Cela a été une surprise de vous retrouver sur le banc en début de saison, comment s’est passée cette nomination ?
JW : C’est arrivé assez naturellement. Le club partait pour une saison de transition et quand on a su que le club n’avait pas d’entraîneur, nous avions réfléchi à la situation et étions prêts à nous proposer. Les dirigeants nous ont devancés et nous avons accepté leur proposition. C’est une solution qui convenait à tout le monde. Compte tenu du contexte, il aurait été compliqué de repartir avec quelqu’un qui ne connaissait pas le groupe et que le groupe ne connaissait pas.

AA : Comme le dit Jérôme, on ne peut pas parler de surprise. L’an dernier, lors du match de Coupe de France à Anglet, j’avais remplacé Frederic Bredin qui n’avait pu faire le déplacement. J’avais apprécié cet intérim et les retours des joueurs avaient été positifs. Ca a été une ouverture pour la saison suivante, mais je ne voulais pas occuper ce rôle tout seul. Je savais déjà que c’est avec Jérôme que je voulais partager les responsabilités. On a commencé le hockey ensemble à 8 ans. On est plus que des amis, on se connaît, on se complète.

Est-ce une évolution que vous aviez envisagée ?
C’est une chose à laquelle on pensait. La gestion d’un groupe, les aspects tactiques sont des choses qui nous ont toujours intéressées. La situation du club a fait que l’opportunité s’est présentée plus vite que prévu.

Marie Desmarquest

Est-ce difficile de tenir ce rôle dans un groupe qui vous a connus comme joueurs ?
JW : Ca peut être compliqué, mais on estime faire ce qu’il faut au quotidien pour limiter ce risque. On a choisi le groupe en connaissance de cause, les gars savent faire la part des choses entre les différentes situations (coéquipier, coach, pote parfois). On a été clair avec tout le monde dès le début, en responsabilisant chacun. Et cela se passe plutôt bien. On n’hésite pas non plus à recadrer les choses quand il le faut.

AA : C’est très important pour nous cette responsabilisation des joueurs. Pour vous donner un exemple, Jérôme et moi ne sommes jamais sur la glace en même temps, sauf sur les power-play. On sait que le shift qui suit un power-play est super important. On a donc des joueurs capables de prendre le relais sur la glace dans ce type de situation.
 

Comment vous répartissez vous les rôles ?
JW : Compte tenu de nos expériences, on s’est réparti le travail spécifique entre les attaquants (Antoine) et les défenseurs (Jérôme) Après on définit ensemble les plannings et plans d’entraînement de façon hebdomadaire. Au niveau du coaching, on a la même répartition. Mais on essaie de prévoir le maximum de situation pour que chacun dans l’équipe sache ce qu’il a faire en fonction de chaque situation. On laisse un minimum de place à l’improvisation pour pouvoir aussi se concentrer sur le jeu. Cela peut évoluer en fonction des aléas. Antoine ayant été blessé, il a plus coaché sur les derniers matches. On est aussi assez complémentaire, en termes de caractère notamment, et on se complète bien.

AA : C’est pour ça qu’on était partant pour former ce duo. Et aussi parce que nous sommes conscients de nos qualités et de nos manques. A 2, on peut aussi plus se concentrer sur le jeu.  Jérôme était absent lors du 1er match de championnat et j’ai vu que c’était vraiment compliqué d’assumer ce rôle tout seul.

Yves Le Guillerm

Vous avez tous les 2 connus pas mal d’entraîneurs, quels sont ceux dont vous vous inspirez aujourd’hui ?

JW : J’ai retenu un peu de chacun, des catégories de jeunes aux séniors. Jérôme Pourtanel, qui a été mon coach pendant 8 ans à Neuilly et dont je suis resté proche, m’a pas mal conseillé. J’essaie de prendre le meilleur de chacun. Mais on ne va pas réinventer le hockey. Je me documente aussi beaucoup. Le plus difficile est de s’adapter à son groupe. Ce qu’on a appris et qui a marché n’est pas forcément transposable sur un groupe différent.

AA :  Je ne m’inspire pas vraiment de quelqu’un en particulier, mais j’ai retiré beaucoup de choses de mes différents entraîneurs. Si je devais en retenir un, sans hésiter c’est auprès Daniel Maric que j’ai le plus appris. A tous les niveaux, la gestion du groupe, la technique…




Votre première mission a été de construire l’équipe. Pouvez-vous nous expliquer comment cela s’est passé ?
Les dirigeants nous ont donné les pleins pouvoirs pour construire l’équipe. Mais nous avions une contrainte de taille, le budget. Un budget en forte baisse par rapport aux saisons précédentes. Nous n’avions pas de logements à proposer aux joueurs, ce qui limite les possibilités de recrutements aux joueurs français vivant en région parisienne. On a utilisé nos réseaux pour construire le groupe, mais la décision de la CNSCG de ne pas valider le club en D2 a encore compliqué les choses. Début août, on avait un groupe plus que restreint. Tout s’est décanté en août après la confirmation de notre engagement en D2. On a axé nos recherches sur des joueurs avec une bonne mentalité et essayé de conserver un maximum de joueurs de la saison dernière.

Vous avez finalement réussi à faire signer quelques joueurs étrangers ?
Nous avons 4 étrangers, avec des situations différentes. Milan Vastucko (ancien coéquipier de Jérôme Wagner à Neuilly) habite toujours à Orléans et vient à Paris 2 fois par semaine pour les entraînements. C’est la preuve de sa motivation.
Les autres étaient déjà là la saison dernière. Felix Chougui habite et travaille sur Paris, Billy Blase fait des études à Sciences-Po à Paris. On peut dire que ces 3 joueurs, qui habitent déjà en France, peuvent presque être considérés comme des joueurs français.
Le dernier, Mario Sertic, est également entraîneur du hockey mineur pour le club.

Vous parliez de saison de transition, quels sont vos objectifs pour cette année ?
A l’origine c’était le maintien, il a été assuré avant le début de saison du fait des forfaits. Aujourd’hui, on ne se fixe pas d’objectif. La saison a bien débuté, mais on sait qu’il ne faut pas s’emballer, et les derniers résultats le prouvent. On veut bien figurer, faire les play-offs et donner le meilleur de nous-mêmes. Mais on sait qu’il y a des équipes avec des ambitions et des moyens nettement supérieurs aux nôtres.

Yves Le Guillerm

Beaucoup d’observateurs restent sur l’image de l’équipe des dernières saisons, sur le passé des Français Volants. Nos premiers résultats les ont confortés et certains nous considèrent parmi les favoris. C’est loin d’être le cas. On a une bonne petite équipe, avec des joueurs ayant joué en D1 et même en Magnus, mais on est loin des grosses écuries de la D2.

En plus de notre budget serré, on doit aussi composer avec les contraintes liées à Bercy. On n’a pas eu de glace pendant 3 semaines au moment de l’Open de Tennis. On remercie d’ailleurs l’ACBB et Courbevoie qui nous ont prêté leur glace et ont accepté de jouer des matches contre nous pendant cette période. Sans eux, on n’aurait pas eu de glace pendant 3 semaines (ndlr : la patinoire de Bercy est la seule aux normes hockey à Paris.)
On n’aura pas notre glace au moment des play-offs puisque Bercy sera fermé pour la 1ère partie des travaux de rénovation. Ca ne nous facilite pas la tâche.



Vous voyez-vous continuer à long terme dans ce rôle de coach ?
JW : On se concentre vraiment sur cette saison, on ne pense pas encore au-delà. Que ce soit en termes d’objectifs pour le club ou d’avenir pour nous. Mais c’est une expérience qui me plaît et que j’avais envie tenter, aujourd’hui c’est quelque chose que j’ai envie de poursuivre.
AA : Je me sens encore joueur et j’ai envie de continuer à jouer. Je prends donc les choses au jour le jour, mais c’est clair que je prends beaucoup de plaisir dans ce rôle de coach.

Un pronostic concernant le championnat cette année ?
JW : Dans notre poule, Tours a vraiment une belle équipe. Dans l’autre poule, Val Vanoise a fait un gros recrutement, La Roche-sur-Yon fait un beau début de saison et Toulouse est aussi assez complet. On parle d’équipes avec des moyens et pas mal de renforts étrangers, c’est pour ça qu’encore une fois, on n’est pas vraiment dans la même catégorie. C’est difficile de vraiment désigner un favori. Ces dernières années il y a souvent eu des surprises en play-offs. Si on peut créer une de ces surprises, on ne s’en privera pas.
AA : C’est difficile quand on n’a pas joué toutes les équipes. Comme Jérôme, je pense que Tours a le budget et l’effectif pour monter. Dans l’autre groupe, Val Vanoise a fait un beau recrutement. Mais au global, je trouve que le niveau de la D2 a baissé par rapport à la saison dernière. Les équipes qui sont descendues de D1 sont loin du niveau de celles qui sont montées la saison dernière. Donc le championnat risque d’être plus équilibré et les derniers résultats le prouvent.