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Hockey sur glace - Ligue Magnus : Grenoble (Les Brûleurs de Loups)
Hockey sur glace - Josef Podlaha : Mon coeur est grenoblois !
 
8 ans après son dernier match sous le maillot grenoblois, Josef Podlaha va retrouver l'Elite tchèque en tant que Manager de son club d'Olomouc en République Tchèque.
 
Grenoble/Olomouc, Hockey Hebdo Jean-Christophe Salomé le 06/07/2014 à 07:30
Photo hockey Josef Podlaha : Mon coeur est grenoblois ! - Ligue Magnus : Grenoble  (Les Brûleurs de Loups)
photo: hc-olomouc.cz

Tu es maintenant manager sportif du club d’Olomouc.

Quand j’ai terminé ma dernière saison à Grenoble, j’ai commencé à faire "agent de joueurs", pendant un an. Comme je connaissais le propriétaire de l’équipe d’Olomouc, il m’a proposé de travailler pour lui. Cela fait maintenant 7 ans.


Comment cela se passe ?

Très bien. Cette saison, le club remonte en élite tchèque. C’est du très haut niveau, très fort. On est maintenant une des meilleures équipes de République Tchèque (rires). C’est pas mal !              


Quel est ton rôle ?

Je suis responsable du secteur sportif de l’équipe. Comme on est une petite équipe, on n’est pas le PSG, je fais un peu de tout, du matin au soir et les week-ends. Je suis aussi responsable de tout le hockey mineur. J’ai beaucoup de travail (rires), mais ça me plaît, c’est ma vie, le hockey sur glace. J'ai eu beaucoup de chance de pouvoir rester dans le sport.


Est-ce que c’est plus facile quand on a été joueur ?

Oui, bien sûr, dans le contexte sportif. Mais pour chaque sportif, c’est très difficile de recommencer une vie après une carrière. Tout le monde n’a pas la possibilité de rester dans le sport.
Je me suis préparé pour rester dans le hockey. J’ai joué dans plusieurs pays et équipes différentes. J’ai pu voir comment cela fonctionnait dans les autres équipes, de l’Allemagne, à l’Italie et bien sûr Grenoble. Je suis moitié Grenoble, c’était mon « Eden ». C’était très bien, avec les gens, les supporters… j’ai beaucoup de bons souvenirs en France, surtout à Grenoble.


Photo hockey Josef Podlaha : Mon coeur est grenoblois ! - Ligue Magnus : Grenoble  (Les Brûleurs de Loups)
photo: Jean-Christophe Salomé
Es-tu revenu à Grenoble depuis que tu as arrêté de jouer ?


Oui, je suis revenu tous les ans, mais pas depuis 3 ans, je n’ai pas eu le temps. Je suis revenu pour voir les amis, et les montagnes, ça me manque, vraiment ! Les 7 Laux, le ski avec l’équipe, tout était trop bon.


Comment as-tu appris ce métier ?

Un peu partout. J’ai eu beaucoup d’expériences en tant que joueur. Ca m’intéressait de voir comment cela fonctionnait, je parlais souvent avec les managers quand j’étais joueur. Le rôle d’entraîneur, ce n’est pas ma tasse de thé, je suis meilleur dans le management (rires). Je ne m’occupe pas que du côté sportif, je travaille avec les sponsors, les médias. Nous ne sommes pas une assez grosse équipe pour avoir beaucoup de personnel. Nous sommes 4 ou 5 pour faire tout le travail et gérer 11 équipes dont l’équipe senior. Nous sommes dans une certaine euphorie à Olomouc avec la montée du club en élite, cela fait 17 ans qu’Olomouc n’a plus joué en Elite. Cela nous donne beaucoup de travail, afin de tout faire pour pouvoir y rester le plus longtemps possible. Mais c’est beaucoup de plaisir.


Quel est le budget du club ?

On a joué avec un budget de 20 millions de couronnes, soit 1 million de dollars ou 800 000 euros. Ce budget représente tout le club, pas seulement les salaires de l’élite. En Elite, il faut le triple pour pouvoir bien jouer, et ce n’est pas facile de trouver 2 millions d’euros en Tchéquie avec la crise. J’espère que l’on va réussir.
Notre qualification était un peu miraculeuse. On joue la qualification avec les 2 derniers de l’Elite et les 2 premiers de la division, dont nous. On a battu Chomutov, qui est une équipe très riche, ainsi que Kladno, qui est l’équipe de Jagr, Plekanec. Ils sont descendus car nous étions meilleurs, c’est miraculeux.


Quand tu as quitté Grenoble, c’était ta décision d’arrêter ?

C’était une décision logique, vu mon état de forme et les blessures. La dernière saison, j’ai joué sur une jambe, je ne me suis pas beaucoup entraîné. Ce n’était pas une bonne saison pour moi. De plus, mon fils était en âge de rentrer à l’école. Je voulais qu’il commence l’école chez nous, en République Tchèque, à la maison. Je suis un grand patriote, je voulais rentrer chez moi. La décision n’était pas trop difficile. Cela ne me manque pas trop. C’était magnifique, j’ai arrêté à l’âge de 34 ans. Mon corps m’a dit d’arrêter, le mental également. J’ai eu des propositions pour jouer en France ou en République Tchèque, mais mon corps ne pouvait plus.


Photo hockey Josef Podlaha : Mon coeur est grenoblois ! - Ligue Magnus : Grenoble  (Les Brûleurs de Loups)
photo: Jean-Christophe Salomé
As-tu été beaucoup sollicité par d’autres clubs pendant ta carrière ?


Oui, chaque année à Grenoble, j’avais des possibilités de jouer en Allemagne ou dans d’autres équipes. J’aurais pu gagner plus d’argent, mais j’étais si content de la ville, des supporters, du staff, que je n’ai jamais été proche de signer ailleurs. Je ne souhaitais que jouer à Grenoble et je ne regrette pas. Ca me plaisait trop, j’ai pu comparer avec mes précédentes expériences puisque j’ai joué en République Tchèque, en Italie, en Allemagne, en Autriche. Dès que j’ai commencé à jouer à Grenoble, je n’ai plus voulu jouer pour une autre équipe.


Comment es-tu arrivé à Grenoble ?

Beaucoup de chance. Je ne me souviens plus trop de l’année, en 95 je pense, je jouais à Milan en Italie, pas très loin de Grenoble. Cette année-là, Milan a joué à Courmayeur, de l’autre côté du Mont-Blanc. On ne s’est pas qualifiés pour les play-offs, Grenoble et Chamonix m’ont demandé de venir comme joker, c’était encore possible. Je ne voulais pas venir, mais ils ont insisté et m’ont demandé de venir pour faire 2 ou 3 entraînements d’essai. Comme ce n’était pas trop loin, j’y suis allé. Ils m’ont signé pour finir la saison et j’ai signé un contrat de 2 ou 3 ans ensuite.


Que retiens-tu de ton passage à Grenoble, quels souvenirs gardes-tu ?

Le collectif, le groupe, les gens, les Grenoblois, tous les coéquipiers qui m’ont aidé comme la famille Bachelet, Romain, Benoît et Simon, Jeff Bonnard Je suis toujours en contact avec eux, Simon va venir me voir pendant les vacances. Il y a trop de souvenirs, comme les succès et le titre en 98. C’était phénoménal. Je n’ai jamais eu de problèmes à Grenoble avec quelqu’un ou quoi que ce soit. Je suis peut-être français, j’ai regardé dans la famille mais je n’ai pas trouvé ! (rires)


Quels sont les joueurs qui t’ont marqué ?

(il réfléchit) En tant que Tchèque, Jaromir Jagr. Je ne veux pas citer quelqu’un, j’aurais trop peur d’en oublier. J’ai de très bons souvenirs avec les joueurs finlandais de Grenoble. J’ai toujours joué avec des Finlandais à Grenoble. Christian Pouget aussi, quand il est venu à Grenoble. Même pour moi, j’étais content de voir ce qu’il était capable de faire.


Les championnats du monde vont se jouer à Prague en 2015. Est-ce que … (il me coupe)

On va gagner ! Ici, le hockey est le premier sport avec le foot.


Et Jaromír Jágr qui a annoncé qu’il se retirait de l’équipe nationale ?  

Tout le pays espère qu’il va changer d’avis et terminer sa carrière lors des championnats du monde à Prague. C’est trop loin, il va peut-être jouer les play-offs en NHL.


Tu as le même âge que lui. 

Oui, il est un an plus jeune. En équipe nationale, entre 16 et 20 ans, on a fait quelques stages ensemble. J’ai un souvenir avec lui : quand on a fait les nominations pour l’équipe nationale 16 ans, il y avait 60 joueurs pour se qualifier. Jágr était sur ma ligne, c’était pas mal. J’étais au centre, il était ailier-droit. Je me suis qualifié car j’étais devant la cage de l’adversaire et il m’a donné 3 ou 4 passes.


Il joue toujours à 42 ans !

C’est énorme. Je sais comment je me sens, si je cours 50m j’ai mal partout. J’ai un énorme respect pour les joueurs qui sont capables de jouer à un bon niveau après 40 ans. Lui, c’est un génie. Il sait de quoi il a besoin, il sait ce qu’il faut faire, quand s’entraîner. Il s’entraîne parfois à 2h du matin parce que son corps le réclame. Il n’a jamais eu de grande blessure, parce qu’il est trop bon, trop fort et intelligent sur la glace pour ne pas se blesser.


Depuis que tu as arrêté, tu as continué de suivre les résultats de Grenoble ?

Bien sûr, tous les ans. De temps en temps, je regarde sur internet. J’échange des emails avec des supporters grenoblois, je suis très souvent en contact avec Simon Bachelet. Je sais tout ce qui se passe à Grenoble (rires). J’ai encore des contacts avec Nicolas Tomasini, les frères Treille.
Olomouc a joué contre l’équipe de France, l’été, à plusieurs reprises. Avant le match République Tchèque – France lors des mondiaux de Minsk, j’ai chambré William Libert par texto (responsable matériel de Grenoble), surtout qu’il y avait 3-0 pour la France après 5 minutes.
J’ai été très touché par les résultats de l’équipe de France à Minsk. C’était magnifique.


Justement, tu connais pas mal de joueurs qui ont joué et qui jouent encore en EDF.

Oui, j’ai joué avec Baptiste Amar, Laurent Meunier, Cristobal Huet, et j’en oublie. A l’époque, la République Tchèque gagnait, plus maintenant. Avant, il y avait 5 ou 6 nations qui dominaient le hockey sur glace, mais il n’y a plus de petite équipe maintenant. Les joueurs français jouent maintenant dans des championnats de très bon niveau, en Finlande, en Suisse… C’est bien.


Ton fils joue en U16. A-t-il envie de devenir joueur professionnel comme son père ?

Oui, peut-être plus. C’est un psychopathe ! (rires) Il ne pense qu’au hockey sur glace. J'essaie de le forcer à ne pas rester à la patinoire toute la journée, d’aller à l’école et d’apprendre un peu. Le hockey sur glace, ce n’est pas tout.
Il me fait plaisir, il est engagé, il joue bien, il travaille. Il va peut-être aller à Grenoble plus tard !


On reverra peut-être un numéro « 71 Podlaha » à Grenoble alors ?
(rires) Oui, j’ai pensé à ça. Ce serait énorme !


Tu penses qu’il peut faire une carrière professionnelle ou c’est encore un peu tôt ?

Oui, c’est encore tôt. Je n’aime pas trop quand on dit qu’un jeune de 5 ans, 10 ou 13 ans est très bon. J’ai souvent vu des mauvais joueurs devenir d’énormes joueurs en Sénior. Il a du talent, il a l’avantage d’être une machine, il est grand. La seule chose que je peux dire, c’est qu’il est meilleur que moi à son âge, mais je ne lui ai jamais dit. Je lui ai toujours dit que j’étais meilleur ! (rires)


Pour finir, veux-tu passer un message ?

A tous les Grenoblois qui supportent les Brûleurs de Loups, le staff, les anciens joueurs : Merci beaucoup !
Mon cœur est grenoblois, et c’est vrai.
 
 
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