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Hockey sur glace - LHJMQ - Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec : Acadie-Bathurst (Le Titan)
Hockey sur glace - LHJMQ : Mario Pouliot : "Jouer les séries c'est un privilège"
 
Entraineur du Titan d'Acadie-Bathurst, Mario Pouliot est un passionné du hockey qui a eu un parcours atypique. Rencontre avant les séries avec cet homme pour qui la famille, l'entourage et la passion du hockey sont des moteurs.
 
Dreux, Bathurst, MSL, Hockey Hebdo Baptiste Favre le 25/03/2016 à 12:00
HH : La saison régulière vient juste de se terminer. Quel premier bilan tirez-vous de cet excercice 2015-2016 ?

Photo hockey LHJMQ : Mario Pouliot : "Jouer les séries c
Daniel Doucet/Titan Acadie-Bathurst
C'est un bilan positif. Après la saison dernière on voulait améliorer notre offensive et nos unités spéciales. Sur ce dernier point, on voulait atteindre les 100 % (en additionnant l'avantage numérique et le désavantage numérique) et on y est arrivé. On termine 10ème attaque de la LHJMQ, on est un peu déçu du nombre de buts encaissés mais l'objectif était de se qualifier pour les séries éliminatoires. On voulait aussi continuer d'améliorer notre éthique de travail. On a bien joué au hockey cette année mais en début de saison il nous manquait des petites choses : un arrêt qui venait pas, des unités spéciales qui ne marchaient pas ou on ne capitalisait pas sur nos opportunités de marquer. On a eu aussi beaucoup de blessés (plus de 160 matchs) avec des joueurs clés comme Brisebois, Boivin, Trickett ou Morand. On a traversé beaucoup d'adversité mais c'est à ce moment là que notre gardien, Reilly Pickard a commencé à jouer avec de la constance ce qui nous a donné de la confiance et on a marqué des "gros buts". Dans notre division, on a battu de bonnes équipes comme Moncton pour les 5 derniers affrontements. Jouer les séries c'est un privilège. On sait qu'on va jouer une très bonne équipe de Saint John. On a rien à perdre et on va jouer sur nos qualités.

HH : L'an passé vous aviez manqué les séries éliminatoires. C'était impensable de les rater deux années de suite ?
 
Non. Je suis arrivé dans une phase de reconstruction totale que ce soit dans l'éthique de travail ou de l'identité d'équipe qu'on voulait créer. On a eu de bonnes séances de sélections, de bons choix au repêchage. L'an passé on a pris une décision d'échanger des joueurs qu'on aimait mais qui avaient une bonne valeur sur le marché comme Gosselin. On a récupéré des choix au repêchage et des garçons à potentiel comme Samuel L'Italien. L'échange majeur reste l'acquisition de Reilly Pickard en provenance de Baie-Comeau. On voulait avoir un bon gardien et on savait qu'on aurait du mal pour le repêcher. Ca va être un joueur important dans notre équipe pour le présent et pour le futur à court terme.

HH : Votre effectif est encore très jeune. Comment avez vous trouvé les prestations de Kuznetsov et Morand qui étaient attendus du fait de leur classement aux différents repêchages ?

C'est un peu comme on avait fait avec Jordan Maher l'an dernier. Quand on repêche un joueur il faut le faire pour ses qualités et l'utiliser pour celles ci. Ce sont des joueurs offensifs, on les a fait jouer avec des joueurs offensifs et en avantage numérique. On veut qu'ils jouent avec leurs aptitudes et que leur éthique de travail soit irréprochable. A partir de là, ils savent qu'on sait comment faire pour utiliser leurs qualités sur la patinoire. La seule erreur qu'ils pourraient faire est de ne pas travailler assez. Ce qui a aussi aidé Antoine et Vladimir c'est le fait que Christophe Boivin a réalisé sa meilleur saison dans la ligue (67 points). Il a explosé, connu une grande saison malgré une blessure qui l'a ralenti. Antoine Morand forme un excellent duo avec lui et avec Kuznetsov ça fonctionne bien. On sait en plus qu'Antoine et Vladimir seront normalement avec nous pour les 3 prochaines saisons et ça c'est positif.

Je n'oublie pas Jeffrey Viel qui a eu une progression incroyable par rapport à l'année passée. Il a travaillé très fort l'été dernier en gymnase et son coup de patin est réellement explosif ce qui fait qu'aujourd'hui il est beaucoup plus rapide. Il amène beaucoup d'énergie sur la glace, il n'a pas froid aux yeux et a de bonnes habiletés. Il termine la saison avec 33 buts (contre 8 l'an dernier) ce qui correspond à une progression incroyable. On peut ajouter le vétéran Mark Simpson et le Russe Daniil Miromanov qui était un agent libre que l'on a réussi à faire venir. Nos jeunes joueurs ont eu l'opportunité de jouer avec de bons joueurs offensifs et aujourd'hui on est une équipe capable de marquer des buts et d'être dangereuse offensivement, ce que l'on était pas l'an passé.

HH : Pour Kuznetsov c'était encore plus compliqué du fait qu'il vient d'Europe. Le fait d'avoir 2 débutants russes a aidé pour leur intégration ?
 
On avait même 3 russes si l'on compte Egor Popov qui était là depuis un an. Il a pu aider et guider Daniel et Vladimir dans leurs premiers pas de ce côté ci de l'océan. ll a pu leur montrer comment cela fonctionnait, leur faire connaitre la ville, la Ligue.... Igor a été un atout de premier plan et le fait d'avoir 3 russes c'était moins dépaysant pour eux mais franchement "chapeau" à Vladimir qui a travaillé dur depuis le premier jour qu'il est arrivé. C'est très agréable de travailler avec lui, il a l'esprit ouvert. Il dispose d'une grande marge de progression et sera un très bon joueur de hockey.

HH : En parlant de jeunesse, l'une de vos premières grandes décisions en arrivant en poste a été de nommer Guillaume Brisbebois capitaine. Pourquoi ce choix ?
 
Il avait été repêché au 5ème rang par le Titan en 2013. C'est un garçon sérieux avec une belle maturité. Pour lui l'équipe est importante. On a une jeune équipe alors il me semblait important d'avoir un jeune capitaine. On voulait que les joueurs de l'équipe grandissent ensemble, Guillaume était déjà à sa deuxième année à 17 ans et moi j'aimais ses qualités. On apprenait à se connaitre aussi. Ses qualités sur la patinoire sont importantes, c'est un garçon qui prêche par l'exemple. C'est pas celui qui parle le plus bien qu'il commence à s'affirmer dans ce domaine là mais il a l'appui de ses coéquipiers. Aujourd'hui on essaye d'impliquer nos leaders dans les décisions, on leur demande leur avis après une première saison de construction.

HH : Les séries commencent vendredi, dans quel état d'esprit vous trouvez vous ?
 
On est réellement content, excités, on finalise notre préparation. Pour nous c'est un privilège d'être en séries, c'est la meilleure période pour jouer au hockey. Tu t'entraines fort pendant l'été, tu fais des sacrifices pendant la saison pour pouvoir jouer ces matchs là. La pression est sur Saint-John, bonne équipe bien dirigée, qui joue bien dans les 3 zones avec de la profondeur à tous les postes disposant d'unités spéciales qui sont performantes. On veut juste en profiter au maximum, appliquer notre plan. L'objectif c'est de gagner le premier match le plus tôt et après ça, penser à la suite de la série. On sait ce qu'on a à faire et on est confiant face à ce défi.

Photo hockey LHJMQ : Mario Pouliot : "Jouer les séries c
Daniel Doucet/Titan Acadie-Bathurst
HH : Vos joueurs sont inexpérimentés. Quel est votre discours pour les aider à appréhender l'évènement ?
Notre expérience en séries c'est 58 matchs, le joueur le plus expérimenté c'est Johnston (22 matchs de séries avec Moncton). En face, ils sont expérimentés et ont recruté Matt Murphy qui à lui seul compte plus de 50 matchs. L'expérience ça ne s'achète pas, ça s'acquiert. On veut avancer en séries éliminatoires et puis un moment donné l'expérience c'est pas une excuse c'est une motivation. On veut grandir rapidement.

HH : Vous retrouvez les Sea Dogs que vous avez affronté 9 fois cette saison. D'après vous, sur quoi la série va t'elle se jouer ?
 
Tout le monde se connait bien. La discipline sera très importante car ils ont une attaque à 5 redoutable. Ils ont aussi un jeu de transition très rapide avec des défenseurs très portés sur l'attaque. Il sera important de bien réduire l'espace et ça va être important de bien jouer avec la rondelle. On sait que notre gardien va nous donner une chance de gagner à tous les matchs et après cela ce sera à nous de faire "les gros jeux".

HH : Si je vous dit, et sans lui mettre de pression supplémentaire, que Reilly Pickard sera un élément clé de cette série, vous êtes d'accord ?
 
Définitivement. En face, ils ont un gardien de 20 ans (qui n'a joué que 20 minutes en séries), nous on a Reilly qui n'a que 17 ans mais sa deuxième partie de saison est incroyable. Il a eu beaucoup d'honneurs de la part de la LHJMQ (lire ici) et de la CHL. Mentalement et physiquement il est prêt. Le hockey est un jeu d'erreurs et lui on sait qu'il va être là pour les réparer. Reilly est une pièce importante de notre équipe.

HH : Quelles sont d'ailleurs vos objectifs dans ces séries éliminatoires ?
 
On veut gagner le premier match le plus rapidement possible pour mettre de la pression sur les Sea Dogs. Ils sont champions de la division Maritimes, ont pris Matt Murphy qui était le défenseur le plus expérimenté disponible avec Nikolas Brouillard. Nous la pression que l'on a c'est continuer de progresser. On veut aller chercher la première victoire le plus vite pour "prendre du momentum".

HH : Parlons un peu de vous, vous êtes arrivé en 2014 dans cette franchise après une première expérience avec le Drakkar. Avez vous hésité longtemps avec de dire oui à ce défi ?
 
Non pas du tout, à un moment donné j'attendais cette deuxième chance. Les situations étaient similaires entre Baie Comeau et ici avec deux équipes en reconstruction. Il fallait non seulement reconstruire le noyau de joueurs, l'identité de l'équipe, l'éthique de travail. Il fallait faire travailler nos joueurs de manière professionnelle et je me suis servi de mon expérience de Baie Comeau pour ajuster certaines choses. Après il n'y pas de miracles ou de recette magique. Il te faut un plan bien défini, l'appliquer, développer tes joueurs.

Il faut aussi être patient et avoir un peu de chance comme pour nous lorsque l'on a pu repêcher des garçons comme Morand ou Kuznetsov ou bien réussir à faire venir un joueur comme Miromanov. Notre noyau de joueurs était autour de Brisebois et Boivin (repêchés en premier ronde). L'échange de Viel est un grand plus, c'est le type de joueur que j'affectionne. Nos recruteurs ont fait du bon boulot, on a un jeune qui a fini deuxième meilleur compteur en midget AAA, William Lemay-Champagne, qui a du potentiel. Il faut faire travailler les joueurs dans le même sens, les responsabiliser. Il faut les aider à devenir plus mature, qu'ils se sentent impliqués. Ce sont des jeunes garçons intelligents.

HH : Comment est la vie dans le New Brunswick ?
 
Bathurst est une belle place pour vivre, l'été c'est incroyable. Les gens sont très accueillants. Le rythme de vie  est moins rapide que celui que je connaissais près de Montréal. Il y'a des activités plaisantes à faire, j'adore la qualité de vie à Bathurst.

HH : Racontez nous votre parcours en tant qu'entraineur. Comment cela a commencé pour vous ?
 
J'ai joué au hockey dans les catégories mineures et puis quand j'étais junior un ami m'avait demandé de l'aide pour entrainer son équipe et à partir de là j'ai eu la piqure, la passion. J'ai toujours été quelqu'un qui aime appronfondir la manière de jouer, de trouver des solutions, s'ajuster. J'ai commencé au bas de l'échelle et j'ai touché à tout (recruteur, adjoint, entraineur chef). J'ai longtemps été entraineur chef en midget AAA. Le métier d'entraineur demande des sacrifices au niveau de la famille. Elle était ouverte à me laisser aller dans cette passion là. Ma femme m'a toujours soutenu mais on avait trois enfants et il était hors de question pour moi de partir tant que les enfants étaient en bas-âge. Maintenant ils sont grands et je peux privilégier d'être entraineur à temps plein. Il n'y a que 18 entraineurs en LHJMQ et c'est un honneur de pouvoir entrainer une équipe à ce niveau là. J'en suis arrivé là avec de la passion, de la persévérance, du travail et j'ai eu de la chance d'avoir pu compter sur ma famille car c'est beaucoup de sacrifices.

Photo hockey LHJMQ : Mario Pouliot : "Jouer les séries c
Daniel Doucet/Titan Acadie-Bathurst
HH : Vous avez été intronisé au temple de la renommée de la Ligue midget AAA (2009). Quels souvenirs gardez vous de cette période de votre vie ?

Enormément de souvenirs mais l'année 2003 de la Coupe Telus est un grand souvenir malgré la défaite à Sault Ste Marie (2ème de la compétition derrière les Calgary Northstars). On avait perdu 7-8 fois dans la saison, on avait une bonne équipe. J'ai toujours été bien entouré pendant cette période en Midget avec de bonnes personnes comme Yves Sansfaçon. Ils m'ont aidé à m'améliorer en tant que personne aussi. J'ai eu le privilège d'avoir pu entrainer des joueurs qui jouent ou ont joué dans la Ligue Nationale comme Christopher Letang, Maxime Talbot, Bruno Gervais. On a eu des joueurs de premier niveau. Il n'y pas de secret dans le métier d'entraineur. Il te faut prendre les bons joueurs car ce sont eux la clé de la réussite, ils rendent les entraineurs meilleurs.

HH : Dans un entretien d'il y'a quelques années vous confessiez que la finale de la Coupe Telus perdue en 2003 vous hantait toujours. Est-ce toujours le cas aujourd'hui ?
 
Je ne pense pas, c'était une grosse déception. C'est un trophée très difficile à gagner. On dit que la Coupe Mémorial est difficile à remporter mais tu as des journées de repos. A cette époque là, la Coupe Telus c'était très intense, très éxigeante pour des joueurs très jeunes. Je ne suis plus hanté par cela, je suis content d'y avoir participé. Sur le coup c'était une grande déception. Je me suis toujours servi de cette expérience.
 
HH : Y'a t'il au sein des  Gaulois de Saint-Hyacinthe un joueur qui vous marqué ?

Je pense à Francis Charette qui n'a jamais joué dans la Ligue Nationale mais c'est peut etre le joueur le plus doué que j'ai vu. C'était un joueur de premier niveau avec des qualités exceptionnelles doté d'un petit gabarit.

HH : Certains joueurs qui ont été sous votre commandement, comme Raphaël Corriveau, sont aujourd'hui dans les championnats français. Est-ce pour vous une surprise de les voir évoluer chez nous ?
 
Je pense que Raphaël (Corriveau) n'est pas le plus grand des patineurs mais c'est un passionné, un bosseur qui aime la compétition. Je suis content pour lui car c'est un passionné du hockey. A un moment donné il faut se dire que dans la LNH il n y'a que 800 joueurs qui sont pour moi des joueurs d'exception mais il y'a plus de 800 bons joueurs de hockey au monde. Mon gendre joue en Europe (Éric Castonguay qui a joué en Ligue Magnus à Briançon et à Rouen), il a adoré son expérience en France. Le fait d'avoir des opportunités en Europe pour ces joueurs là je trouve ça parfait pour eux. Y'a une quantité de joueurs de hockey qui sont doués et ils peuvent du coup vivre de leur métier.

HH : Travailler avec votre frère au sein de l'organisation du Titan c'est quelque chose d'important ?

L'important c'est d'être bien entouré. C'est impossible de tout faire tout seul, les personnes au club font un travail incroyable. L'entourage est primordial pour moi. Chapeau à eux autant mes adjoints, mes thérapeutes... qui font des heures incalculables. L'autre jour on est allé jouer à Saint John et le lendemain on jouait à domicile à 15h00 et il fallait tout préparer alors qu'on était rentré à 2 heures du matin. Certains ont dormi dans l'Aréna pour que nos joueurs soient traités comme des professionnels et c'est très important. 

HH : Enfin, il y'a une citation célèbre de vous qui est inscrite dans le vestiaire des Gaulois : "Le passé n'est pas garant du futur, quelle trace allez-vous laisser ?" . Qu'est ce que cela vous inspire aujourd'hui ?

L'histoire est tellement importante. Ton équipe c'est important qu'elle ai une histoire. Les joueurs construisent l'identité d'une équipe et c'est important pour que les gens en parlent bien. Le Titan a remporte la coupe en 1998-1999 et dans le vestiaire il y'a les photos joueurs du Titan qui sont dans la LNH : Patrice Bergeron, François Beauchemin,  Matthieu Perreault ou Bruno Gervais. Ce sont les premiéres choses que les joueurs voient en rentrant. C'est une fierté et quand tu es nouveau joueur c'est motivant. Pour Morand par exemple qui voit ces noms là, ça l'encourage à suivre la voie. Guillaume (Brisebois) a été drafté par les Canucks on espére pouvoir le mettre sur notre mur dans le futur.

Un grand merci à Mario Pouliot qui nous a accordé du temps alors que son équipe prépare les séries éliminatoires de la Coupe du Président. Nous lui souhaitons bonne chance pour les matchs qui viennent et vous tiendrons au courant de toute l'actualité du Titan d'Acadie-Bathurst et des autres équipes de la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec.
 
 
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