Suite de notre entrevue avec l'entraîneur-joueur- manager des Renards, Romain Bonnefond. Très impliqué dans la vie du club roannais, Romain pense bien sûr à la pérennité du hockey ligérien et il est donc forcément sensible à la formation, la relève de ce qui est déjà bien construit. Si Roanne, Lyon et Clermont-Ferrand se sont unis pour optimiser les possibilités de développement de leurs écoles, la formation roannaise est encore pour lui le point faible sur lequel il voudrait s'atteler ces prochaines saisons. Pour cela il ne manque pas de détermination et . . . d'une folle espérance.
HH - Revenons sur un plan plus local : on sait qu’un lien fort uni les clubs de Clermont-Ferrand, Lyon et Roanne avec l'entente HCLR pour l’optimisation de la formation des jeunes et non sans une certaine réussite comme l’atteste les sélections obtenues pour les différentes équipes de France U16, U18 et U20. Cette crise peut-elle remettre cette entente en question ou à fortiori la justifie et la conforte pour l’avenir ?
RB - Nous avons de très bonnes relations avec les clubs de Lyon et de Clermont, même si l’esprit derby persiste lorsque nous nous rencontrons sur la glace. Mais l’entente qui s’est construite entre nos 3 clubs est vraiment une très très bonne chose et cela se voit. Les résultats des jeunes sont en progression. Ils ont de très bons résultats tant au niveau des U15 élites, U17 élites et U20 élites. Les équipes B sont également là et jouent leur rôle en offrant ainsi la possibilité à tous nos joueurs d’évoluer. Cela permet d’apporter la réponse la mieux adaptée aux possibilités et ambitions de tous nos joueurs. C’est une très bonne chose et je ne suis pas inquiet de la remise en question de cette entente parce que au contraire c’est quelque chose que l’on veut pérenniser. Bon j’ajoute que c’est mon avis à ce jour mais je ne peux garantir que dans 2 ans tout le monde pensera comme moi. Mais j’insiste, aujourd’hui je ne suis pas trop inquiet la dessus.
HH - Néanmoins l
a situation des trois clubs a quelque peu changé en peu de temps. La hiérarchie initiale a été bousculée puisque au moment de cet accord pour la formation Lyon semblait bien installé en Magnus, Clermont-Fd accédant à la D1 et Roanne s'affichait comme un solide club de D2. Alors que vous avez continué à vous affirmer au point d'ambitionner de rejoindre la D1, les clermontois connaissent des difficultés certaines à se maintenir à ce niveau. Mais surtout Lyon, après une année blanche (pour des raisons sur lesquels nous ne reviendrons pas), se retrouve à redémarrer en D3. Même si la crise sanitaire risque de retarder les choses on se doute que l'ambition de la capitale des Gaules n'est pas de végéter dans cette division. Les Arvernes ont pu conserver leur place avec le coup de pouce d'une fin de saison 2020 tronquée mais qu'en sera-t-il pour celle-ci avec un effectif sérieusement rajeuni? Bref il n'est pas interdit de penser que tout ce beau monde peut se retrouver ensemble en D2. Alors peut être que la répartition des meilleurs espoirs de l'entente HCLR entre les différents clubs ne sera pas sans poser quelques soucis au point peut être de remettre en question cette alliance ?
RB - Non ça ne remettra pas en question mais c'est sûr que si on retrouve demain Lyon, Clermont, Roanne en D2 on va un peu se battre pour avoir les U20 dans nos équipes D2. Mais au moins il y aura de la place pour nos jeunes, c'est ce qui faut se dire. Pour les U20, les U23. L'idée c'est ça, c'est leur parcours de formation. Bon bien sûr au départ c'était Lyon Magnus, Clermont D1 et Roanne D2. Peut-être demain Roanne et Clermont D1 et Lyon D2. On ne sait pas mais ce n'est pas un problème. L’idée est de continuer de développer les jeunes. Il faut qu'ils jouent dans le meilleur niveau possible, qu'ils soient confrontés à la meilleure compétition possible afin qu'ils arrivent au niveau sénior en ayant connu un bon parcours de formation.
A Roanne, il faut bien l'avouer, nous avons un peu de retard car aujourd'hui on s'aperçoit que l’on n’a pas énormément de jeunes qui sont intégrés au sein des différentes équipes U15, U17, U20. Tout ça par manque d'effectif. Nous allons donc mettre un très gros coup de collier mais depuis 2 ans nous y travaillons avec des recrutements et la fidélisation des jeunes à partir des U7.
HH - Vous constatez justement une influence des résultats de l'équipe première sur l'arrivée de plus de jeunes aux écoles de hockey?
RB - L'équipe première amène d'abord de la visibilité et de la notoriété, ça, c'est indéniable. Aujourd'hui sur Roanne nous sommes le 2ème sport en termes de notoriété et de public derrière le basket, donc nous avons vraiment passé un cap. Pour autant je ne suis pas sûr de pouvoir affirmer que les enfants viennent au hockey parce que l'équipe première performe. Par contre ce que je peux dire c'est que les jeunes restent au hockey parce que l'équipe première performe. Tous les gamins qui se rendent à l'école de hockey et viennent voir les matchs le samedi. Cela les fidélise car ils ont le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus fort depuis quelques saisons. Mais ce qui amène d'avantage de jeunes à nos écoles c'est plutôt le travail de recrutement qui est fait sur le terrain, c'est à dire les animations que l'on peut faire un peu partout. Puis après c'est le travail des entraîneurs, des bénévoles qui font un boulot de malade pour que tous les enfants soient heureux et aient envie de rester. C'est important parce qu'il ne faut pas se mentir, le hockey reste un sport marginal et ce n'est pas évident à des parents qui ne connaissent pas du tout ce sport de penser à y amener leurs enfants. Nous nous apercevons, alors que la patinoire a plus de 40 ans, qu'il y a parmi nos enfants de l'école de hockey peu de papas anciens pratiquants. Cela prouve qu'il n'y a pas encore un passé, un vécu de hockey véritablement à Roanne*. Du coup il faut que l'on aille chercher sur le terrain ces novices. C'est sur quoi il nous faut travailler beaucoup actuellement.
(HH * Durant des années, pour ne pas dire des décennies, le hockey roannais se cantonnait avant tout dans une pratique loisir où il n'y avait souvent pas d'équipe senior inscrite en championnat. L'arrivée de la famille Bonnefond aura été le tournant qui aura permis de sortir véritablement le hockey ligérien de sa léthargie.)
HH - Nous approchons à grands pas de la fin de cette année 2020 qui ne restera pas dans les annales, en tout cas pas comme une belle année, et donc de la période des vœux. Quel serait le votre ? Et là je me permets de faire un peu allusion à une interview que vous aviez donné sur le site de « Parlons Sports Roanne » et où vous n'aviez pas manqué d'évoquer une rénovation sérieuse de la patinoire.
Eh oui notre vœux secret à Roanne, on ne va pas se mentir, c'est une nouvelle patinoire, une infrastructure qui nous permettrait de passer un cap. L'offre certes est là mais on ne peut totalement proposer l'expérience hockey que l'on aimerait à notre public car trop limitée. Sept cents places dans une patinoire c'est trop juste. Un nouveau bâtiment permettrait énormément de chose. La patinoire Fontalon a 45 ans, elle arrive en bout de ligne, elle est énergivore et quoiqu'il arrive il y aura des réfections à faire. Aujourd'hui on voit très bien que pour les heures de glaces, il n'y a plus de créneaux disponibles pour les entraînements, les matchs. Nous sommes limités avec une seule piste. Je pense qu'il y a peut être une réflexion à avoir et on a commencé les discussions avec l'agglomération sur ce sujet : Sur peut-être un nouveau bâtiment, sur peut-être une double piste, sur une capacité d'accueil supérieur à 700. Bref des pistes de réflexions car aujourd'hui la demande hockey est là, la discipline s'installe, la petite culture hockey s'ancre et fait son bonhomme de chemin chez nous mais pour répondre à cette attente cela passera par des investissements lourds. Le club souhaite juste un outil pour travailler et continuer à développer la discipline. Nous allons continuer à développer de notre côté le partenariat privé car nous savons que ce ne sont pas les subventions qui vont aller à la hausse. Nous devrons donc passer par le partenariat privé pour développer notre club et donc bien l’accueillir.
HH - On voit qu'effectivement beaucoup de patinoires se rénovent en France dans ce sens là avec plus de gradins et double piste. Mais cela n'est pas encore, loin de là, une généralité. Est ce que vous sentez vos élus sensibles à vos arguments ?
RB - Je ne dis pas qu'ils disent oui à tout mais ils nous écoutent. Nous avons des échanges et le dernier en date avec le maire de Roanne et président de l'agglomération, M. Nicolin, nous étions partis sur un non lorsque j'ai parlé de ce projet de patinoire. Mais finalement je suis sorti de cet entretien avec plus d'espoir. Nous sommes passés d'un non à « c'est quelque chose qui se réfléchit » et venant de lui ça veut dire que j'ai réussi mon entretien ce jour là. Cela reste donc des discussions ; on espère que l'idée va faire son chemin. Mais quoiqu'il en soit, nous sommes là, nous existons, le club se développe. Comme je le répète nous ne demandons pas de l'argent mais des infrastructures qui nous permettront d'aller chercher ces moyens. C'est quelque chose et intéressant pour une collectivité d'écouter ce genre de discours venant de la part d'un club.
HH : Même s'il faudra certainement s'armer de patience nous souhaitons que ce vœux se réalise dans les années futures. Mais s'il y en avait un plus accessible et surtout plus rapidement réalisable ce serait je pense la reprise au plut tôt du championnat.
RB - Oui bien sur, retrouver le championnat, retrouver de la compétition. Toutes ces équipes de D2, elles nous manquent. On le voit quand on fait des entraînements sans les rencontrer en fin de semaines. Elles nous donnent du fil à retordre tous les week-ends mais elles nous manquent et le championnat n'a de l'intérêt que dans le challenge.
HH - Merci Romain pour ce long entretien et à bientôt sur la glace.
RB - Merci à Hockey Hebdo d'être auprès de nous dans ces moments difficiles.