Une année s'est donc écoulée depuis l'arrivée de Jon sur les bords de Seine. Quoi de mieux que de vous proposer son point de vue - un bilan en quelque sorte de son année passée à Rouen. L'amertume avait gagné certains quant à son arrivée. Aujourd'hui, c'est plutôt de la joie que les supporters éprouvent suite à sa resignature tant il a montré de bonnes choses cette saison. On sait qu'il a hésité à repiquer. Etait-ce le bon choix ? On comprend bien que beaucoup de choses sont passées dans son esprit et que son choix est mûrement réfléchi.
C'est pourquoi nous l'avons rencontré, un après-midi d'été, entre une matinée de préparation physique et une après-midi de baby-sitting.
Nous espérons que cet entretien vous plaira, vous éclaircira sur son état d'esprit si jamais vous n'étiez toujours pas convaincu.
Je vous propose de retrouver son interview d'il y a un an
ici pour vous permettre de faire votre propre bilan.
Nous concluons donc ces interviews estivales du côté de Rouen avant une reprise chargée. Vivement le camp d'été dirons certains.
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Crédit Photo : Stéphanie OUVRY © 2010 |
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Hockey Hebdo : Jon, on s’était quittés il y a un an déjà lors du premier entretien que l’on avait fait. Tu étais en voiture pour Rouen avec ta petite famille. Peux-tu nous tirer un petit bilan de cette année, d’un point de vue personnel et bien sûr collectif avec quelques trophées à la clé ?
Jonathan Zwikel : Si je me souviens bien, l’année dernière, j’avais parlé de ce que j’attendais de cette saison et ce que l’on peut dire est que je suis comblé par rapport à ça, aussi bien personnellement que collectivement. La saison s’est bien passée. J’avais dit que je voulais gagner quelque chose avec Rouen ; on fait 3 finales et 2 titres. Humainement et en tant qu’expérience professionnelle, ça n’a été que du bonheur. Je suis vraiment content de mon choix et de cette saison.
H. H. : Sur le plan professionnel, tu viens de resigner une année. On voit que tu réfléchis déjà à ton avenir avec l’école que tu as montée, ton job d’agent de joueurs, ta famille, etc…
J. Z. : On vient d’acheter une maison dans les environs de Rouen. Maintenant, c’est vrai que professionnellement, j’ai resigné une année. A côté, j’ai créé une entreprise qui s’occupe de la préparation physique de sportifs de haut niveau et pas forcément que des hockeyeurs. Je suis en train de développer la chose avec Gaëtan (Brouillard), le préparateur physique (des dragons de Rouen). Cela se passe plutôt bien et cela démarre bien. C’est de bon augure. J’ai mon activité d’agent aussi qui m’a bien occupée à l’inter-saison. On verra où cela m’amènera mais c’est plutôt sympa. Je dois avoir une quinzaine de joueurs placés dans les clubs. C’est gratifiant de pouvoir bosser avec les jeunes joueurs français. C’est agréable malgré le fait que c’est pas cela qui me fera vivre plus tard. Il y a plein de projets qui se greffent autour du hockey. J’ai pas mal de choses en tête donc j’espère que cela se développera comme je l’espère.
H. H. : Peux-tu nous expliquer plus en détail ton boulot d’agent ? Vous êtes donc deux français sur le territoire.
J. Z. : Et bien, on sait très bien que les joueurs étrangers passent encore par des agents étrangers sans que l’on puisse vraiment contrôler. Ce qui est important surtout est que les agents, étrangers ou français, soient compétents et qu’ils disposent d’une licence. Maintenant, je suis tout à fait conscient qu’on ne peut pas gérer un marché entier à 100%. Les clubs ont déjà leur réseau avec des agents de longue date. Ca ne me choque pas et c’est la loi du marché. Cela fait de la concurrence et avancer les choses. Ce qui est bien aujourd’hui est que nous avons réglementé tout ça. Du coup, les gens qui bricolaient peuvent moins le faire. C’est nécessaire que les agents étrangers professionnels continuent à travailler sur le territoire.
H. H. : Rouen est validé pour jouer en Ligue Magnus la saison prochaine. La saison va bientôt commencer malgré les travaux qui se déroulent actuellement à la patinoire de Rouen. As-tu plus de détails sur cette préparation un peu inédite de cette saison ?
J. Z. : On sera tout le temps sur la route. Si je m’en rappelle bien, on restera dans un premier temps dix jours à Brest. On s’entraînera là-bas et on fera quelques matchs. Après, on revient à Rouen avec un match à Amiens. Ce ne sera que du hors-glace. On repart ensuite en Suisse une dizaine de jours et nous jouerons 4 ou 5 matchs contre des équipes Suisses. Par la force des choses, on est obligés de s’exiler et de s’entraîner ailleurs qu’à Rouen.
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H. H. : On voit qu’il y aura pas mal de matchs. As-tu déjà vécu une préparation avec autant de rencontres ?
J. Z. : En Suède, je me souviens avoir fait aussi énormément de matchs en pré-saison. Je trouve que c’est bien. Il faut juste arriver à digérer l’état de fatigue et ne pas repartir avec des blessés. Mais l’avantage de cette année est que nous allons beaucoup fonctionner avec 5 lignes, en tout cas, lors de la préparation. Ca a un double avantage. Cela permettra de faire souffler tout le monde et de moins "tirer" sur les plus anciens. D’un autre côté, cela permettra de voir des jeunes et il y en a beaucoup à Rouen. Des jeunes de 17, 18 ans qui sont vraiment très bons. Cela leur permettra de gouter à l’équipe première.
H. H. : Maintenant, parlons un peu du recrutement. Première chose qui a été faite a été de renouveler la 3e ligne avec Ilpo (Salmivirta) et ton frère Luc (Tardif Jr) ; bonne nouvelle ?
J. Z. : Oh que oui ! C’est vrai que ça s’est bien passé pour nous 3. On s’est bien trouvés dès qu’on a joué ensemble. Maintenant, c’est une nouvelle saison qui commence. On construit avec ce qui a bien marché l’année dernière. Mais bon, c’est une nouvelle saison qui commence. Tout le monde doit se remettre en cause. Il y a de la concurrence et rien n’est acquis. Nous 3, on espère de jouer ensemble car je pense qu’on a été contents d’évoluer sur la même ligne. Mais c’est à nous de nous battre pour notre place. Les compteurs sont à zéro en tout cas.
H. H. : Et on voit que la majorité de l’ossature de l’an dernier est conservée avec Fabrice (Lhenry), dans les cages, la colonie de Victoriaville (Mallette, Brunelle, Thinel) et la 3e ligne. C’était une volonté du staff j’imagine.
J. Z. : Oui, je pense que la clé du succès d’une année sur l’autre est de garder la majorité du squelette de l’année passée. Il ne faut pas non plus garder tous les joueurs car il faut amener du sang neuf. Si tu as tout gagné notamment, il faut amener des nouveaux joueurs qui ont la soif de victoires. On l’a encore, c’est sûr, mais c’est bien d’amener de nouveaux éléments. Ca relance une histoire et cela empêche la lassitude. L’équilibre est bien trouvé je pense. Les cadres sont toujours là avec Carl (Mallette), Julien (Desrosiers), Marc-André (Thinel). Mon frère et moi-même avec Ilpo qui sommes là depuis un an. On amène du sang neuf avec Teddy (Da Costa) et de solides défenseurs qui devraient être très bons en ligue Magnus. Il y a Fabrice (Lhenry) aussi qui reste. Donc je pense que l’ossature est encore là avec des retouches intelligemment faites.
H. H. : Et maintenant, on arrive aux attentes de cette saison. Il y a, je pense, une volonté d’aller loin en Conti Cup.
J. Z. : Si je réfléchis à ça, le RHE n’a jamais gagné 2 titres d’affilée. Cela remonte uniquement au RHC, que j’ai connu aussi mais c’était il y a longtemps, une autre époque. Mais depuis que le RHE gagne des titres, ils n’ont jamais réussi à le conserver 2 années d’affilée. C’est un gros gros challenge. Il faut s’accrocher à ça et c’est très motivant. Il y a aussi cette coupe de France que l’on n’a pas gagnée. On l’a perdu l’an dernier aux penalties et ils l’avaient déjà perdu il y a 2 ou 3 ans aux penalties. Ca commence à faire tâche et l’envie est bien sûr là. Et bien sûr, il y a cette Conti Cup, la cerise sur le gâteau. C’est toujours motivant de jouer contre des équipes étrangères. Notre objectif est de remporter le tournoi à Rouen et d’aller en finale. On sait que cela va être très dur.
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H. H. : Parle-moi de ton rôle au sein de l’équipe. As-tu vu Rodolphe (Garnier) et Eric (Doucet) afin de définir ton rôle ? Seras-tu un support pour Luc et Ilpo et pour tous ces jeunes qui arrivent dans le vestiaire ?
J. Z. : Moi c’est sûr que j’en ai discuté un peu. La 3e ligne sur la 2e partie de saison a plutôt bien fonctionné. Il faudra conserver ce qui fonctionnait. Mais je ne me prends plus la tête avec ça. Ce qui compte, c’est d’être performant sur la glace. Si je ne le suis pas, la concurrence jouera. Les plus jeunes, comme les plus vieux ; personne n’est à l’abri. A moi de m’accrocher et de continuer d’apporter de ce que je sais apporter. Je me suis entraîné cet été pour continuer d’être performant. Je mets toutes les chances de mon côté afin d’être prêt physiquement comme mentalement à relever les défis.
H. H. : Et la petite question usuelle. As-tu un mot à faire passer aux supporters ?
J. Z. : Et bien l’année dernière, j’avais espéré que l’on apprendrait à se connaître. Je pense que l’on a franchement bien accroché. J’ai de bonnes relations avec les supporters. Je sais qu’il y en avait pas beaucoup qui étaient contents de me voir arriver l’année dernière. Et j’espère qu’il y en a un petit peu plus qui sont contents de me voir rester. En tout cas, moi je suis content de rester et de pouvoir continuer à partager des moments avec eux. Sans vouloir être absolument aimé, c’est très sincèrement que je pense que ce public est extraordinaire et qu’avoir un public aussi fidèle et si dévoué, c’est de l’or en barre.
H. H. : Merci beaucoup Jon.