Hockey Hebdo : Bonjour Jon, pour Hockey Hebdo, je souhaite te poser quelques questions. Tout d’abord, merci de nous accorder de ton temps. Tu viens de vivre 3 saisons du côté de Morzine. Retour à Rouen après ton passage à Amiens, ton sentiment sur ce retour ?
Jonathan Zwikel : J’éprouve de la joie, je suis content de revenir à Rouen. Je suis parti il y a 14 ans, j’étais encore junior. Je viens donc boucler la boucle après avoir parcouru mon propre chemin. J’ai quitté Rouen pour les raisons que l’on sait ou plutôt, pour celles que les gens qui suivent le club depuis longtemps savent. A l’époque, il n’y avait pas de places pour les jeunes Français formés au club. Nous n’existions tout simplement pas aux yeux des dirigeants. J’avais donc saisi l’opportunité de rejoindre Reims, club du haut de tableau, mais qui faisait confiance aux jeunes. La recette de Reims était d’aligner des internationaux, des bons étrangers et des jeunes joueurs prometteurs (il y avait mes amis les Rozenthal, Mortas…). C’était à mes yeux un bon mixte car nous les jeunes étions bien entourés. Donc voilà, j’ai parcouru mon propre chemin. En tout cas, aujourd’hui, quand je me retourne, je n’ai pas de regrets, j’ai fais mes choix ce qui, je pense, était le mieux pour moi et aujourd’hui c’est la même chose. Je suis très très heureux de rentrer.
| Photo : Laurent Lardière / Hockey Hebdo | | H. H. : Il y avait une volonté des 2 parties de te voir arriver à Rouen. Sais-tu quel rôle tu auras avec les Dragons ?
J. Z. : Avant, à l’époque où j’étais junior, les jeunes n’avaient pas l’opportunité de jouer et de se montrer, mais maintenant si. Aligner de très bons étrangers et des internationaux d’expérience avec des jeunes issus du centre de formation, c’est pour moi la formule à suivre. C’est un projet cohérent avec lequel je suis en adéquation. Alors voilà, j’aurais un rôle auprès des jeunes. J’aimerais être la personne que j’aurais voulu avoir comme partenaire il y a 15 ans. Ce qui est sûr, c’est que j’aime cette idée. Etre avec les plus jeunes n’est pas un problème pour moi ! Au contraire, Luc (Tardif Jr) a 9 ans de moins que moi et on s’entend à merveille !
H. H. : Gaëtan (préparateur physique) t’a-t-il fourni un programme particulier à suivre cet été ?
J. Z. : Il travaille sur un programme. En ce moment, je suis pas mal occupé avec mon déménagement et lui-même est débordé. Mais on a discuté ensemble afin qu’il adapte un programme lié à mes caractéristiques physiques et aux blessures que j’ai pu avoir par le passé. Pour le moment, j’ai suivi la préparation que je fais tous les ans, ça fait 3 semaines que j’ai repris.
H. H. : Je pense que tu trouves tout cela très professionnel. Adapter un programme individuel et personnalisé est-il le meilleur moyen de progresser ?
J. Z. : Bien sûr, c’est super. Le staff a pris conscience de certaines choses. Le hockey professionnel maintenant, c’est des programmations sur 12 mois. Si on veut se rapprocher des grandes nations européennes, il faut passer par là. Ne rien faire pendant 5 mois, c’est aberrant, ça ne peut plus exister. Donc je trouve ça très bien que le staff pousse ses futurs joueurs à suivre ce programme.
De plus, c’est super pour les jeunes. Le fait de proposer un programme estival pour les jeunes est un moyen de les « pousser au cul » 2 fois par jour. Ils ont une chance énorme. Des personnes professionnelles qui viennent juste pour toi, pour te guider, c’est un luxe, une superbe opportunité pour eux de progresser.
H. H. : Quel est ton avis sur le recrutement Rouennais de cette intersaison ?
J. Z. : Le RHE a recruté de bons défenseurs étrangers. C’est une volonté du club que de s’orienter vers des défenseurs défensifs, simples et physiques à la fois. Ce n’est pas une mauvaise chose à mon avis. Ensuite, je connais bien Julien Desrosiers pour avoir évolué avec lui en EDF. Pour moi, c’est le meilleur joueur du championnat.
Concernant Marc-André et Carl, cela fait 4 ans qu’ils sont en France maintenant. Ils sont capables de choses exceptionnelles, de faire la différence à n’importe quel moment, on le sait. Maintenant Eric, c’est pour moi quelqu’un que je respecte tout particulièrement, un joueur exceptionnel, respectueux, qui donne toujours le meilleur de lui-même, avec un respect total de l’adversaire.
Concernant Fabrice (Lhenry), c'est un super mec d'équipe et en plus, un gardien hors norme. J’ai pu le lui dire aux mondiaux à Berne. Il est comme le bon vin, plus il vieillit, meilleur il est!!!
Ensuite, au-delà du talent des différentes individualités, c’est l’alchimie entre nous tous qui fera que nous serons une bonne équipe ou une équipe exceptionnelle.
Il y a autre chose, le talent ne nous dispense pas du travail non plus, c’est le talent plus le travaille qui paye.
Pour continuer sur le recrutement, Ilpo est le genre de joueur qui manquait à Rouen je pense, un parfait complément par rapport aux joueurs déjà en place. | Photo : Laurent Lardière / Hockey Hebdo | |
Luc et Jérémie possèdent une grosse marge de progression. Pour moi, Jérémie a un potentiel énorme, il doit continuer à bosser et ça se passera bien pour lui dans l’avenir. Quant à mon frère, il a super bien fini la saison, je pense qu’il va passer encore un cap et être un des tous meilleurs joueurs français la saison prochaine. Pour les autres jeunes, je les connais moins mais il paraît qu’ils sont bons, j’ai hâte de les découvrir.
En tout cas, avec tout ces talents, un bon esprit d’équipe et du travail, on fera de belles choses tous ensemble.
H. H. : Connais-tu les nouveaux coaches Christian Pouget et Rodolphe Garnier? As-tu eu des contacts avec eux ? Sais-tu comment ils vont gérer les choses ?
J. Z. : J’ai parlé avec les deux. Leur discours me plait. C’est bien de donner la chance à des entraîneurs français, ça manque dans notre championnat. Leur challenge est beau car il y a un aspect à court terme, qui est la « Gagne » car on parle bien sûr de Rouen. Ici, c’est une culture ! Mais il y aussi un aspect à plus long terme avec le développement des jeunes. Ce double travail est très intéressant et surtout, est loin d’être incompatible.
Et le but ce n’est pas de les faire jouer tout simplement pour faire beau, mais afin qu’ils soient des joueurs majeurs de Rouen, voir même, pour les meilleurs, qu’ils accèdent à l’EDF et à des clubs étrangers.
Personnellement, je suis en harmonie avec cette philosophie, alors si je peux aider, j’essayerai de le faire au mieux.
H. H. : Sinon, tu es là pour 1 an ou plus ?
J. Z. : Je suis là pour finir ma carrière à Rouen. 1 an dans un premier temps et si mon corps répond présent, pourquoi pas 1 an de plus ?!? En tout cas, arrivé à mon âge, on ne peut pas planifier sur plus d’un an. C’est selon le corps. Il faut y aller année par année.
H. H. : Certains supporters ont déjà hâte de voir évoluer cette 3e ligne Rouennaise internationale avec Jérémie et Luc. Hâte d’y être ?
J. Z. : C’est sûr. Je pense que pas mal de clubs signeraient pour avoir une troisième ligne comme ça ! J’ai cru comprendre que c’était prévu de nous aligner ensemble. Associer de jeunes talentueux avec un joueur d’expérience ne peut être que bénéfique. Je suis à Rouen pour prendre du plaisir, m’amuser avec mes coéquipiers et bien sûr gagner ! Je donnerai tout sur la glace pour que l’équipe gagne. Luc, Jérémie et moi-même avons des caractéristiques complémentaires. Et puis ça ressemble au trio que nous avions avec TiLuc et Sacha (Treille) en EDF, ça marchait pas mal je crois.
H. H. : On annonce des joueurs de caractère cette saison dans le vestiaire rouennais ? Comment vois-tu cela ? Et comment envisages-tu ta place au sein du groupe ?
J. Z. : Nous avons tous nos caractères et un bon joueur de hockey est rarement un mouton ! Me concernant, je serai moi-même, je ne vais pas changer à 34 ans. Je viendrai avec beaucoup d’humilité car je suis nouveau dans le vestiaire, je vais d’abord écouter et observer. Je respecte tout le monde, j’essayerais de faire mon petit trou tranquillement.
Je suis là pour vivre une belle aventure avec mes 20 coéquipiers dans la bonne humeur et le travail. Mais quoi qu’il arrive mieux vaut trop de caractère que pas assez, ça c’est certain.
H. H. : Que souhaites-tu cette saison sur le plan personnel et bien sûr collectif ?
J. Z. : Collectivement, que l’on prenne du plaisir tous ensemble. Ce que tu retiens d’une carrière, ce sont les rencontres, les hommes et pas forcément les trophées. C’est quelque chose qui te touche au plus profond de toi-même. Les titres viendront ensuite c’est certain. Si on prend du plaisir et on se donne à 100% à chaque sortie sur la glace, notre bonheur rejaillira sur le public qui attend que ça de nous. J’espère qu’on saura donner du plaisir aux gens. Si on y arrive, c’est que l’on aura réussi notre saison et je vous le dis, les trophées ne seront pas loin, c’est certain.
Personnellement, je suis là pour prendre du plaisir avant tout car ce sont les derniers moments de ma carrière. Mais le plaisir, je ne le prends que quand je suis performant, c’est évident. Je veux donc être le meilleur possible, tout donner pour l’équipe et GAGNER car je suis très très très mauvais perdant !!!!!!! J’ai pris ma retraite internationale, je vais donc me consacrer à mon rôle au sein du RHE. Je ne viens pas à Rouen pour briller individuellement ou pour me la raconter, je viens pour donner le meilleur de moi-même et vivre une aventure, la dernière en tant que joueur de hockey, alors espérons qu’elle soit la plus belle possible !
H. H. : Un mot pour les supporters de Rouen ?
J. Z. : Pour commencer, on va apprendre à se connaître. Je sais que j’ai une image négative envers certains de mes adversaires et j’assume totalement. Je sais que je suis capable d’exaspérer mes adversaires et leur public. Je suis parfois vraiment mauvais sur la glace car je ne sais pas perdre. Je ne suis pas fier de ça, car parfois, je le regrette à froid mais c’est comme ça, je suis comme ça. Mais entre la glace et la vraie vie il y a une grande différence et j’espère que les gens remarqueront cette différence petit à petit !!!!!!. Je leur donne rendez-vous en Août et j’ai déjà hâte d’y être.
H. H. : C’est vrai que les gens ont cette image de toi. Mais n’est ce pas ce que l’on demande à voir dans ce sport ? Des mecs de caractère qui vont au charbon ?
J. Z. : Je ne suis pas stupide. J’ai une image qui peut énerver mais ça ne reflète pas la vraie vie. Tu peux être sûr que je vis le truc à 100% sur la glace. J’ai toujours joué avec le cœur, avec les sentiments, c’est comme ça que j’avance. Je ne jouerai pas autrement, c’est ma nature. Quand je défends des couleurs, je le fais de manière totale et exclusive. Alors ce sera encore plus fort cette fois, car Rouen c’est mon club, celui d’où je viens.
H. H. : Parle-nous de ton programme estival ?
J. Z. : Là, je suis sur la route. Je quitte définitivement Morzine aujourd’hui (dimanche 14 juin). Nous rejoignons ma mère et mon beau-père avec ma femme et mes enfants à Louviers. Ensuite, départ vers l’île d’Yeu en famille puis un passage chez mon père à Bruxelles puis à Beauvais chez les parents de ma femme pour enfin se poser à Rouen mi-juillet. On sera beaucoup sur la route cet été. J’aurai un endroit pour m’entraîner partout où nous irons cet été, ce qui me permet de suivre mon programme de préparation.
Ensuite, j’emménagerai avec tout le monde à la Grand-Mare. Nous aurons un appartement avec ma femme et mes enfants. Mais il ne sera pas prêt en Août donc nous irons chez ma mère.
H. H. : Un mot pour les personnes de Hockey Hebdo ?
J. Z. : Merci à vous de faire vivre notre sport de la plus belle des manières. C’est bien qu’il y ait des gens qui mettent à jour quotidiennement les infos. Merci à Steph pour ces superbes photos ;-)
Je vous retrouve à la rentrée. N’hésitez pas si vous avez besoin de quoique ce soit.
H. H. : Merci Jon, bonnes vacances.
|