Hockey Hebdo : Peux-tu te présenter, notamment en termes de hockey, ta carrière, ton rôle au HCC, à la FFHG ?
Eric Ropert : J’ai commencé le hockey à l’âge de 7 ans à Caen en 1971. J’ai joué en sénior de 1981 à 1996 au sein des équipes de Caen (Magnus et D1), Rouen (D1 et Magnus où j’ai rencontré Luc Tardif), Angers (D1) et Caen (D1) 2 saisons pour finir après 2 saisons d’arrêt.
Je suis entré à la FFSG (Fédération Française des Sports de Glace ndr) en tant que vice-président en charge du Hockey sur Glace en Décembre 1998 pour en partir en juin 2000 en claquant la porte étant donné l’impossibilité de faire avancer les choses.
Entre temps à la FFSG, j’ai dissout la ligue élite, et créer la Commission de Contrôle de Gestion avec Bernard Bourandy comme membre. En parallèle, à partir de 1988 j’ai commencé à travailler dans la vente de matériel électronique médical.
En novembre 2000 j’ai pris un poste international chez Hewlett Packard basé en Allemagne, et en parallèle Luc Tardif est entré à la FFSG pour me remplacer.
Je suis revenu en France fin 2003, Luc Tardif en conflit avec le président de la FFSG venait alors de se faire sortir de celle-ci. Nous avons décidés en commun de créer l’AAHF, l’Association pour l’Avenir du Hockey Français, association qui a été à la base de notre retour en force à l’assemblée Générale de la FFSG en juin 2004 et de l’obtention de la création de la FFHG en avril 2006.
Alors Directeur Général de la filiale française d’un groupe américain dans le domaine de la santé, je suis devenu Vice-Président de la FFHG à sa création.
Lorsque que Serge Guyot, Directeur Général de la FFHG, nous a annoncé en juin 2008 son désir de retourner dans son milieu d’origine le foot pro, j’ai décidé en accord avec le Bureau Directeur de la FFHG de changer d’orientation professionnelle et de me consacrer à 100% à ma passion et de prendre le poste.
Enfin après la liquidation du club de Caen en 2001 un groupe de dirigeants avec d’anciens joueurs ayant recréé un club, je les ai rejoint en 2003 pour en être le vice-président en charge du Hockey mineur jusqu’en 2008. Aujourd’hui je suis toujours bénévole au club.
HH : Le hockey Club de Caen a organisé il y a quelques jours à peine les Mondiaux de Hockey féminin de Division II. Une fois la poussière retombée, peux tu nous en dire plus sur cette organisation : depuis combien de temps vous bossez sur cet évènement, le nombre de bénévoles engagés, quels étaient vos objectifs, l’implication des collectivités et j’en passe…
ER : Du côté Fédéral les objectifs étaient s’assurer de la qualité de l’organisation et la promotion du Hockey Féminin. Pour le club de Caen ces 2 objectifs ont été intégrés ainsi que celui plus largement de la promotion du Hockey et du club localement
Un comité d’organisation de 7 personnes + les salariés du club, a été mis en place dès l’été et il a travaillé régulièrement et en tout ce sont près de 90 bénévoles qui ont été mobilisés.
Dans ce type d’organisation il y a 2 grands pôles d’activités :
- L’organisation autour des participants (équipes, arbitres, officiels)
- L’organisation des matchs et de leur promotion
Les collectivités se sont investies d’un point de vue financier mais plus encore dans le soutien aux actions de communication et de promotion. De plus, l’agglomération de Caen la Mer a fait bénéficier le club d’un lieu d’hébergement avec 200 chambres individuelles, une salle de sport, des salles de réunions et de restauration dans l’ancienne caserne de Breteville sur Odon. L’ensemble des sports caennais rêvent d’ailleurs que ce lieu puisse servir bientôt de centre d’hébergement et de scolarité mutualisé pour les meilleurs sportifs de la région.
C’est grâce au soutien des collectivités que nous avons eu une visibilité extraordinaire dans l’agglomération (75 oriflammes, plusieurs panneaux 4X3 ect..) mais aussi qu’il a été possible de faire découvrir le Hockey sur Glace a près de 3 000 enfants dont la majorité du primaire, de mettre en place des animations dans le centre-ville (3) et dans des quartiers (2).
HH : A priori et pour être venu Samedi 09 Avril à la Patinoire de Caen La Mer, je pense qu’on peut parler de réussite. Avez-vous rempli vos objectifs ?
ER : En termes de promotion pour le Hockey et pour le Hockey féminin on peut sans aucun doute dire que cela a été un succès :
- Le match de préparation au Havre, la patinoire pleine et le sourire des bénévoles et des organisateurs
- Les matchs de l’équipe de France avec une patinoire pleine (entre 1200 et 1500 personnes)
- Les mêmes matchs retransmis sur TV Normandie, et DemainTV (ile de France) et sur le Web.
- Les matchs de 13h30 en semaine, la patinoire pleine avec les scolaires.
- Une après midi porte ouverte le samedi 2 qui a fait découvrir le Hockey à plus de 130 jeunes filles
- Un colloque « la femme sportive dans la société » qui a réuni 130 participants
- Un événement « Joue avec ton idole » organisé avec le Conseil Général qui a permis aux jeunes de la section hockey sur Glace du collège Lemière de monter sur la glace avec l’équipe de France
De plus la collaboration avec les élus et les services des différentes collectivités a créé des liens qui doivent permettre de valoriser notre sport et le club.
HH : Comment s’est passée la cohabitation entre les équipes qui nécessairement se croise dans la patinoire au long de la journée ?
ER : Tout d’abord même si la patinoire de Caen est très juste en m² de locaux pour ce type d’événement, les services de la patinoire ont fait un certains nombres d’aménagements et ont mis à disposition le bâtiment au complet pendant 10 jours, ce qui a permis de s’organiser au mieux.
Les équipes ont l’habitude de se côtoyer. Chacune est dans sa « bulle » est essayé de faire en sorte que des événements extérieurs ne viennent pas perturber les joueuses.
L’organisation tout en restant souple doit faire en sorte de respecter les plannings prévus et accepter par les équipes pour satisfaire leur mode de fonctionnement.
Dans l’ensemble les choses se sont très bien passées surtout que nous avions engagés des personnes de l’association « France Sport » dont le métier est de mettre en place des déplacements et des stages sportifs. Ceci a permis de n’avoir qu’un interlocuteur logistique et de gérer au mieux les inévitables changements de planning de chaque jour.
HH : La patinoire de Caen La Mer est un bel outil qui semble pourtant presqu’à la taille minimale pour une telle organisation. Y’a-t-il des envies, des projets d’agrandissement ? Une équipe en Ligue Magnus aide t’elle dans ce genre de négociations ?
ER : Forcément, comme de nombreux clubs, celui de Caen rêve d’une patinoire plus grande, plus moderne. L’Agglomération de Caen la Mer a du construire un vestiaire temporaire afin de « loger » l’ensemble des équipes par exemple.
Mais la priorité du club est d’avoir à terme une 2ème surface de glace afin de continuer à développer la formation qui est sa base de fonctionnement et de développement. Il y a aujourd’hui un peu plus de 100 enfants en Ecole de Hockey et cela devient presque impossible de continuer à augmenter le nombre de licenciés (390) sans heures de glace supplémentaires.
Tout le monde fait des efforts, la collaboration avec la ville, l’agglo et le club de patinage se passe au mieux mais la structure du bâtiment est ce qu’elle est.
HH : Sans trahir quoi que ce soit, peux-tu nous dire approximativement à combien se monte le budget d’un championnat du Monde D2 à Caen ? Qu’avez-vous à assurer financièrement (transport, logement, nourriture, télévision…)
ER : Il faut à peu près entre 140 et 160 000€ pour boucler un budget de ce type, l’IIHF et la FFHG apporte à peu près 50% de la somme.
L’hébergement des équipes et leur logistique représente 80% de ce budget.
Quand il s’agit de sport féminin, les à priori rendent certaines démarches plus difficiles, mais pas auprès des collectivités.
Le souci pour ce type de tournoi est la difficulté à mobiliser des partenaires privés sur une contribution financière directe. Des partenaires ont soutenus le projet en échange de prestations, le garage Marie, la Case à bière, le Stadium, Pizza Hut par exemple mais le partenariat privé est seulement de 5 000€.
Il faut donc compter sur le remplissage de la patinoire pour équilibrer les comptes et sur l’aide des collectivités, support financier et sur la mobilisation de leurs moyens humains. Dans l’attente des chiffres finaux, je peux déjà dire que c’est le cas pour Caen.
HH : Quels sont les principaux souvenirs que tu garderas de ces mondiaux ?
ER : Sans aucun doute le sentiment de plaisir.
Chaque bénévole de club le sait, organiser un match, un tournoi c’est beaucoup de travail, voire de stress. Mais quand on a la chance que l’équipe organisatrice fonctionne bien et que la patinoire est pleine, il y a du plaisir à la clef.
En plus voir des grandes affiches 4x3 de Hockey en ville et des grands drapeaux partout, chaque jour, c’est un vrai sentiment de fierté.
Enfin je crois que l’ensemble des bénévoles, des spectateurs et des médias garde un très bon souvenir des athlètes de l’équipe de France et de son Staff qui mérite plus de médiatisation, c’est un groupe disponible, engagé, souriant et disponible.
HH : Au-delà de la déception de la seconde place pour notre équipe de France, quel bilan sportif peut-on tirer de ces Championnats du Monde ?
ER : On peut dire que l’équipe tchèque était un peu au-dessus sur l’ensemble du tournoi mais que nous avons un groupe jeune avec un gros potentiel et qui a un bel avenir au vu du travail déjà accompli dans les dernières saisons.
Le pôle fédéral de Chambéry est un formidable outil de développement pour ce groupe mais il faut maintenant que le hockey féminin se développe dans les clubs pour élargir la base et améliorer le championnat national.
Le Hockey féminin mérite que l’on s’y intéresse. Ce n’est pas un sport au rabais par rapport aux garçons, c’est un jeu différent et un vrai spectacle.
J’ai vu au Havre et à Caen des fans de Hockey masculins qui ont découvert le Hockey féminin et qui ont pris du plaisir à regarder les matchs. La mixité chez les jeunes doit permettre de former des jeunes filles sans « prendre » des heures aux garçons.
HH : Un dernier mot pour les amateurs de hockey ?
ER : Les événements de ce type ; matchs, tournois nationaux ou internationaux, sont de formidables outils de développement locaux et nationaux. Ils demandent beaucoup de travail mais ce sont de vrais mécanismes de mobilisation à l’intérieur et autour du club. Nous voulons que l’ensemble des collectifs nationaux, U18, U20, Séniors masculins et U18 et Sénior Féminin puisse servir cet objectif.
HH : Merci beaucoup Eric pour ta disponibilité.
ER : Merci à Hockey Hebdo.