Hockey sur glace - Peter Regin - Danemark: Un moment unique dans une vie
Le capitaine du Danemark, Peter Regin, a évolué plusieurs saisons en NHL avant de rejoindre la KHL pour prendre un grand rôle avec le Jokerit d'Helsinki. La tentation était trop forte de faire sa connaissance lors de son passage à Grenoble avec le Danemark.
Peter Regin n'a pas joué lors des deux matchs à Grenoble. En reprise après une blessure, il participait au stage et aux entrainements avec le groupe.
photo: Jean-Christophe Salomé
C'est ta troisième saison en KHL avec le Jokerit. Comment te sens-tu dans cette équipe ?
Nous nous améliorons année après année, surtout cette année où nous avons franchi un palier. Nous avions une très bonne équipe, une des meilleures de la ligue mais nous devions jouer contre Moscou dès le deuxième tour, c’est comme ça. Et si nous avions gagné, nous aurions joué St Petersbourg. C’est toujours difficile pour atteindre la finale dans notre division puisque nous sommes avec les deux meilleurs équipes. Mais nous sommes juste derrière et si nous continuons à nous améliorer, nous aurons nos chances.
Nous étions très proches tout au long de la série. Nous gagnons le match 5 dans la 8e période, et si nous l’avions perdu, la série était terminée à 4-1. Je ne dirais pas que nous avons été malchanceux, mais lors du match 6, nous avons mené au score à plusieurs reprises et ils sont toujours revenus au score. Si nous avions pu pousser à un septième match, c’était du 50/50 ensuite.
Un cinquième match qui se termine à la 8e période (*), une durée de 6 heures. Un nouveau record en KHL.
Nous étions tellement fatigués à la fin. C’est une très longue séquence de jeu, surtout lors des playoffs, surtout quand tu sais que la saison sera terminée s’ils marquent. Chaque shift était intense jusqu’au bout. *ndlr : victoire 1-2 de Jokerit à Moscou après 142 minutes et 9 secondes de jeu. Le match s'est terminé après 2'09 de la 8e période pour établir un nouveau record du match le plus long en KHL.
Quand on joue aussi longtemps, qu’en est-il de la lucidité et de la fatigue ?
Oui, tu ressens la fatigue physique, mais tu es tellement concentré sur le match, c’est surtout le lendemain que nous étions fatigués. Heureusement, le match 6 était deux jours plus tard.
Autant les joueurs ont des séquences de repos sur le banc, qu’en est-il des gardiens ?
Notre gardien (Rämö Karri) s’est blessé à la fin des prolongations, il n’a pas pu jouer le match suivant. Il était vraiment fatigué, évidemment, c’est le poste le plus difficile sur une aussi longue période.
Ce genre de match qui établit un record, c’est toujours mieux de le gagner.
Oui, bien sûr, c’était un match énorme pour nous parce que ça nous permettait de pousser la série d’un match à domicile. Nous étions confiants de gagner le match 6 à domicile et d’en découdre chez eux à Moscou sur un match 7. C’était une grande fierté après ce match.
Et le public, a t’il tenu le coup jusqu’à la fin ?
Il était très tard, 1h30 du matin heure de Moscou. Il restait encore des gens, mais on voyait qu’ils étaient également très fatigués.
Après plusieurs saisons en Amérique du Nord, as-tu eu besoin de te réadapter au jeu européen sur des grandes glaces ?
Pas vraiment pour les grandes glaces puisque je m'entraîne tous les étés à la maison au Danemark et j’ai appris sur des grandes glaces. Cela n’a pas nécessité beaucoup de temps. De plus, nous avions une très bonne équipe dès ma première année avec Jokerit. J’ai marqué des points et buts assez rapidement, la confiance est vite venue, ce qui m’a permis de voir que je pouvais jouer à un niveau élevé dans cette ligue. Le Jokerit est un très grand club, très professionnel, tout est fait hors de la glace pour être à l’aise.
Qu’est-ce qui a motivé ta décision de quitter l’Amérique du Nord et d’aller en KHL ?
J’étais avec Chicago depuis quelques années, j‘étais descendu en AHL sans pouvoir remonter en NHL. J’avais le sentiment que j’aurais un contrat NHL one-way à nouveau quelque part.
J’ai discuté avec Jari Kurri de Jokerit (manager général). J’ai rapidement compris qu’il y aurait quelque chose de sympa à faire. J’étais en Amérique du Nord depuis un bon moment, je n’avais pas le sentiment que ça me manquerait. J’ai assez joué en NHL pour avoir le statut de joueur de NHL (NHLer). Je ne voulais pas continuer pour juste être dans la ligue, je voulais continuer à progresser et être partie prenante dans une équipe. C’est pourquoi j’ai saisi l’opportunité et d’aller à Helsinki.
Tout jeune joueur rêve de NHL. Quel était ton sentiment quand tu as été drafté en NHL ?
J’étais très excité. Je jouais encore au Danemark quand j’ai été drafté, c’était vraiment spécial. Habituellement, les danois qui étaient draftés joueaient en Suède ou ailleurs. Je jouais chez moi (Herning), mon objectif était d’aller en Suède. Quand j’avais 16 ans, je ne pensais pas vraiment à la NHL. Une fois drafté, on commence à parler avec les recruteurs (scouts), et mon objectif s’est de plus en plus orienté vers la NHL. Je suis allé en Suède l’année suivante, et de là mon objectif est rapidement devenu la NHL.
La prochaine étape, c’est de jouer un mondial à domicile, chez toi à Herning (ndlr:son club formateur).
C’est un moment unique dans une vie. Ce sera un sentiment spécial. Pour le hockey danois et le danemark, un peu comme la France qui sont des petites nations de hockey, cela montre que nous avons grandi et nous nous sommes rapprochés des grandes nations. La France, la Norvège, le Danemark, ces pays poussent de plus en plus fort les grosses équipes. Cela prouve que nous progressons. Le parcours de l’Allemagne aux jeux olympiques donne de la confiance aux plus petites équipes. Lors du précédent championnat du monde, nous avions battu l’Allemagne qui avait presque la même composition qu’aux Jeux Olympiques. Cela signifie que nous ne sommes pas très loin. Ils ont joué un tournoi incroyable, et je ne sous-estime pas leur parcours bien au contraire, mais cela prouve que le niveau se resserre.
Quelles sont les attentes et objectifs du Danemark? Au moins un quart de finale ?
C’est notre objectif, ce sera compliqué, nous le savons. Nous devons gagner trois ou quatre matchs pour l’atteindre, tout dépend de notre équipe et de la disponibilité de nos joueurs en NHL. Quelle que soit la composition, notre équipe sera très bonne. Notre équipe est jeune, nous allons progresser et être prêts pour le début du championnat du monde.