Photo : Alex Duyck du NHCA

Avec nos remerciements à N. Calimoutou

En cette période de transition, hockeyhebdo est à nouveau allé à la rencontre d'un des hommes de l'ombre du hockey hexagonal. Aujourd'hui Pascal Saintier des Aigles de Nice.

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis un passionné de hockey sur glace depuis de nombreuses années. J'ai découvert ce sport à Rouen, ma ville natale, à une époque où la Coupe Magnus semblait inaccessible aux Dragons. Je me souviens encore de mon premier match à l'Ile Lacroix, c'était un Rouen vs Grenoble avec déjà une grosse rivalité sur la glace entre les deux formations.

Même si je n'ai jamais eu la chance de pouvoir m'illustrer avec une crosse et des patins (pas même en m'essayant en loisirs), cela ne m'a pas empêché de m'impliquer de l'autre côté des balustrades et vivre ma passion à fond en essayant d'apporter ma contribution à ce sport dans les trois clubs que j'ai connu: Rouen, Bordeaux et principalement Nice.

Avec Rouen, c'était essentiellement par le biais du club des supporters et la gazette «Dragons Infos», mais aussi à la table de marque. D'abord pour les juniors de la génération Zwikel, Cudicio, Duménil, Carriou, etc...) puis avec l'équipe pro l'année de la participation à l'EHL.

A Bordeaux, malgré un passage éclair de deux saisons, je me suis également occupé de la table de marque pour pratiquement toutes les catégories du club et fortement impliqué dans l'équipe loisirs. Je garde un excellent souvenir de ce trop court passage dans le Sud-Ouest.

Je suis arrivé à Nice durant l'été 2003 au moment où l'ancien club, aux portes de la Ligue Magnus, venait d'exploser financièrement. J'y ai retrouvé Peter Almasy que j'avais cotoyé à Rouen, c'est lui qui m'a présenté à Michaël Medioni, le président de l'époque, et fait entrer au NHCA pour une aventure qui a débuté en D3 et se poursuit maintenant en D1 six ans plus tard.

On te connais mieux sous le pseudo "Scal", tu peux nous dire ce que cela signifie ?
Ce sont tout simplement les quatre dernières lettres de mon prénom. Ce choix remonte à la glorieuse époque de LJDH.com où un autre Pascal «sévissait» déjà sur le forum et le tchat. Pour éviter tout risques de confusion j'avais raccourci mon prénom. Depuis, c'est resté et j'utilise ce pseudo systématiquement sur tous les forums où j'interviens. J'y adjoins parfois ce qui est également devenu mon numéro fétiche depuis mon passage dans le Sud-Ouest: le 64.

Quel est ton rôle au sein des Aigles de Nice ?
Je siège au comité directeur du NHCA depuis la saison 2004/2005. Pendant les quatre années de D2, j'étais en charge de l'administratif concernant l'équipe première (prise des licences, organisation des déplacements, contacts avec les clubs adverses, etc...). J'assurais aussi les relations presse, la tenue de la table de marque et bien sûr la gestion de www.nicehockey.com.

Justement, à propos de la gestion du site officiel, c'est un sacré boulot. Quand l'as-tu crée, es-tu seul à le gérer... Combien de temps passe t'on sur ce site pour qu'il soit en permanence à jour ?
Historiquement, la première version du site officiel du NHCA a été créé pendant la saison en D3 par Sylvain Girard. Je n'en ai pris la gestion qu'après son départ du club au moment de la montée en D2. Depuis, je suis seul aux manettes et j'y ai consacré un temps qu'il m'est assez difficile de quantifier mais qui est assurément considérable. La récompense, c'est de voir que la fréquentation progresse, même en période creuse. De recevoir des mails de félicitations ou de recevoir de vive voix ces mêmes compliments de personnes extérieures au club à l'occasion de déplacements. Mais je dois reconnaitre que, par manque de temps, je n'ai pu empêcher la qualité du site de baisser, notamment depuis le début de l'année. Heureusement, du sang neuf va arriver très prochainement pour redonner à notre site le dynamisme qui lui avait valu d'être désigné «meilleur site de D2» il y a deux ou trois saisons.

Parlons un peu des Aigles si tu veux bien. Nice nous fait penser plus au soleil et à la mer qu'au sport qui nous concerne, mais on a pu voir que les Aigles, avec cette qualification pour les play off de D1, savaient bien manier le palet et faisaient de plus en plus parler d'eux dans les médias. Comment est perçu le hockey à Nice ? Les gens ont-ils conscience d'avoir une bonne équipe là-bas ?
Le hockey à Nice est malheureusement encore trop confiné dans un univers de connaisseurs où le bouche à oreille est encore le meilleur vecteur tant pour remplir les gradins que pour intéresser des jeunes à pratiquer ce sport. Lorsque je suis arrivé à Nice en 2003, j'ai bien évidemment parlé du hockey et du club à mes nouveaux collègues et j'étais très surpris de découvrir que certains d'entre eux ignoraient même jusqu'à l'existence d'une patinoire à Nice, alors du hockey...

Nous avons encore beaucoup de travail à fournir auprès des médias locaux pour que le hockey soit reconnu à Nice et alentours, mais le fait que, depuis deux saisons, des médias comme Nice Matin, Nice Premium, WebTV Nice ou Nice Radio viennent spontanément à notre rencontre pour relayer notre actualité est positif. Il faut continuer sur cette voie pour que France 3 Méditerranée soit également présente à tous les matches indépendamment de leur enjeu.

Malgré ce confinement, vous avez un club des supporters et on sent au travers des forums de hockey qu'il y a de l'engouement pour le club localement.
Effectivement, nous avons un club des supporters présidé par Régine Richard depuis la saison 2005/2006, qui organise des déplacements et qui tient une boutique pendant les matches où l'on peut se procurer des produits dérivés aux couleurs du club.

C'est certain, il y a de l'engouement pour le hockey à Nice, mais on est encore loin de ce qu'on trouve chez nos voisins montagnards ou dans les grands clubs comme Grenoble, Rouen ou Amiens. Nos affluences à Jean Bouin sont trop souvent influencées par les matches de Ligue 1 de football à Nice et à Monaco. Un Nice vs Gap sur glace ne fera pas le poids si on a le PSG ou l'OM en visite au Ray ou à Louis II en même temps. Malgré tout, depuis deux ou trois saisons, les bons résultats ont permis de fidéliser plus de spectateurs et certains hésitent moins à prendre leur voiture pour monter à Avignon, Gap, Valence ou Montpellier. Il est vrai que l'arrivée en D1 avec plus de clubs proches de Nice a favorisé aussi ce dernier point, lorsqu'on se souvient que le plus court déplacement en D2 c'était à Lyon.

Je crois qu'il y a eu des entraides entre supporters de foot et le hockey. Tu peux nous raconter ?
Oui, depuis trois ou quatre saisons, les membres de la BSN sont régulièrement invités à la patinoire pour des occasions spéciales comme la Coupe de France ou les play-off. On peut même trouver sur youtube des vidéos de l'ambiance mise pendant la rencontre face à Grenoble en 2007. C'était énorme, malgré la défaite, ils ont chanté de la première à la dernière seconde du match et ovationné l'équipe à la fin du match. Nos Swedish n'en croyaient pas leurs yeux ni leurs oreilles et depuis ils en redemandent encore.

Ces expériences ont abouti cette année à la création du premier kop dans la patinoire. Même si ça reste encore assez limité dans le nombre, ils se font déjà bien entendre et ça finira forcément par attirer plus de monde. Le kop de l'Ile Lacroix était à peine plus nombreux à l'époque où j'ai découvert le hockey, il n'y a pas de raison que ça ne prenne pas non plus à Nice. Les joueurs n'attendent que ça...

Comment as-tu vécu la montée de deuxième à première division ?
C'est assurément l'un de mes meilleurs souvenirs pour ne pas dire le meilleur. Avant la finale, personne ne croyait en Nice à part nos supporters, nos joueurs et le staff. On est arrivé à Charlemagne comme les victimes désignées des Lions. Après trente minutes de jeu, les gars ont su trouver les ressources nécessaires pour renverser en moins de deux minutes un déficit de deux buts. Avec le recul, c'est facile de dire que c'était génial, mais j'avoue que pendant le match on n'en menait quand même pas large sur le banc avec les autres membres du staff. On est passé par toutes les couleurs et pendant les dernières minutes on était carrément en apnée mais quelle libération après. Même si ce n'était que de la D2, l'intensité du moment a fait que ça restera inoubliable.

Pour une première saison en D1 vous parvenez aux play offs, une sacré performance non ?
Une très belle performance surtout lorsqu'on se souvient qu'il a fallu attendre la dixième journée pour gagner le premier match et que notre infirmerie a trop souvent fait le plein, qui plus est avec des joueurs clés. Les deux blessures de Daniel Svedin et d'Erik Broman (qui a raté 13 matches sur les 29 joués par le club) auraient pu avoir des conséquences plus fâcheuses.

Quel est l'objectif de Nice dans les prochaines années ?
Au niveau du hockey majeur, maintenir le club en D1 avant de pouvoir envisager mieux. Actuellement nous n'avons ni les structures, ni les moyens, ni l'encadrement suffisant pour viser plus. Au niveau du mineur, on va engager une équipe en catégorie U22 pour enfin combler la brêche entre les U18 et la D1 et bien sûr, on va poursuivre le travail effectué par Peter Almasy pendant ses cinq années passées à Nice. La tâche n'est pas simple mais David Meister et Sylvain Roy ont déjà réalisé un gros travail cette année, notamment avec nos U18 qui ont pris la quatrième place de la finale Excellence, les U15 qui se maintiennent en Elite et ainsi de suite jusqu'aux U9 qui ont donné de bons motifs de satisfaction.

Qu'est ce qui est plus difficile pour toi ? La défaite ou de voir les joueurs partir en fin de saison...
Je n'aime pas perdre, je reconnais même être plutôt mauvais perdant à chaud. Ceux qui me connaissent le savent bien. Malgré tout, j'accepterais toujours plus facilement de perdre la tête haute contre une équipe supérieure et contre qui on a tout donné que de perdre à cause d'un manque de motivation, ou parce qu'on a sous-estimé l'adversaire ou encore sur une erreur d'arbitrage qui fait pencher le match en notre défaveur.

Concernant les mouvements des joueurs en fin de saison c'est un phénomène qui existe dans tous les sports, ça fait partie du jeu et on ne peut pas l'empêcher. Avec le temps je m'y suis habitué, même s'il y a des joueurs que je regrette forcément plus que d'autres que ce soit pour leurs qualités dans le jeu ou hors de la glace.

Je crois que tu as du faire des sacrifices cette saison ?
Oui en effet, les aléas de la vie professionnelle m'ont malheureusement éloigné de Nice juste après le titre gagné à Lyon en 2008. D'abord à Marseille et depuis le mois de février en Région Parisienne. Cela ne m'a pourtant pas empêché de rester très impliqué au club puisque je n'ai pas manqué un seul match à domicile de toute la saison. Pour 2009/2010, le président Jean-François Ropart et les autres membres du comité souhaitent que je continue à m'impliquer dans le club, malgré la distance qui nous sépare. Je les remercie tous de ce témoignage de confiance et conserverais donc mes fonctions au sein du comité directeur, mais avec malgré tout moins de présence dans le 06 à mon grand regret. Au moins, en étant à proximité de Neuilly, Cergy et Courbevoie, ça me permettra de voir au moins trois déplacements des Aigles. Et puis je pourrais aussi en profiter pour aller voir d'autres matches de D1 pour me faire une idée des forces en présence.

Que peut t'on souhaiter aux Aigles ?
De devenir un grand club, tant au niveau seniors que chez les jeunes. Mais ça ne se fera pas d'un simple claquement de doigts et demandera encore beaucoup d'énergie, de sacrifices et l'adhésion de tous pour atteindre ce but.

Une anecdote à nous raconter ? Un souvenir particulier ?
Avec plus de vingt ans dans l'univers du hockey, j'aurais de quoi écrire un roman avec mes souvenirs. Pêle-mêle je citerais plus ou moins chronologiquement les meilleurs souvenirs qui me viennent à l'esprit : le premier titre des Dragons face à Grenoble, celui acquis en mort subite contre Brest. Il y a également ce but de la victoire marqué par les Bleus à la dernière seconde d'un France vs Russie en amical à l'Ile Lacroix. La venue de Jaromir Jagr à Rouen avec Bolzano pendant le lock-out de la NHL en finale de la Ligue Européenne. Le maintien de Bordeaux en D2 acquis au dernier match de play-down 2002 après une saison très difficile. Mon unique participation à un match officiel en Coupe de France avec Nice contre Briançon, bien sûr j'avais ciré le banc tout le match mais c'était génial d'autant qu'en face il y avait Rycroft en gréviste de luxe de la NHL. Mais le numéro 1 à l'heure actuelle c'est bien sûr le titre de Nice acquis à Lyon il y a un an.

Que peut t'on te souhaiter ?
De revenir à Nissa la Bella aussi vite que possible pour continuer, de l'intérieur, cette belle aventure avec les Aigles.

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