Robin Gaborit (capitaine des Ducs d’Angers)
Robin, sur le papier vous avez le potentiel pour faire mieux que la saison dernière. Maintenant que faudra-t-il faire pour aller, enfin, décrocher ce titre de champion de France avec les Ducs d’Angers ? |
Photo : Guillaume Schwab |
Robin Gaborit (Angers) |
Ecoute, depuis de nombreuses années maintenant on apprend de nos échecs. Ce titre on s’en rapproche, donc le fait d’apprendre de nos erreurs nous fait avancer vers nos objectifs. Je pense que la marche à franchir est mince maintenant. Tout le club travaille en ce sens. Le travail de l’ombre a été fait cet été par le club et le staff. Maintenant c’est à nous de livrer la marchandise sur la glace. On a fait un beau camp d’entraînement avec beaucoup de charge de travail. Je pense que l’on est prêts pour livrer bataille. On va voir ce que ça va donner sur la longueur mais l’envie est là et le rêve toujours présent.
Un peu comme d’habitude vous gardez une ossature forte de joueurs qui étaient là la saison dernière donc ça permet de faciliter la préparation. Mais on va parler de votre principal renfort de l’intersaison, l’ailier russe Nikita Scherbak qui a été drafté au 1er tour par le Canadien de Montréal en 2014. Qu’est-ce que ça fait d’évoluer avec un joueur qui a joué des matches en NHL et qui avait le potentiel d’un top 6 dans cette ligue ? Est-ce que ça peut apporter un petit plus, même à des joueurs d’expérience ?
Complètement. Je pense que c’est un peu aussi le reflet de ce que fait la Fédération et tous les autres clubs c'est-à-dire se professionnaliser. C’est ce qui fait que maintenant on a des joueurs avec des C.V. comme Nikita qui débarquent chez nous. C’est un peu magique, parce que dans un sport comme le nôtre faire venir un C.V. comme celui-là ça fait remplir des patinoires, ça donne des étoiles dans les yeux à tous les enfants qui rêvent de prendre notre place un jour. Et on a tous été un de ces enfants-là à un moment donné. Moi j’ai grandi avec des étoiles dans les yeux en regardant Jonathan Bellemare et j’ai fini par jouer dans la même équipe que lui... Donc c’est formidable de pouvoir faire venir des joueurs comme ça et ça va permettre déjà à nous en tant que coéquipiers de progresser à ses côtés. Lui son objectif c’est de gagner des championnats et de nous faire gagner des matches. Donc c’est bénéfique pour tout le monde et il faudra se servir de son expérience, même s’il est plus jeune que moi ! Il a en tout cas engrangé plus d’expérience que ce que nous avons l’habitude de vivre. Ça va être important de se servir de tout son bagage.
Jason O’Leary (entraîneur des Ducs d’Angers)
Seconde saison à la tête des Ducs d’Angers pour vous. Etes-vous satisfait de vos nouveaux joueurs et de ce nouveau groupe ?
Je pense que l’on a beaucoup de potentiel, mais à la fin de la journée je sais que ça ne suffit pas d’avoir du potentiel. Ce sont les résultats qui comptent. Je suis très heureux, on a des bons mecs. Les nouveaux joueurs ont du talent oui, mais on a aussi mis le focus sur le caractère du joueur et ce qu’il peut amener à côté de l’aspect technique. Je suis très content des recrues que l’on a. On va voir si nous pouvons trouver l’alchimie dont nous avons besoin.
L’effectif est plutôt stable en tout cas en ce qui concerne les gardiens de but et la défense quasi identique à la saison dernière. C’est un bon point en ce qui concerne le système de jeu à mettre en place ?
Oui, ça aide. Mais il y aussi eu des choses qui ont été faites l’an passé quand je suis arrivé mi-décembre. C’est la première fois que j’ai pris une équipe en cours de saison. Cela a été difficile au début. En plus en janvier on a dû jouer je crois 17 matches en tout en seulement 30 jours. Je n’ai eu que 23 entraînements avec l’équipe au total entre fin décembre et la fin des playoffs. Cela fait peu de temps pour travailler ensemble. Donc oui le noyau de l’équipe est là, et des changements ont été faits là où il fallait s’améliorer. En matches amicaux, on n’a pas eu toute l’équipe à disposition. Pour le moment, nous n’avons pas pu encore jouer avec l’équipe au complet. Le but maintenant c’est de gagner des points pour jouer des matches qui comptent et après ça continuer à évoluer et trouver une façon d’augmenter notre niveau.
La saison dernière vous êtes passés proche face à Rouen en demi-finale de playoffs, la série s’est jouée en six matches, pensez-vous qu’il y a plus de potentiel cette saison pour battre des équipes comme Rouen et Grenoble ?
Oui, mais le potentiel ça ne paye pas. Ce n’est pas ça qui compte. Sur le papier, oui, on a une bonne équipe, mais ça se joue sur la glace et dans la patinoire. Je sais que l’on a essayé de s’améliorer pendant l’été, mais ça prend aussi un peu de chance, de santé, de chimie... On est une équipe qui peut gagner, mais parmi d’autres. Ce sera difficile, c’est mieux pour les fans et plus challengeant pour tout le monde. Ce n’est pas que Rouen, Grenoble et nous, il y a d’autres équipes qui sont fortes aussi. C’est bon pour le hockey français.
Le parcours en championnat et en Continental Cup la saison dernière a aussi permis à vos joueurs d’engranger de l’expérience dans les matches qui comptent, vous allez pouvoir vous appuyer là-dessus...
Oui, c’est ça. On a cherché des gars qui ont surtout joué dans ces matches-là. Avec de la pression, de l’intensité et des émotions. On en a besoin et on a justement des joueurs qui ont suffisamment d’expérience pour nous aider dans ces situations-là. On a aussi je pense une équipe un peu plus profonde que l’année passée, ainsi que des jeunes. Cela aide à créer une culture que l’on veut garder sur le long terme.
Rodolphe Intsaby (président des Ducs d’Angers)
Président, vous venez de prendre la succession de Michaël Juret qui est resté pendant 18 ans à la tête des Ducs d’Angers. Quelle est la nouvelle politique que vous souhaitez mettre en place ?
On va continuer à écrire l’histoire des Ducs, avec l’ambition d’aller chercher le titre, ce que l’on essaie de faire depuis plusieurs saisons maintenant. On ne peut pas être aux Ducs d’Angers et ne pas jouer pour gagner, donc ce sera encore le cas cette saison. Pour le reste on continue le travail avec les gens qui sont en place et qui savent très bien le faire.
On a senti ces dernières années qu’Angers était très proche de Rouen et de Grenoble dans une sorte de championnat à trois pour le titre...
Ce n’est pas faut quand on regarde les dix ans qui viennent de passer. Je pense que si Angers se rapproche encore un peu plus des deux du dessus, en-dessous ça se rapprochera aussi des trois d’en haut. On arrivera à un moment donné à un championnat beaucoup plus dense comme c’est le cas de la D1 par exemple. Il n’y a pas de matche facile et des équipes comme Bordeaux, par exemple et pour ne citer que celle-ci, se sont structurées et organisées au fil des saisons pour venir nous challenger. On ne va rien nous donner cette saison.
Pour parler du recrutement, le point positif pour Angers est d’avoir pu conserver les JFLs (ndlr : joueurs formés localement) puisque la plupart des joueurs français sont restés mis à part Kévin Dusseau. Mais ce qui a fait les gros titres à l’intersaison c’est la venue de Nikita Scherbak, un joueur russe sélectionné au premier tour par les Canadiens de Montréal en 2014. Est-ce que c’est un moyen d’exposer le hockey sur glace, à l’échelle nationale, voire internationale quand on sait que les médias québécois s’y sont intéressés ?
Alors c’est d’abord un moyen pour nous de répondre à notre besoin. On cherchait un profil de joueur qui correspondait à ses qualités. Effectivement, avoir la chance de signer un joueur de cette trempe va amener de la curiosité envers la Ligue Magnus, du monde dans les patinoires... J’espère aussi qu’il va nous amener sur le plan sportif car c’est ce que l’on était partis chercher. Effectivement, ça peut également faire rayonner à l’international et notamment outre-Atlantique le fait que le hockey sur glace français progresse et que c’est un championnat intéressant et challengeant. Tant mieux.
C’est un gros renfort pour Angers, mais vous avez néanmoins perdu Tommy Giroux qui était l’un des gros compteurs de l’équipe... Cela a été difficile de le remplacer ?
Personne n’est irremplaçable. C’est sûr qu’en regardant le bilan de la saison dernière on peut se dire que cela sera difficile de le remplacer, mais je pense que cela a été fait. Des joueurs prendront sa place. Scherbak en fait partie. Bardaro est aussi un joueur capable de marquer des buts. Je pense que l’équipe a du talent et qu’il y aura d’autres joueurs qui parviendront à mettre des points au compteur et sur le tableau d’affichage.
Vous espérez jouer toute la saison à guichets fermés à l’IceParc ?
Que le dieu du hockey vous entende. Comme pour plusieurs clubs, l’une de nos priorités est de remplir la patinoire parce que cela représente une source importante de revenus. La qualité de l’équipe recrutée, la présence de joueurs comme Nikita et puis les matches à venir qui s’annoncent très disputés devraient nous aider à remplir cet objectif.
Angers a su garder une culture hockey malgré la présence d’autres disciplines, c’est une belle réussite pour le club ?
Je pense que l’équipe a une belle image, un bel état d’esprit, porte des valeurs. Et puis l’IceParc représente aussi un facteur non négligeable. Si vous êtes déjà venus à l’IceParc, vous avez pu vous rendre compte qu’il s’agit de l’une des meilleures places en termes de confort du spectateur et même d’esthétique. Le spectacle avec le mapping et tout ce qui a été mis en place est de qualité. Les Angevins se sont identifiés à cette équipe. En sports collectifs, les Ducs sont la meilleure équipe et vont porter au plus haut niveau le flambeau de la ville, surtout maintenant que le foot est descendu en Ligue 2. On a pris une place et on la maintient avec brio.