C’est assez inhabituel de voir le Président de la Fédération assister à un match de D1. C’est une première pour vous cette saison ?
Luc Tardif : J’avais assisté à 2 matches de D2 cette saison mais encore à aucun de D1. J’ai regardé le calendrier, et j’ai pointé ce match à Neuilly sur Marne, face à une équipe de La Roche sur Yon qui marche bien en ce moment. J’aime bien voir ce type match, ça me permet de parler avec les responsables des clubs et aussi de rencontrer des élus. C’est l’occasion de parler des problèmes d’infrastructure, de travaux à réaliser. Et je suis assez conquis par le hockey pratiqué. Le niveau est bon, on assiste à des matches serrés, il y a des systèmes de jeu bien en place. C’est intéressant de voir les progrès faits aussi bien en D1 qu’en D2 dans l’organisation des clubs et dans le jeu pratiqué. On est loin des scores fleuves qu’on pouvait encore voir à ce niveau il y a quelques années.
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FFHG |
Luc Tardif - Président de la FFHG |
C’est un peu le grand écart de passer en 15 jours de Bercy et de la finale de la Coupe de France à la patinoire de Neuilly et la D1 ?
Ça reste le même sport. Il faut mettre notre sport en lumière comme permet de le faire Bercy. Mais la base de notre sport, c’est les entraînements à 8h du matin dans des infrastructures plus basiques. J’ai connu ça et il ne faut pas le perdre de vue. Ça commence ici avec des bénévoles qui donnent beaucoup avec des moyens souvent limités. Ce soir, j’ai rencontré les élus municipaux, j’ai pu évoquer avec eux les besoins, les travaux à faire. On peut aider les clubs à essayer de les convaincre.
Puisque nous sommes à Neuilly, évoquons le hockey francilien qui peine à exister au-delà de la D1 alors que le potentiel est énorme. Quelle est votre analyse de cette situation et quels sont vos axes de travail ?
On a des gros problèmes d’infrastructures, surtout en région parisienne où ces dernières années les patinoires ont plutôt tendance à fermer qu’à ouvrir. On va avoir notre patinoire intégrée au Centre National, on espère que ça va donner un élan, créer une envie et donner la motivation aux jeunes joueurs franciliens de rester jouer dans leur région. Si on rassemble les Français formés en Ile de France, on peut faire une belle équipe. Il n’y a pas de raison de ne pas réussir à créer une dynamique et avoir, à terme, une équipe francilienne en Magnus.
Avec une Magnus qui va passer à 12 clubs, quelle va être l’évolution de la D1 dans les années à venir ?
Le niveau va grimper d’un cran. Il n’y a pas que la Magnus dans le paysage du hockey français et ce n’est pas honteux de jouer en D1. On veut faire de cette D1 une ligue encore plus solide, une ligue qui peut servir de tremplin pour les jeunes. Les jeunes Français commencent à se rendre compte que la D1 peut être une étape dans leur progression, alors qu’il y a peu ils préféraient être en bout de banc en Magnus.
Certains joueurs ont besoin d’un peu plus de temps pour se développer et franchir un palier, la D1 sera une bonne ligue pour ça. Je pense qu’on va voir se développer les associations entre club de Magnus et de D1 sur le principe du club « ferme. » On commence à voir pas mal d’équipes « 2 » de Magnus évoluer en D2. Ces clubs de Magnus ont des équipes U20 et une association avec une D1 peut être un excellent complément pour développer les jeunes.
Il y a encore quelques années, les équipes de D1 étaient essentiellement composées de joueurs étrangers. Les quotas de JFL ont rééquilibré les choses. La D1 peut-elle aller vers des quotas encore plus forts de JFL pour donner encore plus de place au développement des joueurs français ?
La première chose à prendre en compte, c’est la loi. Le quota de JFL est, quelque part, la limite, le compromis acceptable. On a été attaqué sur ce point des JFL et nous avons eu gain de cause. Aller plus loin serait risqué d’un point de vue légal.
Ensuite, il faut se poser la question de savoir si on a le réservoir suffisant en quantité et en qualité pour nourrir toutes nos divisions. Je pense qu’il faut stabiliser les règles actuelles qui me semblent être un bon équilibre. Il faut aussi laisser du temps aux clubs pour s’organiser et structurer une formation adaptée à ces nouvelles règles. Aller plus loin n’est pas d’actualité.
Est-ce que la professionnalisation des clubs de Magnus, avec un cahier des charges assez ambitieux, va petit à petit être étendu aux clubs de D1 ?
Il faut être réaliste, on ne peut pas tout changer et imposer un cahier des charges tel qu’on l’a fait en Magnus. Mais notre rôle est de pousser vers le haut les organisations, les pousser à se structurer. Il faut veiller à ce que ça reste atteignable, sinon ça va être contreproductif. Mais faire en sorte que petit à petit ça change, c’est notre mission. La Magnus est sur la bonne voie, il y a des projets de patinoire bien avancés comme à Angers. Bien sûr ça ne va pas assez vite au niveau des infrastructures, la situation est même critique à Dijon où les efforts que fait le club, notamment au niveau du mineur, se heurtent à des problèmes d’infrastructures.
L’augmentation du nombre de matches en Magnus va mobiliser un plus grand nombre d’arbitres, comment allez-vous gérer cette situation dans les divisions inférieures qui vont fatalement voir certains arbitres « monter » en Magnus ?
Parallèlement à la réforme de la Magnus, le calendrier et les jours de match vont évoluer. En ce moment, tous les matches ont lieu le samedi et ça crée des problèmes au niveau de l’arbitrage. A partir de l’année prochaine, la Magnus jouera les vendredi et dimanche. La D1, la D2 et la D3 joueront le samedi. On aura donc plus de latitudes pour les affectations des arbitres. Mais ça n’empêche qu’on doit élargir notre « pool » d’arbitres. Cette année, on a eu 5 à 6 nouveaux qui ont intégré le haut niveau, mais ce n’est pas suffisant, on doit continuer à travailler.
Pour conclure, pensez-vous que le champion de D1, dans ce qui est un peu une année de transition, puisse avoir une chance dans un barrage contre le 12ème de la Magnus ?
On le voit dans certains matches de Coupe, dans la réussite des promus, comme Bordeaux cette année ou Lyon l’année dernière, il n’y a pas beaucoup d’écart. Je pense que le champion de D1 peut surprendre. Ce sera une série « de coupe » et ce n’est pas impossible. Anglet n’était pas loin de Bordeaux la saison passée, il va falloir que le club de Magnus soit très attentif et sérieux. Jouer le champion de D1, ce ne sera pas facile, surtout en déplacement et forcément face à une équipe sur une bonne dynamique.