Interview Michel Guillou
HH - Bonjour Michel Guillou, tout d’abord merci de nous recevoir à la patinoire Jacques Raynaud, fief des Bélougas, ainsi que de nous accorder un peu de temps pour répondre à nos questions. Tout d’abord pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
MG - Je suis ingénieur chez Airbus, Papa de 4 enfants dont un qui est également joueur. J’ai passé de nombreuses années à suivre mon fils à l’école de hockey. J’étais responsable d’équipe. Je gérais l’organisation avec tous les déplacements. Et de fil en aiguille, comme il y a toujours pas mal de choses à faire au sein du club, je me suis investi, je me suis occupé de l’arbitrage, des tournois et de différentes choses dans l’organisation du club. Il y a 2 ans j’ai exprimé l’intention de m’occuper du hockey mineur.
À la suite de l’assemblée générale, le président élu à démissionner et en concertation avec les neufs membres du conseil d’administration, comme il fallait retrouver un nouveau président, je suis arrivé à cette position. Ce n’était pas mon projet immédiat mais ça m’a permis d’accélérer certaines idées que je pouvais avoir, sachant bien entendu que gérer un club était quand même plus vaste que s’occuper du hockey mineur.
HH - Malgré votre nomination faite dans l’urgence, qu’est-ce qui vous a attiré vers ce poste ?
MG - J’avais déjà quelques responsabilités dans ma vie professionnelle, donc prendre des responsabilités au sein d’un club ne me posait pas de problème. Ce qui m’importait c’était surtout de travailler sur des projets, de faire évoluer et de développer le club. J’avais déjà fait ce genre de choses à l’échelle du hockey mineur en travaillant sur les conventions avec l’académie, le développement de l’Elite, les multiples pratiques du loisir jusqu’à la compétition. Pour moi, le projet est super intéressant. On a une grosse richesse associative au sein du club, on a des compétences dans beaucoup de domaines. Être Président, c’était l’occasion d’animer toute ces équipes. Mais en soit, ce n’était pas une finalité. Je ne vise pas une carrière en hockey sur glace.
HH - Du coup, première pour vous en tant que président, nouveau rôle, ce qui entraine une nouvelle organisation au sein de la gestion du hockey mineur. On a vu un bon recrutement au sein de l’équipe professionnelle avec des anciens pensionnaires de ligue Magnus, comment abordez-vous ce nouveau rôle, ce nouveau staff et cette nouvelle année de compétition ?
MG - Si on remonte un peu en arrière, on a eu la chance (dans notre malheur) avec le COVID, d’avoir du temps pour réfléchir. Que veut-on faire de ce club ? On est à Blagnac, on appartient à la ville de Blagnac, on a l’agglomération de Toulouse et on a un énorme potentiel de développement là-dessus.
Et en discutant avec nos différents partenaires institutionnels et partenaires club, quand on regarde la taille de Toulouse, on devrait avoir un niveau supérieur à celui d’aujourd’hui au niveau de l’équipe professionnelle. Il y a tout un projet derrière. On ne parle pas que des Bélougas et cela n’arrive pas du jour au lendemain. Il faut donc étoffer une équipe, créer une équipe. Dans les discussions que l’on a eu avec le coach Eddy Martin-Whalen, il y avait un véritable enjeu de donner un esprit à cette équipe, dans le recrutement notamment et avoir des gens qui adhéraient au projet du club, qui avaient envie de développer l’équipe avec des gens expérimentés. C’est là que les anciens de Magnus vont apporter leur savoir-faire, leur expérience. Moi ça me fait énormément plaisir quand je les vois se mettre à disposition des plus jeunes. C’est ça l’esprit du projet :Créer cette équipe et avoir des gens qui ont envie du projet. Le projet, c’est d’aider cette équipe à monter en D1. On ne veut pas forcément faire ça de manière immédiate, si ça arrive cette année tant mieux. Après tout, on ne peut pas reprocher à des sportifs d’avoir envie de monter. Mais Je leur ai pour l’instant « simplement » demandé de faire une belle saison, c’est à dire être (ou rester) dans la première partie du classement.
Et surtout qu’ils arrivent à faire transpirer le public. J’aimerai que les gens veuillent venir chaque week-end les voir jouer et créer cette équipe. En tant que président, le but c’est également de développer toute l’organisation du club, sur 2/3 ans pour être légitime en D1.
HH - Du coup, au niveau du club quel est son statut ? son nombre de licenciés et son fonctionnement ?
MG - Avant COVID, on était entre 300 et 350 licenciés suivant les années. On a une centaine de seniors entre les loisirs, les vétérans et la D2. Pas mal de bénévoles sont également joueurs et quelques-uns comme moi qui ne sont que bénévoles. Et tout le reste, ce sont les équipes jeunes. Les licences de l’école de hockey se prennent souvent en cours d’année.
| Crédit Photo TBHC | Equipe 1 - TBHC |
HH - Quelques mots au niveau des équipes Elites et loisirs ?
MG - Quand on prend le problème dans son ensemble, pour qu’il y ait une dynamique dans un club, il faut à la fois avoir de l’Elite, parce que c’est ce qui va stimuler, mais il faut aussi offrir tous les autres niveaux de jeu.
Moi je suis un supporter, un partisan, et je suis convaincu qu’il nous faut une formule loisir disponible dès le mineur, au moins dès les U15. Mais c’est difficile à organiser car il faut qu’on ait de l’excellence et de l’élite.
Les effectifs en U17 et en U20 sont assez faibles. On a la chance avec Montpellier, de ne pas être très loin et de pouvoir organiser des ententes car nous avons des problèmes communs. On a des ressources qui se complètent. Ça nous permet de préserver l’avenir de nos jeunes qui, grâce à ça, ont une filière Elite. Mais si on veut que le club fonctionne bien, il faut que ce soit pyramidal :
- L’élite, pour ceux qui en ont la capacité, la motivation.
- Mais pour qu’il y ait assez de joueurs en Elite, il faut qu’il y ait des joueurs avec un bon niveau en excellence. Les meilleurs joueurs en excellence monteront en Elite.
- Et pour avoir une équipe excellence, je pense qu’il faut casser le cycle que l’on a aujourd’hui, ou en hockey sur glace. J’ai regardé les statistiques nationales du ministère des sports, après 6 ans on ne recrute plus personne. Dans tous les autres sports, c’est à partir de 10 ans. Je pense qu’il y a quelque chose à faire là-dessus. Quand on parlait de politique de formation, avant on hésitait à prendre des enfants à partir de 8 ans, maintenant c’est jusqu’à 10 ans sans hésitation. On s’est même engagé, avec un travail et une pédagogie spécifique, à prendre des enfants plus âgés. Ceux qui arrivent plus âgés en U15 par exemple, il est peu probable que tu termines en Elite. Mais ce n’est pas grave, car si tu fais un bon hockey loisir et même si tu finis en excellence, ça peut tout de même rendre service à l’ensemble du club.
Cette logique de formation c’est être capable d’offrir à tout le monde du hockey sur glace, les pratiques qui permettent aux gens de s’épanouir. Même si tu ne penses que compétition, je pense que l’effet est positif car tu as de quoi nourrir ton Elite avec un effectif suffisant pour rester à haut niveau.
- Au niveau des équipes loisir, on a 3 équipes, environ 80 licenciés, avec une équipe sénior où ce sont des anciens qui ont joué à haut niveau, Les Dracs, une équipe de confirmés et après il y a les Saucisses, l’équipe des débutants. La seule condition qui est imposée c’est de savoir patiner. C’est la richesse du club d’avoir des gens comme ça qui peuvent s’entrainer un petit peu, qui prennent plaisir ensemble et de partager cette même passion. Et quand on regarde les bénévoles que l’on a aujourd’hui dans le club, le loisir est un énorme réservoir de bénévoles.
HH - De manière générale, quelles sont aujourd’hui les difficultés que rencontre le club pour le développement du hockey notamment avec la concurrence des autres sports. Comment arrive-t-on à développer le hockey dans une région où il n’est pas « dominant » ? Quelles sont les relations avec les collectivités et où est la difficulté à trouver des partenaires ?
MG - Notre diagnostic et on l’a partagé avec les collectivités, est lié à un problème de notoriété.
Les gens qui viennent à la patinoire en général sont convaincus et reviennent, c’est assez facile de faire revenir les gens. La difficulté c’est de les faire venir une première fois, de leur faire découvrir le hockey sur glace. C’est pour ça que l’on a travaillé avec Toulouse et la ville de Blagnac qui nous aide depuis toujours. On travaille avec eux sur notre visibilité.
On est maintenant sur le site de la direction des sports de Toulouse. On est annoncé comme le Stade Toulousain, le TFC ou les Phoenix et bien maintenant il faudra compter sur les Bélougas. On est annoncé également sur les TV des installations sportives toulousaines et depuis cette semaine nous sommes sur l’affichage des Bus Linéo avec notre partenaire TISSEO. Tout ça relève de notre logique de notoriété. Quand les gens savent et qu’ils viennent, ça relève l’image du club. Et c’est là qu’on est en concurrence avec le rugby, le foot ou le handball.Ces sports-là prennent effectivement toute la lumière. Dans le monde du sport nous ne sommes pas en concurrence avec eux car nous sommes évidemment fiers quand le Stade Toulousain gagne ! On a tous envie que tout le monde gagne. Il faut juste que l’on arrive à se faire notre place. On voit des gens qui vont voir le stade Toulousain et qui viennent également nous voir. On a des partenaires qui font les 2, ce n’est pas en contradiction. Je le vois plus comme un développement de notoriété. On a une valeur spécifique à apporter. C’est un spectacle qui se produit deux fois par mois durant la saison sportive. Dans la variété des sports existants autour de Toulouse, je pense que ça vaut le coup de le découvrir.
La difficulté c’est d’identifier le bon problème et face au problème qu’est-ce que je mets en place pour y arriver. L’aide qu’on a des collectivités, l’argent public, tu ne peux pas l’avoir indéfiniment. Cependant, les organisations publiques ont une grande capacité à te rendre visible et c’est ça qui pour moi est important en termes d’action.
HH - Au niveau des structures matérielles comme la patinoire qui reste un espace partagé avec le club de patinage artistique notamment, comment arrivez-vous à gérer et à dégager du temps pour le hockey sur glace ?
MG - On a une particularité que n’ont pas forcément beaucoup de villes : on s’appelle Toulouse – Blagnac. On dépend donc de 2 juridictions différentes et pour la petite anecdote, au moment du COVID on a changé le planning à peu près 30 fois et parfois à quelques jours d’intervalle, parce que le décret national, qui passait un jour et puis le temps que ça descende au niveau des préfectures, des mairies et le temps que ça arrive aux patinoires on n’avait pas les mêmes règles d’un côté ou de l’autre entre Toulouse et Blagnac.
On travaille donc avec deux municipalités, deux directions des sports, deux directions de patinoire et à Toulouse on a deux clubs de patinage, et à Blagnac on a un club de patinage donc on est habitué à travailler en communauté. C’est forcément plus difficile, quand tu fais tes plannings de saison il faut les faire avec deux directions.
HH - Votre sentiment sur la médiatisation du hockey au niveau national et comment qualifieriez-vous le niveau du hockey en France.
MG - Les différents projets que l’on a pu avoir cette année, nous ont amené à beaucoup travailler avec la Fédération. Ce qui m’a marqué, c’est que j’ai eu énormément de plaisir à travailler avec les employés de la fédé et avec les élus de la fédé. Mais ce qui ressort c’est que c’est une petite fédération. Etant nouveau dans la gestion d’un club, je connais pratiquement tout le monde au sein de la fédé. J’ai trouvé des gens disponibles pour répondre à toutes mes questions. Au regard de la taille de la fédération, on a toujours envie d’en faire plus et d’avoir une place au soleil., Le jour où on sera sur une grande chaîne de TV en prime time ça sera une belle récompense.
L’objectif, c’est comment y arriver et comment développer la notoriété du sport. Le nouveau président Pierre-Yves Gerbeau je crois qu’il vient du monde de l’industrie du spectacle donc ça peut être un atout pour nous développer. Si on pense que le problème est la notoriété, être plus connu, je pense que son expérience peut aider.
Sur le niveau sportif je ne suis pas apte à avoir un avis sportif, je pense que vous avez compris que j’ai un très bon directeur sportif à savoir Christophe Chappa et je suis très content de l’avoir au sein du CA. Je trouve juste que je ne suis pas assez pertinent pour avoir un avis sur le niveau sportif.
HH - Qu’est-ce que l’on peut souhaiter à Michel Guillou nouveau président du TBHC ?
Quand je me regarde je m’étonne moi-même de l’intérêt que j’ai eu pour ce sport. Je n’avais aucune raison d’être à ce point intéressé par le hockey, je n’avais aucune prédisposition à venir vers le hockey. Je ne viens pas de ce milieu-là, mais c’est tellement attachant. Ce sport est addictif. Après c’est une aventure humaine. J’aime bien voir les matchs, mais ce que j’aime encore plus dans ce club c’est tout l’enthousiasme qu’il a autour dans les différentes équipes. Quand tu organises, que tu mets les choses dans l’ordre, et que dès le lendemain, il y a le double de personnes à vouloir aider, ce côté organisationnel est super stimulant.
On peut donc me souhaiter de retrouver dans un an tous ceux qui m’ont fait confiance, avec le sourire ! moi je trouve ça fabuleux les gens qui ont la banane aux entrainements. Quand tu sens que les gens ont envie de faire partie de l’équipe, c’est assez précieux comme sensation.
Au niveau sportif, c’est d’avoir suffisamment de réussite dans les différentes catégories mais notamment en D2 en particulier, pour que ça entretienne cet enthousiasme. Je pense qu’on a moyen de faire de beaux matchs à domicile, de bons résultats, mais le sport, il y a toujours un certain nombre d’aléas. Et les dynamiques c’est toujours quelque chose à surveiller. Mais pour moi tout ce qu’on peut me souhaiter, c’est que la dynamique continue.
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