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Hockey sur glace - Ligue Magnus : Morzine-Avoriaz (Les Pingouins)
Hockey sur glace - Jérôme Baud, manager des Pingouins
 
Jérôme Baud est le manager des Pingouins de Morzine-Avoriaz
 
Morzine-Avoriaz, Hockey Hebdo Yann Conseil le 15/09/2009 à 13:55
Photo hockey Jérôme Baud, manager des Pingouins  - Ligue Magnus : Morzine-Avoriaz (Les Pingouins)
Photo : Yan Conseil / Hockey Hebdo

Le vendredi 4 septembre, Hockey Hebdo part à la rencontre du manager général de Morzine afin de faire un bilan sur l'été des Pingouins et qu'il nous explique pourquoi l'équipe a été autant renouvelée, mais aussi comment fonctionne ce club, le hockey mineur et le bilan des quelques années passées ! 

Hockey Hebdo : Bonjour Jérôme, alors tout d'abord, que peux-tu nous dire sur l'intersaison des Pingouins ?
Jérôme Baud : Nous avons connu une intersaison volontairement calme, car nous avons surtout surveillés les finances, nous avons fait très régulièrement le point au niveau financier, car ce côté prime sur le volet sportif ! Nous avons beaucoup travaillé avec les partenaires, la mairie et les supporters afin de savoir exactement où on allait, et seulement une fois que nous avions des certitudes dans le domaine, et qu'on pouvait redresser la barre, (car nous avons des problèmes financiers, nous sommes les premiers à le reconnaitre), une fois que nous étions sûrs, nous avons commencé notre recrutement en fonction de nos moyens, voire même en dessous de nos moyens. Nous avons voulu être très prudent et aussi payer les quelques créanciers que nous avons depuis les deux dernières années environs. Rien d'alarmant, mais nous tenions à réagir. Et nous pouvons affirmer avoir réagi vite et bien. 

HH : on sent une très grande volonté des dirigeants pour ne pas dépasser le budget annoncé, et beaucoup mettent en avant le sérieux des dirigeants morzinois. Quelle est ton point de vue à ce sujet ?
J.B. : Ici à Morzine-Avoriaz, on est dans un village, les dirigeants sont tous sur la place publique, sont connus de tous, dans leurs travail et affaires, et nous ne pouvons nous permettre de laisser couler le club. Nous aurions trop honte vis-à-vis de nos supporters, sponsors, de la mairie. Nous ne sommes pas des illustres inconnus qui, comme dans certaines villes, ont fait couler des clubs et ont pu s'évader dans la nature. Le contexte ici est très différent, Morzine est un village où l'on côtoie tout le monde du matin au soir, et nous n'oserions plus regarder les gens en face si nous faisions couler ce club qui nous a donné tant de bonheur. Il y a aussi tous les enfants à qui nous devons penser. C'est pourquoi nous jouons la prudence car nous nous interdisons de mettre le club en danger.  

HH : Avec le recul, quel bilan fais-tu de l'équipe 100% française ?
J.B. : Le challenge valait le coup d'être tenté, maintenant on avoue tous que nous ne le retenterons pas. On ne le refera pas car au cours de la saison sont ressorties toutes les lacunes du hockey français : à savoir le manque criant de réalisme offensif, le déficit physique en défense, même si on s'en ai finalement bien sorti, mais surtout le manque de relance offensive puisque nous avons peu de défenseurs à vocation offensive en France. Nous avons tout simplement manqué de ce que le hockey français manque. Cette expérience servira tout le hockey français, je le pense sans prétention, mais il est clair que nous ne le retenterons pas. De plus, je regrette que derrière la façade trompeuse du groupe de copains, que certaines tensions aient vu le jour sans être mises sur le tapis et cela s'est ressenti dans l'ambiance de cette équipe. 

HH : T'es-tu servi des manques constatés l'an dernier pour orienter le recrutement ? Ou alors est ce seulement l'aspect financier qui a décidé de cela ?
J.B. : Le recrutement résulte du mélange des deux aspects, pour les joueurs, nous avons des candidats en pagaille, j'ai des contacts privilégiés avec des agents de beaucoup de pays, sur des joueurs que nous suivons depuis quelques temps déjà. Tout simplement, sportivement on voulait changer de stratégie, puisqu'à Morzine on reconnait quand on fait des erreurs, et on en a fait une petite l'an passé. Nous sommes allés vers le meilleur rapport qualité/prix sur une sélection de plus de 300 joueurs, et je n'exagère pas! On s'est orientés vers les jeunes les plus prometteurs, on s'est aussi beaucoup penchés sur la mentalité, car l'an passé aussi nous avons regretté le manque de convivialité et le côté proche du public que les étrangers ont parfois. Les supporters l'ont fortement ressentit et on veut effacer la distance entre le public et les joueurs, que ce soit après les matchs ou dans la rue à Morzine. Il est important aussi dans notre village de savoir dire bonjour et de sourire aux supporters et bénévoles. 

HH : Cela a déjà été le cas lors de la saison 2005-2006...
J.B. : Oui c'est exact. Cette année-là on avait autant de problèmes côté étrangers que côté français, et cela a été du à une erreur de casting, avec des fortes personnalités, des nationalités trop différentes, beaucoup de prétentions, d'arrogance, et nous avons payé cash ces erreurs. La pression exercée par certains avait aussi été dure à appréhender.

Par contre, nous avions su tirer partit de cela puisque l'année suivante nous nous retrouvions en finale de ligue Magnus. Le contexte était très différent puisque nous avions aussi un immense sponsor -Expekt-, qui s'est retiré par la suite, et sans le soutient immense de ce sponsor, nous n'avions plus la même compétitivité de l'époque. Je tiens aussi à préciser dans cette interview, que Morzine ne paye pas sa finale de 2007, tout est réglé de ce côté là, et que le club fonctionne sur de très saines bases, avec de nombreux bénévoles, les responsables sont vraiment très bien entourés et c'est un plaisir que de travailler en équipe avec eux. Ce sont les deux seules petites choses que je me permettrai de rectifier, en effet notre bilan lors de la saison 2006/2007 fût équilibré (recettes de matchs à la hauteur des résultats!), seule la perte d'Expekt dans la foulée nous a été très préjudiciable, et ensuite je veux préciser que je suis bien entouré dans ce club, on recherche toujours plus de monde bien sûr mais je ne suis pas seul, bien au contraire. 

HH : Au vu des quelques matchs amicaux, peux tu nous situer le niveau de l'équipe par rapport à sa devancière ?
J.B. : Nous avons tout d'abord moins d'expérience, et cela peut jouer notamment lors de play-off, elle n'est probablement pas supérieure au niveau technique, n'oublions que nous avions les jumeaux Rozenthal et d'autres joueurs très doués techniquement, par contre physiquement nous serons supérieurs, les Canadiens ainsi que quelques gros gabarits voudront en découdre. Et puis l'équipe sera certainement plus motivée ; ce sont des jeunes ayant tout à prouver en Europe, et ce sont pour la plupart d'entre eux une première en dehors de leur pays. L'équipe de l'an passé était très impliquée sur la glace, mais nous aurons droit à plus d'agressivité cette saison, je pense. Porter un jugement définitif est impossible, l'effectif a été trop renouvelé, et puis nous avons énormément de blessés. Nous faisons face actuellement à une poisse incroyable. Mika Halava, Billy Bezeau, Antti Koponen, Loïc Gaydon se sont blessés ou le sont encore, Matt Suderman et Johan Älgekrans encore absents... Aucun match n'a été significatif. Mais je reste optimiste, car la roue va tourner et une fois notre équipe complète, je suis intimement persuadé qu'elle peut jouer les troubles fêtes. 

HH : Quand est venu l'idée de faire revenir Santeri en tant qu'entraineur-joueur ?
J.B. : L'idée ne m'a jamais quitté puisqu'avec Santeri on est toujours restés en contact. Il a d'ailleurs assisté Stéphane Gros il y a deux ans. Lorsqu'il est parti à Neuilly l'an passé, ce fut un crève-cœur pour lui comme pour nous, mais nous avons eu régulièrement des nouvelles et lorsque Stéphane a pris sa décision, ce fut le premiers à qui le nous avons pensé pour prendre les rênes de l'équipe. Il m’a dit au bout de 5 minutes qu'il était partant pour ce challenge, que de toute façon Morzine est son club et village de cœur. Nous sommes, le club et j'en suis sur le public, vraiment ravis qu'un tel joueur revienne dans notre station. 

HH : Nous avons pu voir les jeunes du club, Loïc Gaydon et Théo Mourin beaucoup jouer lors de la préparation, malheureusement Loïc s'est blessé, est-ce que les Morzinois pourront voir leurs chouchous avoir un temps de glace très significatif cette année ?
J.B. : Très significatif je ne pense pas, mais significatif oui ! Ils ont pu le voir puisqu'ils ont plus joué en 3 semaines qu'en 2 ans (1 an pour Théo), maintenant ils ont un niveau à atteindre notamment Théo qui est très jeune, car il est très difficile de s'incorporer à la Magnus. Loïc Gaydon méritait déjà un peu plus de glace, il va l'avoir cette année, malgré sa blessure, il va revenir mieux que prévu je pense, et Santeri a vraiment la volonté de les faire progresser. 

HH : Cela va un peu à l'encontre de ce que pouvait faire Stéphane Gros puisqu'on le voyait peu faire rentrer les jeunes, tel Loïc, ou bien Maxime Michaud à certains moments l'an passé...
J.B. : Il y a 2 optiques très différentes à ce niveau : Stéphane est un tel compétiteur qu'il avait du mal à donner du temps de glace aux jeunes, en effet soit Stéphane a confiance, et alors c'est gagné, soit il n'a pas confiance et alors là c'est dur de l'obtenir. Mais Santeri ira beaucoup plus volontiers dans ce sens, c'est certain. Il se le fixe en tout cas comme un de ses objectifs. 

HH : Nous avons pu constater la présence d'Alain Boisson en tant qu'assistant, comment est venue cette idée ?
J.B. : Santeri sera vraiment pris en tant que joueur cette année, d'autant plus que ce sera sa première expérience d'entraineur. Nous avons bien évidemment voulu l'entourer afin de le mettre dans les meilleures conditions. Il nous a soumis l'idée d'Alain, avec qui il a joué, ils se sont toujours très bien entendus, ils se respectent beaucoup. J'ai appelé Alain qui est très enthousiaste pour cette mission. Que les supporters et arbitres se rassurent, il est beaucoup plus calme et serein qu'il y a quelques années en arrière (rires). 

HH : Quels seront les attractions des Pingouins cette année ? Quels joueurs t'ont fait la plus belle impression?
J.B. : Dur à dire car c'est surtout le collectif que je surveille et notre équipe est très homogène cette saison, mais je pense à Erik Hjalmarsson, un très bon joueur qui a un style de jeu très agressif, c'est un vrai guerrier qui va plaire au public, Johan Älgekrans, qui a joué avec Erik, et qui voulait venir faire une saison en France. Il vient pour des conditions salariales assez exceptionnelles, mais la station de Morzine l'attire, et nous aurons la chance de voir évoluer sous nos couleurs un joueur qui est un très bon pointeur d'allsvenskan, le championnat d'où venait il y a quelques années Johan Forsander, pour situer le niveau. Nous aurons aussi Matt Suderman, un très bon défenseur drafté en NHL il y a quelques années, gros gabarit, qui voulait partir du contexte où il évoluait, où il se battait beaucoup car c'est ce que lui demandait son entraineur, il risque de nous apporter énormément. Ensuite tous les jeunes qui sont arrivés vont étonner, car ce sont de très bons joueurs, et Santeri se régale de diriger un tel groupe qui ne demande qu'à progresser. 

HH : On a vu Mike Brodin capitaine lors des matchs amicaux, c'est un très bon joueur, tout le monde connait son caractère explosif, est-ce un bon choix selon toi ?
J.B. : Mike est un joueur très intelligent qui sait canaliser son jeu. Ce qui ressort à son sujet, c'est qu'on n'aime pas jouer contre lui, mais on adore jouer dans son équipe. Tout le monde, les équipes où il est passé disent pareil. Depuis l'an passé il montre une maturité et un grand sens des responsabilités, tous les nouveaux arrivants peuvent le confirmer, il a beaucoup fait pour intégrer les nouveaux sur et en dehors de la glace, il s'est montré très précieux, et il mérite sa place de capitaine, et je ne me fais vraiment pas de souci à ce niveau. 

HH : Il y a aussi maintenant un grand ancien qui entame sa sixième saison, Christian Elian, toujours présent, impliqué dans le hockey mineur, que peux-tu dire à son sujet ?
J.B.; Très bon élément pour le club, tout d'abord un bon joueur, qui se prépare mieux physiquement, car il se rend compte que la ligue Magnus évolue chaque année, il remplit son rôle et respecte les consignes. Ensuite il fait un très bon travail dans le hockey mineur, il travaille au bureau aussi pour la logistique. Un très bon élément qui s'occupe aussi de l'intégration des nouveaux puisqu'il connait tout du village maintenant. On peut dire qu'il est devenu Morzinois, par la force des choses! (sourire). 

HH : On a pu voir des résultats impressionnants pour le hockey mineur, on sent un vivier très fort dans ce club, cela doit être un motif de satisfaction à ce sujet, qu'en pense-tu ?
J.B. : je suis époustouflé par ce qui se fait chez les jeunes, on a des résultats bien au-delà de nos espérances. Certes, on a la locomotive qui les tire, mais on a surtout des bénévoles, des entraineurs qui font un travail formidable, et je regrette qu'on ne mette pas plus en avant cela, car je suis, et tous les dirigeants avec moi, intimement convaincu que l'équipe fanion sera dans quelques années alimenté par ces jeunes qui sont vraiment la base du club. 

HH : Pour finir, quel regard portes-tu sur l'avenir de Morzine en hockey, on a entendu parler de contact s avec Chamonix, les projets de la fédération sur l'avenir du hockey français...?
J.B. : Concernant Chamonix, M. Bibollet a pris contact avec François Garnaud, et c'est une très bonne chose, afin d'évoquer ce sujet, mais ce n'est actuellement pas une priorité, car la distance présente un obstacle pour le moment majeur. Nous n'excluons rien pour le moment, l'avenir nous dira comment on doit évoluer. La fédération a de grands projets : amener le hockey dans les grandes villes, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain car avant ces clubs doivent montrer leur capacité à participer à ce championnat, on voit bien les clubs parisiens, Lyon. Ils ont toutes les peines du monde à arriver à ce niveau! Ensuite la Haute-Savoie a une culture de hockey très grande. Le seul bémol est que dans notre microcosme, nous ne pouvons pas, ou très peu, attirer de sponsors à envergure nationale, et cela est assez préjudiciable. Mais nous sommes accrochés en Magnus, notre plus mauvais résultat est huitième, et nous nous battrons pour rester le plus haut possible dans la hiérarchie.


Note de l'auteur : Ce fut un entretien très riche avec un interlocuteur passionné qui vibre vraiment pour son club, reconnaissant ses erreurs, voulant faire évoluer le club tout entier, et nous pouvons lui souhaiter de continuer, avec tous les bénévoles, entraineurs et dirigeants, à faire rêver tous les supporters des Pingouins.


Retrouvez toute l'actualité des Pingouins sur leur site officiel

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Réactions sur l'article
 
Cool a écritle 15/09/2009 à 23:26  
Et puis je trouve bien de parler d'un club comme les Pingouins, on a parle jamais trop
Là au moins il y a de quoi faire
gregos a écritle 15/09/2009 à 18:19  
super interview yann
j'ai hate de te relire plus souvent et vivement ce soir ou j'espere beaucoup de supporter venir nous aider pour faire du bruit et porter cette jeune equipe qui a du potentiel
avec "les givres de la banquise"
Gégé a écritle 15/09/2009 à 16:41  
C'est sérieux là. Je ne connaissais pas le personnage, on apprend plein de trucs. Sympa à lire
Greg74 a écritle 15/09/2009 à 15:26  
Oui vraiment sympa et très instructive!
Vivement ce soir et le coup d'envoi.
senators a écritle 15/09/2009 à 14:37  
Vraiment une chouette interview ! Très intéressante !
 
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