre parcours de joueur mais aussi d'entraîneur, détecteur ?  (en gros, à Clermont, du mineur à la D1, Coach adjoint en D1 et élite (?) à Clermont puis d'autres clubs etc.)
 
ES - J’ai effectué toute ma formation hockey mineur au sein du club de Clermont hormis 2 saisons en Cadets Elite à Lyon puis, à partir de ma 1^ère année juniors, j’ai intégré l’équipe 1^ère de Clermont qui été alors en 1^ère division. J’ai joué une dizaine d’années pour Clermont en 1^ère et 2^ème division et 1 saison à Vanoise en 2^ème division.

            En parallèle, j’ai passé mon diplôme d’entraîneur que j’ai obtenu en 1997.

Je me suis professionnellement consacré à ce métier, l’année du titre de Champion Div.1 en 1999, en étant tout d’abord joueur puis entraîneur adjoint d’Ivan HANSEN au sein de l’équipe 1^ère.
            Je suis ensuite parti exercé à Valence pendant 3 saisons avec à la clé une accession en 1^ère division dès la première saison.
            Je suis ensuite revenu sur Clermont pour exercer au niveau du mineur une saison puis j’ai accepté le poste d’entraîneur de l’équipe qui venait d’être intégré à la Division 3 suite au dépôt de bilan du club.
Deux saisons à la tête de cette équipe composée uniquement de joueurs clermontois (+ Réjean PAGEAU - Canada) avec 1 médaille de bronze la 1^ère année et un titre de vice-champion et une accession en 2^ème division la seconde année.
          Après, j’ai enchaîné par des postes d’entraîneur séniors à Valence, Valenciennes et Roanne.
          Lors de ma saison à Roanne, en 2011/2012, j’ai accepté, en parallèle,  un poste de Vidéo-coach auprès de l’équipe de France U20. Equipe que j’ai accompagnée durant 4 saisons en tant que Vidéo-Coach et Entraîneur-adjoint avec, à la clé, un titre de Champion du monde et une médaille de Bronze Div.1 – Gr.B.  
Dans le même temps, une fois ma mission terminée auprès de l’équipe 1^ère de Roanne, il devenait difficile de concilier la responsabilité d’une équipe séniors et un poste auprès de l’équipe de France U20. J’ai donc répondu favorablement à la proposition du club de Megève pour un rôle d’entraîneur hockey mineur et mise à disposition du HC74 sur l’équipe U15 Elite A avec un titre de Champion de France U15 Elite A la seconde saison. Club de Megève qui me libérait sur les trêves internationales pour rejoindre les 20 ans.
 
HH - Comment et quand avez vous été approché par les dirigeants clermontois ? Quel était alors votre poste au sein de la fédération ?
 
ES - J’ai été approché par les dirigeants clermontois après la non-reconduction du contrat de Dusan BRINCKO. J’étais, à ce moment-là, en partance pour le club de GAP pour prendre en charge les U17 et U20 Elite, et toujours salarié de la ligue Rhône-Alpes, en tant qu’Assistant Technique Fédéral. Mes missions étaient alors :

 
            Je tiens à remercier les dirigeants de Gap, son président Philippe Vial et Eric Blais, son directeur technique, d’avoir bien voulu me libérer de notre engagement moral et me laisser accepter cette opportunité de prendre en charge l’équipe séniors de Clermont-Ferrand.
Il me faut également remercier la ligue Rhône-Alpes, Franck Cordelois son président, Pascale Durandard et Lionel Charrier le CTN, d’avoir accepté ma décision de revenir au plus proche du terrain.  
 
HH - Qu'est-ce qui vous a convaincu de revenir ici ?
 
ES - L’opportunité de reprendre une équipe séniors.
La confiance que me témoignent les dirigeants pour bâtir un programme de formation cohérent avec un engagement de nos équipes U17 et U20 en championnat Elite. Il faut d’ailleurs rappeler le très bon parcours des U18 la saison passée avec une médaille de bronze au tournoi final U18 Excellence.
Le club a donc souhaité, dans cette continuité, déposer des dossiers d’engagement en Elite pour ses U17 et U20. Nous sommes dans l’attente de la réponse de la fédération et espérons très fortement qu’elle sera positive. En effet, nous souhaitons accentuer la structuration du club au niveau de sa formation. Des sections sportives existent tant au collège qu’au lycée et le club souhaite maintenant franchir une étape supplémentaire en s’engageant dans un processus de labélisation par la fédération.
Tous ces chantiers m’ont convaincu de franchir le pas et d’accepter la proposition des dirigeants.
 
HH - On sait que la FFHG a donné son feu vert pour que Clermont-Fd se présente en D1 mais il reste une sorte de dernière autorisation en attente, celle des institutionnels et tout particulièrement Clermont Communauté. Où en est-on à ce jour et si vous êtes plutôt optimiste ?
           
ES - Effectivement, nous sommes dans l’attente de la validation, par la CNSCG, de notre dossier financier, pour être définitivement fixés sur notre sort. Il n’y a pas lieu d’être pessimiste, les institutions, les partenaires du club et tous les soutiens du hockey en Auvergne ont confirmé leurs engagements et leur participation au projet.
Un 1^er avis favorable du bureau directeur de la fédération a été rendu après une 1^ère évaluation de la situation du club par la CNSCG. Attendons donc !
 
HH - D1 ou D2 un gros challenge attend l'équipe avec un effectif particulièrement à reconstruire car le club doit faire face à de nombreux départs à commencer par quasiment tous ses « étrangers ». On a envie de vous demander, vous et les dirigeants quelles seront d'abord les objectifs de cette intersaison ?  Et surtout D1 ou pas cela changera-t-il beaucoup de choses dans cette approche de la préparation ?
           
ES - D1 ou D2, cela ne changera rien à notre approche de la préparation estivale et de la planification à plus long terme des prochaines saisons.
L’idée est de « professionnaliser » l’attitude des joueurs restants, à commencer par les U20, qui postuleraient à une place dans l’équipe 1^ère. Ils ont d’ailleurs commencé puisqu’ils sont actuellement dans un cycle de musculation jusqu’au 1^er juillet, puis repos, et ils enchaîneront par un second cycle qui devraient les mener jusqu’à la reprise qui est fixée au lundi 8 août pour les « locaux » et au 16 août pour le reste du groupe. Les joueurs de l’équipe 1^ère, quant à eux, ont reçu un programme sur le même modèle et la même planification.
 
HH - Pouvez-vous déjà nous annoncer des arrivées officiellement ? (éventuellement présentation de leurs profils) et à combien de joueurs estimez-vous les besoins de l'équipe ? A quel poste en particulier ? (gardiens, arrières, buteurs, etc ?)
           
ES - Nous partons sur une dizaine de recrues. En effet, il nous faut remplacer les joueurs étrangers au nombre de 5 et les Clermontois comme Hugo Florentin, Antoine Vigier et Loïc Vernet qui, pour des raisons professionnelles, ne pourront plus faire partie de l’équipe la saison prochaine.
Nous avons conforté dans les buts, Dylan Celestin en n°1. C’est certes un jeune gardien mais qui a pris une grande part dans le titre de champion D.2 du club. Il a, de plus, malgré son jeune âge, une bonne expérience en U18 et U22 Elite mais aussi 4 saisons en D1 avec Valence et Reims. Il est justifié de lui laisser sa chance au niveau supérieur en titulaire. En back-up, ils seront 3 à se disputer une place dans l’équipe, Romain Fredric (1997) et Allan Augier (1999), les 2 gardiens U20, et Adrien Khelil, international tunisien, qui progresse chaque jour grâce à sa volonté et son travail.
A la défensive, j’ai ciblé 4 joueurs, 2 étrangers et 2 français, les discussions sont bien avancées mais tant que rien n’est signé... ! Sont conservés : Arnaud Bolomier, Luc Magnin, Yann-Loïc Girardin et Elie Fournon, auxquels il convient d’ajouter pour le camp d’entraînement du mois d’août, Clément Decelle (1999) et Edgar Chanal (1998). Il est évident que tout le monde ne pourra pas faire partie de l’équipe mais on fera le point avec les joueurs concernés, après les matchs de préparations pour l’intégration dans l’effectif équipe 1^ère. L’idée est de partir sur les matchs avec 7 défenseurs.
            A l’offensive, j’ai ciblé 5 joueurs, 3 étrangers et 2 Français, et même chose que pour les défenseurs, tant que ce n’est pas signé... ! Ont déjà donné leur accord pour nous rejoindre, Mathis Chiappino (1995), à Dijon les 2 dernières saisons, une vingtaine de matchs en Ligue Magnus et quelques 120 matchs en U22 et U18 Elite. Léonard Nalliod-Izacard (1991), à Vanoise la saison passée mais formé à Angers, une trentaine de matchs en Magnus, une vingtaine en Div.1 et une centaine en U22 et U18 Elite (moyenne : 1pt/match en U22 Elite).
Téo Sarliève (1999), pour un retour au club, après 4 saisons passées au HC74 en U15, U18 et U22 Elite.
Sont conservés : Pierre Meynier, Pierrick Rézard, Jordan Manzo, William Mouly le capitaine de l’équipe, Nans Souchon, François Faure, Thibault Fraissange et Jérémie Bonnet, auxquels il faut ajouter Louis Duval (1999), Romain Uyttebroeck (1998), Jan Sahagun (1999) et Steven Deligeard (1999) les jeunes U20 du club.
            Comme pour les joueurs défensifs, un bilan sera fait à la fin du camp d’entraînement, charge à tous de se préparer correctement pour pouvoir prétendre à l’alignement définitif et au championnat de D.1.
 
HH - Beaucoup de clubs, de D1 comme de D2, communiquent  déjà sur leurs recrues. Ne craignez-vous pas, avec cette attente de savoir quel championnat vous allez disputer,  d'avoir pris un peu de retard sur la concurrence à ce niveau-là ?
           
Ce n’est pas parce que l’on ne communique pas que l’on n’avance pas. Je viens de vous donner quelques indications de noms et de volume de joueurs.
Chaque jour, je reçois des CV de joueurs que les agents me proposent.
Mon objectif principal, lors de cette phase de recrutement, était de verrouiller ma 2ème, 3ème et 4ème ligne. Reste maintenant à finaliser la 1^ère. Il ne faut pas se précipiter ou montrer des signes d’inquiétudes, le temps est suffisant d’ici le 10 septembre, date du 1^er match officiel pour compléter l’effectif.
 
HH - Nous voici arrivés en septembre, quels seront alors exactement les objectifs qui vous seront assignés et ceux que vous vous êtes donnés selon que vous soyez en D1 ou en D2 ?
           
Si on se fixe un objectif, on se met déjà des limites. Dans le sport, il me semble que rien n’est impossible.
En revanche, ce dont j’ai envie et ce que les dirigeants souhaitent également, c’est que l’équipe 1^ère donne du temps de jeu aux jeunes joueurs français qui ambitionnent de faire du haut niveau et qui, bien sûr, s’en donnent les moyens. Mon recrutement hexagonal n’est orienté que sur ces profils-là : des joueurs en développement, qui briguent des responsabilités et qui ont un désir de progresser.
C’est pourquoi également, nos recrues « étrangères », devraient être des joueurs d’expériences pour encadrer et guider l’équipe.
 
HH - On sait que l'on attend beaucoup de vous pour l'évolution et la formation des jeunes, particulièrement les U17 et U20 ; pouvez-vous nous en dire plus ? (les objectifs à court et moyen terme, évolution de l'encadrement et des structures)
           
ES - Bien sûr, je pense que les dirigeants ont fait appel à moi, aussi pour mon profil de formateur. Je ne devrais pas m’occuper des U17 même si je vais garder un œil sur eux et suivre leur évolution. Comme je le disais un peu plus haut, nous souhaitons nous engager dans un processus de labélisation. Créer un centre de formation. Il nous faut profiter de notre ville qui est étudiante pour garder nos joueurs et en attirer de nouveaux, qui souhaitent concilier Etudes et Sport de haut niveau. Je compte aller voir ce qui se fait du côté du Clermont Foot, de l’ASM, du basket et me servir de mes expériences pour mener à bien cette mission. Seulement il va falloir du temps et de la patience.
            Au niveau de la structure patinoire, nous avons un bel outil, bien entretenu et où il est agréable de travailler. Des créneaux de glace pour les sections sportives et de bons rapports avec les clubs d’artistique et de danse, la direction de la patinoire et les employés.
            Quand on connaît la dimension physique du hockey, des joueurs de plus en plus rapides et forts, des cadences toujours plus soutenues, il est vrai qu’il nous manque, aujourd’hui, au sein de la patinoire, une salle de préparation physique – musculation, ce qui nous handicape un peu. On arrive encore à se débrouiller mais effectivement, dans nos projets futurs, cela va devenir un chantier prioritaire.
 
HH - Revenons à l'équipe première. Elle a donné beaucoup de bonheur et fait naître de grandes espérances la saison dernière et il ne faut pas se cacher que la décision des dirigeants de ne pas renouveler leur confiance à votre prédécesseur n'a pas ravi les nombreux supporters. Comment vivez-vous cette pression supplémentaire, celle de devoir réconcilier en quelque sorte les supporters et le club ? Et quels seront vos armes et le message que vous voulez faire passer au public comme à vos joueurs ?
         
ES - Le hockey, et le sport en général, acroissent les sentiments. En cela, la saison passée a été une réussite totale. Je félicite Dusan, les joueurs, le club et ses bénévoles et bien sûr les supporters pour leur belle réussite. C’est tous ensemble qu’ils ont réussi et l’alchimie qui s’est créée à cette occasion a permis de gravir tous les échelons.
Il est évident que nous aurons, en division 1, encore plus besoin du soutien de tous si l’on veut continuer de vibrer et vivre de belles émotions.
            A mes joueurs, il y a un proverbe qui dit : « you can have results or excuses, not both ». Tout est possible si tu t’en donnes les moyens.
            Pour le public, vous savez, j’ai joué une dizaine d’années dans cette patinoire et vécu le titre de 1999 devant plus de 2000 personnes. La montée en division 2 devant une patinoire pleine également. Les spectateurs ne demandent qu’à vivre de belles émotions. On va tout faire pour leur donner des raisons de s’enflammer.  
 
HH - Merci de bien avoir voulu nous consacrer un peu de temps pour cette interview.