L.Lardière

Les Ours terminent à une honorable 9éme place en saison régulière

HH : Mr Didier Beuque, pouvez vous nous faire un bilan de la saison 2008-2009 des Ours de Villard sur le plan sportif ?

DB : Oui. On est à peu près à notre place. On avait fortement espéré se qualifier pour les quarts de finale. Malheureusement, on n’est pas passé alors qu’on avait pris un bon départ. A Morzine, ça n’a pas voulu sourire malgré une domination des Ours. C’était une équipe à notre portée. Pour le championnat, il faut essayer d’être dans les douze. C’est notre objectif de départ bien évidemment, après plus on est haut mieux c’est. Sur le plan comptable, on termine sensiblement au même niveau que l’année dernière. On a plus de points ce qui veut dire que le championnat devient de plus en plus serré. Nous, notre politique est de garder le plus possible nos jeunes, de les former pour les amener au plus haut niveau. On n’a pas les moyens d’acheter des gros joueurs donc on prend essentiellement des joueurs français avec quelques étrangers. On voit aujourd’hui qu’il y a un écart qui se creuse sensiblement par rapport aux grosses cylindrées du championnat, qui sont beaucoup plus structurées, professionnelles et qui ont plus de moyens, car aujourd’hui, c’est une question de moyens.

HH : Villard de Lans fait jouer les jeunes dont certains ont explosé cette année. Je pense à Thibaut Sage Vallier,Yann Diaferia et Matthieu Le Blond notamment. Ce sont des jeunes que vous avez formé et qu’il faut absolument garder pour progresser et continuer dans cette politique tournée vers les jeunes ?

L.Lardière

T.Sage Vallier : meilleur buteur du championnat Espoirs 2008-2009

DB : Effectivement. Ces joueurs là vont devenir les cadres de l’équipe d’ici quelques saisons. Alors aujourd’hui, est ce que l’on est condamné à former des jeunes et à se les faire pirater par des clubs qui ont les moyens ? Je pense que là dessus, la fédération pourrait un petit peu nous aider, nous, les petits clubs. Pour nous, c’est quand même un investissement. Il faudrait qu’on puisse un peu les protéger sinon on va pas aller bien loin. Si d’emblée, à nos meilleurs joueurs, on leur fait des propositions contre lesquelles nous on peut pas faire face... C’était le cas de Damien Fleury à Grenoble et on a aucune protection.

HH : Sur le plan économique, Villard est un petit club avec un petit budget, peut-être même le plus petit de la Magnus. Pourtant ce club arrive à faire de bonnes choses. C’est dû à quoi ? Un bon coach, une bonne équipe technique, des bons jeunes, des juniors qui poussent derrière, un ensemble de tout ça qui fait que Villard arrive à faire mieux que certaines grandes villes ?

DB : C’est un état d’esprit. Comme on est obligé de former des jeunes parce que on n’a pas les moyens financiers d’aller chercher un joueur qui fera 40pts dans la saison, on mise sur nos jeunes, sur les juniors, on essaie d’en sortir le plus possible. On a quand même une formation qui tient la route. Maintenant, comme je le disais, si on n'est pas soutenu par notre fédération, on va peut-être lâcher le morceau. Puis après on dira "bah oui il n'y a plus de formation, il n’y a que des étrangers dans notre championnat ", ce qui est déjà le cas. Les vingt meilleurs pointeurs, ce ne sont que des étrangers à part un ou deux français. Il va falloir faire très attention à ça car sinon l’équipe de France va en subir les conséquences et rapidement.

HH : Qu’est ce qu'il faudrait peut-être faire pour que les français puissent évoluer en Magnus, qu’on ait plus de jeunes ? Quel est le point à appuyer ?

DB : Moi j’ai n’ai pas la solution miracle. Si je l’avais, je serais peut-être pas là… Je pense que la politique de formation pour les clubs Magnus doit être obligatoire, c’est-à-dire avoir une équipe junior élite. D’intégrer les jeunes le plus tôt possible dans le championnat et d’avoir plus de joueurs formés en France inscrits sur les feuilles de matchs, ce qui sera intégré au règlement l’année prochaine. Mais c’est encore un peu timide à mon sens.

HH : L’équipe Espoirs de Villard s’est qualifiée pour le carré final à Rouen, avec une bonne chance de pouvoir glanner le titre, chose pour l'instant jamais arrivée au club. Quel est votre sentiment sur cette qualification ?

DB : Ce sera difficile. C’est déjà très bien que Villard soit qualifié car ce n’’était pas si facile notamment sur le dernier match (contre Reims). Ils ont bien su revenir pour l’emporter en prolongation. C’est une équipe qui a des ressources mentales et physiques. C’est bien pour Villard. On était déjà présent l’année dernière et on a fini quatrième. Mon souhait, c’est qu’on finisse au moins sur le podium cette année. On va affronter Grenoble sur le premier match. C’est une équipe que l’on a déjà battu et qui est à notre portée.

HH : Concernant les transferts pour la prochaine saison, où en êtes vous ?

L.Lardière

Le capitaine des Ours, Romain Carry, met un terme à sa carrière !

DB : Pour l’instant Romain Carry va arrêter sa carrière et se consacrer à la formation des jeunes à Grenoble dans les petites catégories. C’est un joueur qui nous a apporté beaucoup, au niveau du vestiaire, de son expérience. On peut le saluer pour ça et lui souhaiter bon vent pour son avenir. On commence à rencontrer les joueurs mercredi, d’ici la fin de semaine, il y aura déjà des éléments.

HH : L’objectif étant de rester avec la même ossature et de continuer avec les jeunes ?

DB : Absolument. C’est l’objectif ! On aimerait bien garder la même ossature d’équipe pour l’année prochaine. Un mélange de joueurs d’expérience puis les jeunes qui sont aujourd’hui en pleine ascension. Maintenant il y a aussi leur vie professionnelle, leurs études, beaucoup d’éléments à prendre en compte pour qu’on puisse les conserver. Et puis, nos moyens financiers qui sont ce qui sont. On est quasiment sûrs qu’ils n’augmenteront pas. Après, il y a aussi la crise économique qui est là aussi. On verra ce qu’il en est avec nos partenaires.

HH : Est ce que vous avez déjà ressenti les effets de cette crise ? Moins de spectateurs, moins de sponsors ou pour le moment ça n’a pas trop impacté le budget 2008-2009 ?

DB : Pour 2008-2009 ça a été. C’est vrai qu’on aimerait avoir toujours plus de partenaires. Pour les spectateurs,  le calendrier est un peu délicat pour une station de sports d’hiver comme Villard de Lans. Quand on fait deux matchs par semaine au mois d’octobre ou novembre, c’est sûr qu’on n’a pas une grosse fréquentation. Sachant que le village est petit, on est un peu plus de 4 000 habitants.

HH : Où voyez-vous Villard dans cinq ans, avec une ligue professionnelle qui se met en route progressivement ? Est ce que Villard pourrait y faire partie ou cela reste hypothétique et dans des conditions à définir ?

DB : Ecoutez, tout dépend de la façon dont on peut être aidé pour faire parti de cette ligue. Bien évidemment, on est prêt à faire des efforts mais il faut que l’on soit aidé de l’autre coté. Il est bien évident qu’avec notre budget actuel, ça ne paraît pas pensable d’avoir une équipe complètement professionnelle. D’ailleurs, je ne vois pas qui aujourd’hui serait capable d’être dans une ligue professionnelle à part des grandes villes qui y arriveraient mais les cinq, six premiers ça ne fait pas un championnat. Donc moi, j’attends de voir. Pour le moment, on n’a pas une grande visibilité sur le championnat à cinq ans ! Moi, il faudra me dire ce qu’il est envisagé de faire car si on veut que dans cinq ans il y ait une ligue professionnelle, il faut commencer dès aujourd’hui. Ce n’est pas dans cinq ans qu’on va dire maintenant on est professionnel à six, huit, dix clubs et on joue deux fois par semaine comme en NHL. La France est encore bien loin de tout ça. Enfin, il me semble, mais je peux me tromper.

HH : Vous êtes le vice-président des Ours. Quelle est votre relation avec votre président ?

DB : C’est très simple. Le président actuel, Mr Daniel Huillier, je le vois régulièrement. Moi je gère tout ce qui est joueur de l’équipe senior élite avec un regard bien évidemment sur les juniors, le hockey mineur. Tout va bien. Je pense que j’ai quand même fait évoluer Villard depuis maintenant dix ans. C’est pas facile. C’est beaucoup de travail, c’est beaucoup de temps passé. Ce n’est pas mon métier. Il faut rappeler que nous sommes des bénévoles. Aujourd’hui, s’occuper d’une équipe de Ligue Magnus, c’est beaucoup de travail.

HH : Pour finir, avez vous un mot pour les nombreux supporters des Ours ?

DB : Je leur dit de continuer à nous soutenir, à s’engager pour ceux qui le souhaitent et faire avancer les choses. On est ouvert. On n’a jamais fermé la porte à personne. L’engouement du Hockey reste important à Villard. Mais comme je le dis, on n’est pas très nombreux dans notre village. Aujourd’hui, quand on a 700, 800 spectateurs à la patinoire, ça représente quand même 20% de la population, c’est beaucoup. Si demain Grenoble avait 20% de sa population aux matchs, je pense qu’on pourrait agrandir la patinoire de Pôle Sud.

HH : Merci