|
Hockey sur glace - Ligue Magnus : Angers (Les Ducs) |
|
|
Hockey sur glace - NHL, Magnus: Jean-Sébastien Aubin |
|
De passage en France pour revoir ses anciens coéquipiers et récupérer ses affaires, Jean-Sébastien Aubin nous a accordé un entretien pour revenir sur sa retraite prématurée et sur les grands moments de sa longue et riche carrière. |
|
Angers/Grenoble, Hockey Hebdo |
Jean-Christophe Salomé le 03/09/2015 à 08:00 |
|
|
|
|
| photo: Fernando De Abreu | | Tu as annoncé ta retraite sportive à quelques jours de la reprise, suite à la blessure contractée lors des play-offs. A quel moment t’es-tu dit qu'il fallait arrêter ?
J’y ai un peu pensé tout l’été, je n’étais pas sûr. J’avais réussi à me convaincre de continuer mais, lorsque j'ai appris que ma femme était enceinte, c’est ce qui a motivé ma décision. Elle voulait accoucher aux Etats-Unis, et la naissance arrivant pour les playoffs, je ne voulais pas manquer ça. C’est aussi pour ça que j’en ai parlé au dernier moment. C’est un tout qui m’a décidé. Il n’y a jamais vraiment de bon timing pour ça. Je pense que j’ai compris à ce moment-là qu’il était temps d’arrêter de jouer et de passer à autre chose.
Et avant cette blessure, avais-tu déjà réfléchi au moment pour ranger tes patins ?
Non, pas encore. J’ai fait une bonne saison et, côté hockey, tout allait bien. Je pensais faire quelques saisons de plus.
Quel bilan tires-tu de ta saison en France avec les Ducs d’Angers ?
La Ligue Magnus est une meilleure ligue que tout le monde pense. J’ai été constant toute la saison, malgré une petite blessure qui m’a un peu ralenti vers la fin de l’année mais je me suis bien repris, juste à temps pour les playoffs. C’était une bonne saison en général, avec une bonne atmosphère au Haras, les joueurs étaient très bien, l’entente était très bonne. C’est malheureux qu’on ne soit pas allés plus loin.
Après quelques semaines de recul après ton annonce, tu n’as aucun regret d’arrêter ?
Oui et non. C’est sûr que c’est dur d’arrêter après avoir joué pendant 31 ans dont 20 ans professionnel. Ce n’est pas une décision facile. Aujourd’hui (à Angers), je suis retourné dans le vestiaire, j’ai vu les joueurs. Ce qui va me manquer, c’est de ne plus voir les joueurs et de leur parler. Quand la décision est prise, c’est fini. Je n’ai pas de regrets, je sais qu’il était temps de passer à autre chose.
As-tu pris le temps de faire un bilan de ta carrière ?
Non, je n’ai pas eu le temps, je travaille trop! Je n’ai pas le temps d’y penser, honnêtement. J’ai travaillé tout l’été, mais je suis sûr que quand j’aurai le temps de me poser, quand les saisons vont commencer, je vais probablement être un peu nostalgique et repenser à certaines saisons.
Quelle sera ta reconversion ?
C’est la première fois que je fais ça cet été, je me suis dit qu’il fallait penser au futur aussi. J’aime beaucoup le golf, je travaille dans le golf. Ça me prend beaucoup de temps, entre 40 et 50h par semaine, j’étais donc très occupé. Je m’occupe d’une boutique de golf et je répare aussi quelques bâtons.
| | (selfie) JS Aubin, dans sa boutique de golf | Tu n’as pas pris le temps de faire un bilan, mais tu dois bien avoir quelques souvenirs marquants ?
Ton premier match professionnel, tu t’en souviens toujours, tout comme ta première victoire, ton premier jeu blanc, ta première défaite… toutes les premières. Tu te rappelles de l’endroit, de la date et comment s’est arrivé.
Même quand tu te fais échanger, tu te rappelles des premiers matchs avec cette nouvelle équipe.
Est-ce qu’il y a un match qui ressort, dont tu gardes un souvenir particulier ?
(il réfléchit) Je ne dirais pas un, il y en a plusieurs : des matchs qui se sont très bien passés, des séquences. Par exemple, un match que j’ai joué contre les Stars de Dallas que l’on a battus 4-0 avec 45 arrêts. C’était un record de l’équipe à ce moment là, j’ignore si ça l’est encore (ndlr: c’est toujours le record, ainsi qu’un blanchissage avec le plus faible nombre d’arrêts: 16). J’ai aussi de bons souvenirs avec Toronto, c’était vraiment formidable.
Du début à la fin de ma carrière, j’ai toujours retenu le positif plus que le négatif.
As-tu des regrets ?
Tout le monde en a. Des fois, d’accepter son rôle un peu mieux, ce qui aurait peut-être fait que j’aurais joué plus longtemps dans la ligue nationale. Accepter d’être un deuxième gardien et de faire les choses autrement.
Tu as eu des coéquipiers prestigieux comme Jaromir Jagr, Mario Lemieux et Alexei Kovalev.
Jouer avec eux, c’était spectaculaire. Lors des entraînements, c’était quelque chose. C’était fun de faire des arrêts, même s’ils marquaient beaucoup!
On se dit “ok, c’est Jagr, c’est Mario Lemieux”, mais quand tu les arrêtais, ça te donnait un boost de confiance. J’étais chanceux de jouer avec de tels joueurs. J’aurais pu tomber sur d’autres équipes avec de bons joueurs aussi, mais j’ai joué avec des légendes. Je me sens très chanceux d’avoir joué avec eux.
Comment se sont passées les relations avec les gardiens avec qui tu étais associé ?
Quel que soit le gardien avec qui tu es associé, tu apprends toujours d’eux. Ce n’est pas parce que tu es premier gardien que tu n’as plus à apprendre des autres. J’ai toujours eu de bonnes relations avec mes coéquipiers gardiens, à apprendre d’eux. Je n’ai jamais eu de relations difficiles avec un autre gardien. J’ai eu beaucoup de chance, car ce n’est pas toujours facile de s’entendre avec l’autre gardien.
J’ai joué un an contre Sébastien Caron en DEL, il est encore là-bas à Hambourg. C’est sympa de revoir les gardiens avec qui tu as joué dans le passé et de voir qu’ils réussissent. Il doit être proche de la retraite, je crois (rires).
Tu as assisté aux débuts de Marc-André Fleury à Pittsburgh.
Oui, j’étais là à sa première saison. Ce n’était pas facile pour lui, il y avait beaucoup d’attentes sur lui. Il était très jeune, très motivé et très talentueux. Quand tu es jeune comme ça, la pression te rattrape un peu. Ca n’a pas été une saison très facile pour lui, mais il avait tellement de potentiel et de talent que ça lui a pris une saison de plus pour s’établir dans la ligue nationale.
Parmi toutes les villes et équipes où tu as joué en Amérique du Nord, laquelle respire le plus le hockey ?
Jouer à Toronto, c’est quelque chose. A Toronto, c’était fun, spectaculaire. Là-bas, il n’y a que le hockey qui compte. Tout le monde te reconnaît, ce n’est pas toujours facile. J’ai adoré mon expérience là-bas.
A Pittsburgh, c’était incroyable parce que c’était ma première équipe dans la ligue nationale. Quand j’y jouais, ce n’était pas dans le … mais dans … arena qui était fun aussi de par sa construction. J’en ai beaucoup de bons souvenirs.
A Los Angeles, c’était sympa aussi, mais il n’y avait pas autant de monde à l’époque. Ce n’était pas aussi bon qu’aujourd’hui, il y avait moins de monde également.
Comment compares-tu l'ambiance en Amérique du Nord avec l'Europe ?
C’est totalement différent. En France, je n’ai pas trouvé qu’ils chantaient autant qu’en Allemagne où ça chantait tout le match. Globalement, en Europe et donc surtout en Allemagne, c’était assez incroyable. Je me croyais dans un match de football (soccer), pas de hockey. Quand tu n’entends rien, c’est différent.
Quand on jouait à l’extérieur, les fans criaient des bêtises mais je ne comprenais rien à ce qu’ils disaient, ça ne m’affectait pas (rires).
Dans ta carrière, et notamment au début, y a-t-il une personne qui t'a marqué ou qui t'a aidé à atteindre la Ligue Nationale ?
J’ai toujours été un joueur qui ne se fiait pas trop aux entraîneurs pour me concentrer lors des matchs, mais mon premier entraîneur à Pittsburgh, Kevin Constantine, m’a vraiment aidé, par contre. Il était dur, mais j’ai vraiment appris avec lui, c’est lui qui m’a donné ma chance de jouer dans la ligue nationale. Je dirais que c’est une des plus grosses influences en tant que joueur.
Tu as connu la Ligue Nationale et la Ligue Américaine (AHL). Comment compares-tu ces deux ligues, que ce soit pour l'ambiance dans l'équipe ou le style de vie ?
Quand tu te fais repêcher, tu restes un an ou deux en junior puis tu vas soit dans la Ligue Nationale, soit dans la Ligue Américaine. A ce moment-là, en tant que Québécois, tu ne parles pas anglais, ça n’a pas été facile ma première année dans la Ligue Américaine. Tout le monde veut monter, l’atmosphère et la mentalité n’était pas vraiment à l’entraide entre les joueurs. Quand tu passes la première saison, que tu as un peu de succès, c’est là que tu prends confiance et que tu peux passer au travers n’importe quoi. Autant la première année en ligue américaine a été difficile, elle m’a aidé pour la deuxième année professionnelle en ligue nationale. Je parlais anglais, c’était plus facile, j’avais beaucoup plus de confiance en moi-même. Si je n’avais pas eu une première année aussi difficile, la deuxième année n’aurait peut-être pas été la même, je n’aurais pas eu le même désir de vouloir performer.
Il n’y a pas de garantie. Tu arrives là, tu joues bien, mais ça ne veut pas dire que tu vas faire l’équipe. Tu penses avoir réussi à jouer dans la ligue nationale, mais deux mois après tu descends. Ce n’est pas facile la vie de joueur à moins que tu ne sois super fort. Il faut que tu te battes pour avoir un poste, il faut travailler fort et bien jouer pour qu’ils te donnent ta chance.
Honnêtement, je ne changerais rien. C’est une expérience de vie incroyable et je souhaite à tous les joueurs d’avoir la chance de jouer dans la ligue nationale ou dans la ligue américaine. Il n’y a rien de mieux côté hockey. J’ai eu beaucoup de chance de le faire.
Est-ce plus compliqué de se faire une place pour un gardien ?
Oui et non. Je ne crois pas que ce soit plus difficile. On dit toujours qu’il n’y a que deux gardiens dans une équipe, contre 6 défenseurs et douze attaquants. On penserait tout de suite que c’est plus difficile, mais dans le fond, il y a beaucoup moins de gardiens de but que de joueurs. Pour les attaquants ou les défenseurs, il y a beaucoup plus de monde pour le même poste que les gardiens de but. Tu as peut-être 500 gardiens de buts qui se battent pour des postes à partir de la ligue américaine et en Europe contre plusieurs milliers de joueurs. Je ne crois pas que ce soit plus difficile pour un gardien en fait.
Il faut juste avoir un peu de chance, saisir sa chance quand tu l’as et performer au bon moment.
Quand tu as quitté la ligue nationale pour l’Europe avais-tu d’autres offres en Amérique du Nord?
J’avais des offres dans la ligue américaine, mais je n’avais plus vraiment envie d’y retourner. C’est beaucoup de matchs, mais de déceptions aussi. Les joueurs qui restent après 30 ans dans la ligue américaine sont des joueurs qui ne veulent pas aller en Europe. J’avais décidé d’aller en Europe, j’ai finalement eu une offre en DEL et j’étais très heureux d’arriver là. J’ai signé deux ans tout de suite, c’est ce que je voulais faire et j’en avais fini de la ligue américaine. L’Europe était mon meilleur choix.
Quel souvenir gardes-tu de tes années en Junior?
Là encore, c’était une solide expérience. On part de la maison à seulement seize ans, c’est beaucoup de pression aussi. Tu arrives dans une nouvelle pension, tu ne connais pas les gens, tu dois t’habituer à ça, l’école, le hockey. C’est un bagage d’expériences incroyable. Si tu demandes à tous les joueurs qui sont passés par là, ils te diront la même chose. C’est une expérience de vie incroyable. Lors de ma première année (c’est un peu loin - rires), ça c’est très bien passé. J’ai reçu une rondelle dans le casque, ça m’a coupé au-dessus de l’oeil et j’ai manqué deux à trois semaines. A mon retour, ça ne s’est pas très bien passé, je n’étais pas encore prêt. Quand tu te fais frapper dans le visage et que ça te marque, ça prend un moment pour se réhabituer et te dire que ce n’est pas grave, que tu es protégé. J’ai quand même été repêché. La deuxième année s’est moyennement bien passée. La troisième, j’ai été échangé en fin d’année.
En junior, c’est assez rare d’avoir une carrière où tout se passe bien du début à la fin. Il y a beaucoup de hauts et bas, mais au final, tu passes professionnel.
Je trouve que je me suis bien défendu, c’est là que tu découvres qui tu es. Et c’est la manière de répondre à ces challenges qui façonne ta carrière, bonne ou moins bonne.
Carey Price est-il le meilleur gardien au monde ?
Je pense que oui. C’est sûr qu’il n’a pas gagné la Coupe Stanley, mais ce n’est pas une personne qui la gagne mais une équipe. Je ne pense pas que les Canadiens aient la meilleure équipe. C’est dur à dire, mais est-ce que les Blackhawks de Chicago auraient gagné la Coupe Stanley avec Carey Price? Corey Crawford a gagné deux Coupes Stanley, et Carey Price aucune mais tout le monde dira que Carey Price est le meilleur des deux.
Il est très proche d’être complet, il n’a pas beaucoup de failles. C’est un gros gabarit, il bouge très bien, il voit bien les lancers. Il y a d’autres gardiens qui sont incroyables, mais je pense que c’est le meilleur.
Tu as certainement gardé les maillots et masques de tes anciennes équipes. Qu’en as-tu fait ?
J’ai les maillots et les masques de toutes les équipes pour lesquelles j’ai joué. On va acheter une maison et je vais les mettre à la vue de ceux qui vont venir.
Pour terminer cette interview, veux-tu passer un message ?
Comme je l’ai dit sur Twitter, j’aimerais remercier les fans d’Angers pour leur support incroyable pendant la saison. On sait tous qu’il y a des hauts et des bas dans une saison, qu’il y a eu des problèmes, mais ils ont été là tout le temps. Je voudrais les remercier pour ça.
|
|
|
|
© 2024 Hockeyhebdo.com - Reproduction totale ou partielle interdite sauf autorisation des auteurs. |
|
|
|
|
|
Réactions sur l'article |
|
|
Gondra a écrit | le 02/09/2015 à 15:27 |
ça aurait été sympa de lui faire dire un petit mot sur Sabourin, qui prend le relais des gardiens NHLer en Magnus ;) |
|
|
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.
|
|
|
|
|
|
...Bitte wählen Sie Ihre Sprache... Choose your language in just one click... Choisissez votre langue, clic plus haut...
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|