Avant de se projeter sur la saison à venir, pouvez-vous nous dire comment vous avez vécu la saison dernière qui avait mal commencé mais vous a vu atteindre les ½ finales (défaite en 5 matches face à Brest) ?
Disons que cette saison est bien résumée par le proverbe « ce n’est jamais fini tant que ce n’est pas fini ». Le début a été déplaisant à vivre, mais l’équipe s’est transformée. On n’a pas paniqué, on n’a pas remis en cause nos choix de joueurs, on a fait confiance aux hommes en place et continué à travailler. On s’est ajusté et l’équipe s’est trouvée, les joueurs avaient envie de réussir ensemble. Même quand on était dernier, on sentait que le groupe était fort.
Vous étiez en fin de contrat et vous avez choisi de prolonger, qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce choix ?
Neuilly est un club sain et qui tient ses engagements, c’est très important à mes yeux. Et surtout l’entente avec mon président est une des raisons de mon retour. J’ai envie de gagner un nouveau titre et d’emmener l’équipe en Magnus, c’est ma grosse motivation. C’est certain que ce n’est pas l’état des infrastructures et l’absence d’évolution à ce niveau qui ont joué positivement dans mon choix, je dirai même que cet aspect est plutôt usant. On pense que le problème c’est la patinoire, mais c’est plus ce qui est autour. On n’a pas de vestiaire pour les joueurs par exemple. Les buts datent des années 1920… la liste est longue.
Mais rien ne change. L’équipe performe et ça masque le reste. Il suffirait de peu de choses, et j’aimerai un peu plus d’investissement, à la hauteur de la bonne image que nous véhiculons.
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Nathalie Clavert |
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Vous parlez de Magnus, avez-vous été candidat à la place laissée vacante par Epinal ?
Comme c’est le cas dans ce type de situation, la Fédération contacte plusieurs clubs pour connaître leur position par rapport à un éventuel « repêchage », Mais il y a toujours des priorités. Et même si on est ambitieux, la place est allée naturellement au club relégué de Magnus.
Comment abordez-vous cette saison, la première sans votre capitaine Maxime Dubuc qui avait un rôle important dans le groupe ?
C’est vrai que c’est bizarre de commencer la saison sans Maxime. En ayant changé 17 joueurs je pense qu’on a pris la bonne décision. C’est une année de transition en termes de leadership, on ne remplacera pas Maxime à ce niveau-là. On cherche un nouveau groupe de leaders capable de se partager les responsabilités. Certains émergent déjà et je savais qu’un de mes premiers défis de la saison se jouerait là-dessus.
On a quand même un joueur comme Mika qui était assistant depuis plusieurs saisons. Il garde l’ordre dans le vestiaire, il est extrêmement sérieux sur et en dehors de la glace. Mais il ne pourra pas tout faire tout seul.
Pour en revenir à Maxime, je tiens à dire qu’il va me manquer personnellement et pas seulement en termes de leadership. On a vécu l’un à côté de l’autre les bonnes et les mauvaises saisons des Bisons. On a développé une vraie amitié alors qu’on ne se connaissait pas avant son arrivée. Il a pris un rôle important au-delà de l’aspect professionnel, il est notamment très proche de mon fils (Ndlr : Kevin Spinozzi qui jouera cette saison encore en AHL dans le club ferme des Pittsburgh Penguins). C’est un homme d’une grande qualité avec des valeurs. C’était un peu le grand frère de tous ses coéquipiers, en faisant toujours primer l’intérêt de l’équipe. Et il s’arrête sur ce qui est à mes yeux sa meilleure saison.
Avec tous les changements qu’a connu l’équipe à l’intersaison, on pourrait penser que c’est l’histoire qui se répète, mais il semble que ce soit cette fois le fruit d’une vraie volonté ?
On avait décidé que c’était la fin d’un cycle. Pas parce qu’on n’appréciait pas les joueurs ou qu’on était pas satisfait d’eux. On aurait pu surfer sur notre belle fin de saison pour repartir cette année avec le même groupe. Mais on avait besoin de recommencer sur un nouveau cycle. C’est vrai que c’est compliqué pour nous de garder les joueurs, mais on a aussi vu l’an dernier que des joueurs qui nous avaient quitté sont revenus nous rejoindre en cours de saison. Comme je l’ai dit, le club est sain, le seul frein c’est les infrastructures.
Vous alignez un effectif prometteur, quelles sont vos ambitions pour la saison ?
On est très ambitieux. On pense avoir construit une équipe dangereuse, mais maintenant il faut trouver l’alchimie et assembler toutes les pièces du puzzle. On a fait seulement 4 entrainements (
ndlr : interview réalisée le 29 août), on a comme chaque année des problèmes de glace, j’ai des joueurs qui attendent encore leur visa…
On sent qu’on peut être compétitif, mais il va falloir être au rendez-vous quand ça va compter et la saison est longue.
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Philippe Rouinssard |
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Est-ce que cette nouvelle équipe aura un style différent de celui des saisons précédentes ?
On a eu une réflexion sur l’importance grandissante de la vitesse dans le jeu. C’est ce qui a guidé notre recrutement. On le voit sur les premiers entrainements, on est plus proactif. On doit aussi tenir compte de l’arbitrage qui sanctionne de plus en plus souvent les mises en échec. On doit s’adapter à cette donnée, même si la mise en échec fait partie intégrante de notre sport.
Le niveau de tolérance varie beaucoup selon les arbitres et plutôt que de se battre contre ça, on a été chercher plus de vitesse. On devrait être moins sanctionné cette saison. Le jeu aujourd’hui est plus rapide, c’est une tendance lourde et on le voit avec le retour des joueurs de petits gabarits.
Vous avez aussi misé sur des joueurs qui connaissent le championnat, ça devrait vous permettre un temps d’adaptation moins long ?
Oui avec des joueurs comme Hordelalay, Safar ou Gabaj, qui non seulement connaissent la ligue mais y ont été performants, on devrait être plus compétitif en début de saison.
Pourquoi avoir choisi de ne pas faire de stage de présaison, comme c’était le cas les saisons passées ?
C’est un choix effectivement. Je me suis rendu compte qu’en allant se préparer sur des grandes glaces, on avait des difficultés sur nos premiers matches à domicile sur notre petite glace, c’est presque nous qui avions l’air de jouer à l’extérieur. J’ai décidé qu’on allait s’entrainer chez nous, même si on le paie en termes de qualité et de disponibilité de glace.
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Guillaume Francois |
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Vous avez aussi étoffé votre staff avec le retour de François Dusseau ?
Ça faisait partie des choses dont j’ai discuté avec mon président avant de prolonger. On avait l’opportunité de travailler avec un des hommes compétents du hockey français et on ne pouvait pas la laisser passer. On est un petit club mais on attire des individus de grande qualité.
On a déjà travaillé ensemble avec François, on est devenu amis et il va beaucoup nous apporter. On parle hockey 24/24, on partage la même vision, la même philosophie, les mêmes ambitions.
C’est une chance incroyable de l’avoir à mes côtés. Il va s’occuper des défenseurs et du power play. Et on sera 2 pour prendre les décisions, tu doutes parfois et on est plus intelligent à 2. C’est classique d’avoir un staff qui ne se limite pas à un seul homme. Mais je tiens aussi à souligner le rôle de tout mon staff et notamment d’Alain Husson qui est à avec moi depuis plusieurs années et continuera à avoir un rôle important cette saison.
Pour terminer, pouvez-vous nous dire comment vous voyez le championnat cette année et quels en sont, pour vous, les favoris ?
Je pense que, comme la saison dernière, le championnat sera très serré, très homogène. Les budgets sont plus proches que par le passé, les recrutements se font sur le même style de joueurs, toutes ces raisons font que les équipes sont proches les unes des autres.
Je pense quand même que Briançon et Brest peuvent être désignés comme favoris. Mais je suis assez convaincu que le gagnant de la saison régulière ne sera pas celui des play-offs. Nantes et Tours sont solides. Des équipes comme Montpellier, Cergy ou Marseille peuvent être des bonnes surprises. Je pourrai citer toutes les équipes, tout le monde a sa chance cette saison.