Cela s’est bien passé. Je connais effectivement très bien le Club, son entité et ses « partisans » (ndlr : supporteurs) qui veulent une équipe intense à chaque match et surtout des joueurs qui ne se dérobent pas et mouillent le maillot lors de chaque sortie. Je suis revenu pour que l’on puisse leur apporter ça. Je fais mon maximum pour présenter l’équipe la plus compétitive possible. Nous devons travailler fort pour donner à toutes ces personnes qui payent leur place pour venir nous supporter le spectacle qu’ils attendent.
Pas plus que cela, et en tous les cas je n’ai pas connaissance d’attentes particulières. Moi je veux pouvoir pousser mon équipe au maximum et être en capacité de la faire travailler fort.
Concernant le recrutement vous avez l’habitude de piocher dans le milieu universitaire outre-Atlantique, cette année n’échappe pas à la règle avec la venue de profils, a priori, intéressants en provenance de l’université de Trois rivières au Québec, en êtes-vous satisfait ?
Pour l’instant globalement notre camp d’entrainement ne se déroule pas comme prévu. Nous avons eu de grosses difficultés avec la glace sur nos 2 patinoires dont nous avons été privés et nous avons dû beaucoup nous déplacer. A titre d’exemple sur les 20 derniers jours nous étions 15 jours en déplacement donc toujours dans nos bagages et sur la route. Le nombre d’heures d’entrainement et d’enseignement n’y est donc pas, ni les séances sur glace même si vous avons pu nous entrainer notamment à Cergy et à Meudon. Nous avons aussi dû nous déplacer en Allemagne et en Grande Bretagne dabs le cadre des matchs de préparation. Dans ces conditions, la récupération n’est pas optimale. Nous avons aussi du retard sur l’évaluation des joueurs dont l’adaptation est plus ou moins longue. Il en est de même pour le niveau d’assimilation des schémas de jeu par un effectif très jeune. Ce week-end nous avions 13 joueurs de moins de 25 ans, si on retire Danick Bouchard, nous avons l’alignement le plus jeune de la Ligue. Cela se traduit par un gros manque d’expérience et cela nous oblige à faire beaucoup de vidéo et à travailler très dur avec les joueurs.
Concernant le niveau d’expérience du groupe, suite à la perte de Henri-Corentin Buysse qui a décidé de raccrocher des patins, vous avez réussi à faire venir Clément Fouquerel pour garder le but amiénois, êtes-vous satisfait d’avoir attiré un JFL (ndlr : joueur formé localement) de cette qualité ?
C’est sûr que là nous avons perdu un gros atout. En le perdant, tu perds ton numéro un qui n’est autre que le numéro un en France alors le remplacer par le numéro 5 français c’est différent. Nous avons donc constitué un duo avec le jeune Antoine Gilbert qui vient d’Amiens, pour le coup un vrai JFL, et nous espérons que l’association des 2 nous amènera à un niveau de performance proche de celui que nous avions lorsque nous avions Henri-Corentin. Nous comptons sur les deux, alors à eux de travailler dur et de redoubler de motivation dans cette émulation afin de performer avec l’équipe à chaque fois qu’ils seront dans la cage.
Pour revenir au mercato, sauf pour de rares exceptions, en Ligue Magnus les équipes ont un taux de renouvellement estival important, mais cette année celui de l’équipe des Gothiques a été très supérieur à celui de l’an dernier, cela correspond-il à votre choix ou est-ce une volonté de la direction ?
Le club est dans une phase de transition. Si 2 ou 3 sélections n’ont pas été décidées par moi pour le reste j’ai changé 80% de l’équipe. Avec un tel taux de renouvellement, il faudra donc un peu de temps pour retrouver une cohésion maximale. Cela risque d’impacter le début de saison qui s’annonce difficile d’autant que nous n’avons toujours pas récupéré notre glace, le match du 12 septembre est d’ailleurs reporté. La petite patinoire annexe à laquelle nous avons à nouveau accès n’est pas adaptée pour nos entrainements, voire présente des risques notamment au niveau des balustrades. Nous ne pouvons pas y faire les meilleures séances ce qui est un handicap pour notre préparation. Sinon pour revenir à cette phase de transition nous avons une équipe composée de 22 joueurs qui sont tous sous contrat dont beaucoup de jeunes. Compte tenu de nos moyens cela sature notre masse salariale et ne nous permet pas de faire venir quelques grosses pointures pour venir renforcer le groupe. La transition doit donc aussi venir de notre centre de développement qui ne sort pas de suffisamment de bons joueurs. A termes, c’est en développant en interne des jeunes joueurs compétitifs que l’on contribuera aussi à la montée en puissance des Gothiques. Cela permettra à l’équipe première de disposer, à moindre frais, de jeunes compétitifs ce qui dégagera de la masse salariale pouvant être redéployée sur le recrutement de joueurs de plus grande renommée pour complété l’alignement.
Pourtant les jeunes pousses amiénoises ne manquent pas de talent, Tomas Simonsen, international tricolore, en est le meilleur exemple ?
Oui, bien sûr qu’il y a des joueurs qui comme lui sont bons chez les tous jeunes voire en U20 mais il faut qu’ils confirment en Magnus. Le fait d’être allé jouer en Allemagne ou en Grande Bretagne leur a fait aussi toucher du doigt le très haut niveau. Il faut qu’ils travaillent encore plus. C’est très différent d’être le joueur phare, celui qui compte, dans ton équipe chez les jeunes et d’être un joueur parmi tant d’autres en élite. N’oublions pas qu’il faut 10 JFL dans l’équipe en Magnus donc beaucoup de joueurs qui ne correspondent pas au départ à des profils de premier et deuxième trios d’attaque par exemple. Il faut savoir faire sa place et la mériter. Franchir le gap qui mène à la Magnus n’est pas si évident. En France, quand les jeunes sont bons on les laisse faire ce qui veulent tant qu’ils marquent et que ça gagne. De fait, ils se pensent déjà arrivés mais le niveau d’exigence, notamment en matière de jeu défensif, est largement négligé. Cet aspect-là est une catastrophe en France alors qu’il est si important en élite. Il nous faut donc développer nos jeunes dans cette voie.
Question plus anecdotique, vos 2 gardiens ont conservé, lors de la préparation, les casques de leurs précédents clubs, est-ce un choix de leur part ou un problème d’équipement ?
Quand je dis que le Club est en cycle de transition et en plein développement il doit encore progresser en termes de professionnalisme. Ceci en est l’illustration et il lui faut aussi corriger ce genre de détail. Nos gardiens n’ont pas joué avec leurs nouveaux casques car ils ne les avaient pas encore reçus. De la même façon tous les joueurs ont joué les matchs amicaux avec des maillots non-floqués à leurs noms. C’est une chose que l’on ne voit pas chez les plus grands clubs qui sont prêts dès le camp d’entrainement.
Danick Bouchard (capitaine des Gothiques d’Amiens)
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Photo : Guillaume Schwab |
Danick Bouchard (Amiens) |
Danick tu fais partie des joueurs extrêmement expérimentés dans cette équipe comment comptes tu encadrer toute cette jeunesse cette saison ?
Je suis partagé, cela fait longtemps de je pratique ce sport mais, malgré mes 37 ans, je pense être fondamentalement resté jeune dans l’âme et dans mon mode de vie. Je m’entends donc très bien avec jeunes de l’effectif. En tant que capitaine je parle avec tout le monde et j’ai fait le tour des gars. J’ai un bon feeling avec ce groupe qui me semble composé de bonnes personnes.
Justement il y a beaucoup de recrues canadiennes, c’est important d’avoir un référent pour les accompagner dans un nouvel univers pour eux, de nouvelles installations et une nouvelle façon de vivre le Hockey sur glace à la française.
Oui c’est important pour le hockey sur glace mais aussi pour tous les aspects de la vie du quotidien, en allant de leur hébergement à la façon de faire les courses. Ici la vie est différente et les conditions d’accueil moins fastueuses qu’au Canada. Il est important pour moi de pouvoir les accompagner pour faciliter leur acclimatation. Il est essentiel aussi de les sensibiliser sur les pratiques de jeux et notamment la discipline. Sur les charges, par exemple, où les arbitres ici vont avoir tendance à lever le bras plus vite que dans d’autres pays. De la même façon, en France il ne faut pas parler aux arbitres au risque d’être rapidement pénalisé. C’est donc important que les étrangers se familiarisent avec ces pratiques et c’est mon rôle aussi de les alerter.
En termes d’objectifs, les play-offs c’est un minimum attendu pour un club comme Amiens mais pensez-vous possible de pouvoir aller titiller les grosses cylindrées de la Ligue sur l’ensemble de la saison ?
En tant que joueurs si nous n’en sommes pas convaincus autant rester à la maison. Je n’ai pas la prétention de dire que nous sommes la meilleure équipe du championnat mais si nous travaillons forts à chaque match, en les prenant les uns après les autres, et si surtout nous restons unis et solidaires je pense que nous avons suffisamment de qualités pour performer et obtenir de bons résultats.
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Conception : Guillaume Schwab |
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