La Presse

Quelles sont les raisons qui poussent un joueur de hockey nord-américain à traverser l’Atlantique afin de poursuivre sa carrière sur le continent européen ? Jean Gagnon, ancien joueur de hockey professionnel, maintenant Directeur Général adjoint des Remparts de Québec, a accepté de jouer le jeu et de me donner quelques réponses en s’appuyant sur son expérience personnelle.

Jean Gagnon est un 52e choix au total lors du repêchage de l’Association Mondiale par les Racers d’Indianapolis, en 1976. Il n’a jamais porté les couleurs des Racers à cause du nombre limité de contrats que les équipes pouvait accorder dans ces années. Il s’est donc retourné vers les Nordiques du Maine dans la NAHL, pendant un an, avant de partir vers l’inconnu…

Ce n’est pas par manque de talent que Jean Gagnon est parti évoluer en Suisse, loin de là ! "J’ai passé 20 ans de ma vie en Europe. J’ai évolué pour de bonnes équipes là-bas et je ne regrette pas mon passage en sol européen".
Sa qualité première, son coup de patin ! Il était un joueur très fluide et cela lui a servi en Europe où le style de jeu est beaucoup moins robuste, mais tout aussi rapide. Il m’a aussi parlé du fait d’arriver dans un nouveau pays et de sa période d’adaptation : "Il est certain qu’en arrivant tu es méfiant, tu ne sais pas trop dans quoi tu t’embarques. J’ai dû prendre un bon 2 à 3 mois avant de redevenir ce que j’étais. Par contre, mes deux premières années à Fribourg m’ont fait découvrir que c’était super et que les qualités de vie allaient en ce sens".

C’est d’ailleurs grâce à ces deux années-là qu’il a pris la décision de rester sur le vieux continent. Ayant évolué pour des clubs comme Genève-Servette, HC Sierre et finalement Villard-sur-Ollon pour aider un ‘’chum’’ à lui, il a fait le tour de la Suisse et il vante même le professionnalisme de cette ligue. " Lorsque que tu viens d’ailleurs pour jouer dans ces équipes, tu es tellement bien traité. Prenons, par exemple, les voyages. Pour m’y rendre, je voyageais en ‘’business class’’ et tout était payé."
Lors de son retour au Québec à 44 ans, plusieurs offres sont venues à lui. Il reçut premièrement une proposition pour devenir assistant-entraîneur avec l’Océanic de Rimouski. Offre qu’il finit par refuser, parce qu’il voulait, pour une première fois en 20 ans, se sentir chez lui, à Québec ville, parmi les siens : "Mon plan A n’était même pas de revenir dans le hockey. J’avais déjà investi dans une compagnie de communication à Québec. Le hockey venait en deuxième à cette époque".

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Cependant, une seule offre pouvait faire craquer le nouvel homme d’affaires et c’est celle de Patrick Roy : "Il m’a proposé de devenir son dépisteur en chef avec les Remparts et, après y avoir bien réfléchi, j’ai accepté".
Maintenant, il occupe un tout autre poste au sein de l’organisation québécoise. Il est le bras droit de Casseau. Lorsque je lui ai demandé si son travail ne passait pas un peu dans l’ombre, vu qu’il travaillait aux côtés de Patrick Roy, il a été clair : " c’est une bonne affaire ! J’ai un travail à faire et je n’ai pas besoin d’être au ‘’front’’. Toute façon, je ne suis pas un gars qui aime travailler ainsi".

Il ajoute cependant qu’il n’est pas un de ceux qui disent toujours oui : "Je ne suis pas un ‘’yes man’’ ! Après, Patrick reste le patron et prend les décisions finales. Moi, j’aurai dit ce que j’ai à dire sur telle ou telle situation." Un petit mot sur la saison des Remparts À la fin de notre entretien, je n’ai pu m’abstenir de lui demander ce qu’il pensait de la saison en cours de son équipe : "Je suis satisfait de ce que je vois. Par contre, plus de régularité à l’attaque et de ‘’toughness’’ à la défensive seraient appréciés. Mais nous allons dans le bon chemin, j’en suis certain ! "