Hockey Hebdo : Merci monsieur Ranger, pourriez-vous tout d'abord vous présenter à nos lecteurs ?
Philippe Ranger : Je suis un ancien gardien qui a joué au plus haut niveau pendant 10 ans notamment dans des clubs comme Rouen, Brest, Gap, Epinal, Dijon, Lyon, Caen donc que des clubs qui ont un certain passé dans le hockey et qui aujourd'hui sont au plus haut niveau.
H. H. : Quel a été votre palmarès en tant que gardien ?
P. R. : J'ai été deux fois champion de France, une fois avec Rouen et une fois avec Brest. J'ai fait aussi la finale de la coupe d'Europe avec Rouen dans les belles années, les années 1990 avec la grosse équipe Franck Pajonkowski, Claude Verret par exemple et Petri Ylönen dans les buts.
H. H. : Quel gardien était pour vous une référence ?
P. R. : Mon gardien de référence, c'était Patrick Roy au Canada. En France, il y en a eu pas mal mais c'est vrai que quand j'ai été avec Ylönen, j'ai beaucoup appris parce que c'était quelqu'un de très intéressant et de très perfectionniste. Cela sert de leçon quand on a quelqu'un comme cela devant soi quand on est jeune.
H. H. : Pourquoi avoir choisi de rester à Nantes, à l'issue de la saison 2001/2002 , quand l'équipe a été rétrogradée administrativement en division 2 ?
P. R. : Tout à fait, d'une part j'avais fait quinze clubs avant donc cela ne m'intéressait plus de repartir, puis deuxièmement on était revenu à Nantes parce qu'on avait fait le tour de toutes les villes en France et qu'à Nantes, il faisait beau y vivre. On avait eu notre enfant donc il paraissait intéressant de rester définitivement dans une ville et Nantes paraissait la bonne ville.
H. H. : La saison dernière, vous êtes ressorti de votre retraite avec brio, qu'est-ce qui a réussi à vous motiver pour revenir ?
P. R. : Quand on est quelqu'un qui a joué au plus haut niveau et que l'on peut aider le club ou des amis avec qui j'ai joué. C'est vrai que cela m'a fait un peu peur mais j'ai sauté sur l'occasion parce que j'aime les challenges. C'était un gros challenge après cinq ans d'arrêt d'un autre côté, cela reste que la deuxième division, je connaissais le niveau en venant à tous les matchs observer l'équipe. J'ai pu me rendre compte qu'il ne me fallait pas tant de temps que ça pour retrouver le niveau.
H. H. : Quel a été votre meilleur souvenir dans votre carrière de gardien ?
P. R. : Mon meilleur souvenir c'est la finale de la coupe d'Europe en Allemagne, à Düsseldorf, devant 12 000 spectateurs. J'ai joué dix minutes, c'était magnifique.
H. H. : Pourquoi avoir accepté de prendre la présidence des corsaires de Nantes ?
P. R. : Cela c'est fait de fil en aiguille. L'année dernière, j'ai repris les entraînements, j'ai rejoué donc j'ai vu un petit peu l'état du club et de l'équipe. Ce n'était pas glorieux puis on m'a demandé si je pouvais m'impliquer dans le club. J'ai réfléchi et cela me paraissait intéressant au vu de mon expérience au niveau du hockey et de mes relations sur Nantes. C'est un concours de circonstance qui fait que aujourd'hui je suis arrivé à la présidence du club avec tous les gens qui travaillent autour de moi.
H. H. : Mr Dionnet, votre prédécesseur, a été remercié sèchement alors qu'il a tenu la barre durant les années de crises du club, pourquoi ?
P. R. : La question est bonne, on n'a eu que des années de crises depuis 7 ans. C'est cela aussi un peu le problème du club, c'est qu'il faut en sortir à un moment de la crise. Après, ce n'est pas moi qu'il l'ai remercié sèchement, c'est une association. L'association n'appartient à personne, ce n'est pas une entreprise donc voilà.
H. H. : Pourquoi avoir changé le logo et les couleurs du club à votre arrivée ?
P. R. : En fait, on a voulu faire une rupture pour arrêter la crise et tout le tralala. Les couleurs du club à la base c'étaient le blanc et le noir, le jaune et le vert ont été rajoutées dans un deuxième temps. En plus, le jaune et le vert ne sont pas forcément des belles couleurs pour le hockey et cela créait un amalgame avec les canaris du foot. Nous on ne fait pas du foot mais du hockey. Et puis quand on s'appelle Nantes Atlantique Hockey Glace, l'Atlantique, c'est plus le bleu que les autres couleurs. Il fallait redonner un dynamisme au club donc cela passait aussi par un changement de logo.
H. H. : Quel sont vos objectifs pour la saison en cours ?
P. R. : Les objectifs, ils étaient annoncés cette année et ils ne sont pas atteints, cela je peux vous le dire. On devait gagner tous les matchs à domicile et c'est loin d'être le cas. On devait aussi faire bonne figure dans la poule même si elle est relevée. Aujourd'hui, il manque pas grand chose, à chaque fois, il y a des petits faits qui font qu'on n'a pas la réussite, ou qu'on y arrive ou on ne se pose pas les bonnes questions. L'objectif maintenant c'est de faire les play offs et puis de voir après. De toute façon, on prend ce qu'il y a à venir.
Quel est votre projet à moyen terme et long terme pour le club ?
H. H. : L'objectif pour le club c'est de retrouver la victoire à Nantes, de faire venir les spectateurs et de développer P. R. : le hockey mineur, le tout à moyen terme. Après pour l'équipe première, c'est de gagner tous les matchs et de viser la montée mais aujourd'hui, on n'en est pas là.
L'équipe fanion peine encore cette saison avec un bilan famélique après 10 journées ?
Ce n'est pas bon. Les résultats ne sont pas à la hauteur de nos attentes. Maintenant, on va continuer comme cela et on verra dans quelques temps les changements qu'il y aura à faire.
H. H. : L'équipe a montré des grosses faiblesses alors qu'elle semblait avoir le match en main, que cela vous inspire-t-il ?
P. R. : Je ne sais plus ce que cela m'inspire. Je n'arrive plus à savoir par quel bout m'y prendre, je ne vis pas avec eux, je le vois de l'extérieur. Je me suis entrainé récemment avec eux pour voir ce qu'il se passait à l'intérieur du groupe. On a du mal à comprendre que l'on peut avoir des relâchements comme cela aussi vite en aussi peu de temps c'est qu'il y a un problème mais je ne sais pas où.
H. H. : Parmi les nouveaux, certains vous ont-il déçu ?
P. R. : Déçu, la saison n'est pas finie. C'est vrai que j'avais de gros espoirs sur certains qui ne sont pas là. Et puis à contrario, on a fait dix nouvelles recrues et j'ai plus de satisfaction que de déception.
H. H. : Que se passera-t-il si Nantes ne se retrouve pas qualifié pour les séries ?
P. R. : Eh bien, on se retrouvera dans la même situation que la saison dernière en play down donc pas du tout les objectifs qu'on s'était fixés. On en tirera les conclusions et on prendra les décisions avec le bureau pour savoir ce que l'on fait la saison prochaine.
H. H. : Pensez-vous faire des changements à l'inter-saison (entraineur; joueurs …) ?
P. R. : A l'inter-saison, c'est difficile dans le hockey de faire des changements parce qu'on n'a pas les moyens financiers et les licences sont bloquées donc maintenant, on ne peut plus rien faire. Mise à part des changements à l'interne dans le club, je ne vois pas ce que l'on peut faire d'autre. On en a déjà fait quelques uns, on va continuer comme cela et à la fin de la saison , on fera les changements si il le faut.
H. H. : Comment expliquez-vous que la patinoire soit pleine avec les prestations de l'équipe ?
P. R. : C'est plus du fait que l'on a communiqué un peu plus. On a fait des partenariats avec des écoles de commerce qui sont dynamiques et qui nous ramènent des jeunes. On essaie aussi de mettre un peu d'ambiance avec des pompom girls. Tout cela fait que les gens s'y prennent et puis après au niveau des matchs sur la glace même si on ne gagne pas, il y a des rebondissements. Les gens aiment et c'est ce qui explique qu'ils reviennent à chaque match. Quand on les entend, ils sont contents, moi je serai encore plus content quand l'équipe gagnera mais c'est déjà un bon départ.
H. H. : Le Hockey sur Glace arrive-t-il à se faire un place dans une ville où les sports de haut niveau ne manquent pas ?
P. R. : On essaie, dans toutes les grandes villes c'est la même problématique, il y a des équipes de haut niveau dans tous les sports. Après, il faut que l'on fasse preuve de dynamisme et des résultats au niveau de la ville pour espérer une attention un peu plus importante.
H. H. : Le club est passé furtivement à deux reprises sur TF1, pouvez-vous nous en dire un mot ?
P. R. : Ce sont des concours de circonstances, des reportages qui se faisaient, les gens de TF1 m'ont appelé rapidement. J'ai essayé de faire du mieux possible pour être à leur disposition parce que le hockey n'a pas tellement d'audience ni de passage à la télévision. J'en ai profité pour valoriser un peu le club par rapport à leur émission.
H. H. : Deux joueurs canadiens Guillaume Levasseur et Nelson Vargas Dias ont marqué les esprits lors de leur venue, que pensez-vous de ces 2 joueurs et comment le club les a-t-il perdu ?
P. R. : C'est toujours la même problématique quand les joueurs sont bons, ils ont des contacts avec les autres clubs à des niveaux supérieurs donc c'est difficile de les garder. Maintenant, ce que j'en pense c'est que ce sont de très bons joueurs, et que si ils étaient là cette année cela aurait changé un petit peu l'image de l'équipe. C'est leur choix et d'un autre côté, on ne fait pas de surenchère à Nantes, on ne peut pas se le permettre. Tant mieux pour eux si il réussissent, tant pis pour nous, on va essayer de trouver encore mieux l'année prochaine.
H. H. : Le club n'a pas des difficultés que au niveau de l'équipe fanion mais quasiment à tous les niveaux avec des U 23 et U 18 bons derniers et des U 15 à la peine, pourquoi ?
P. R. : Ce sont des résultats décevants mais c'est surtout pire que cela, ce sont des comportements décevants. Les résultats à la rigueur quand on s'entraine et que l'on donne tout ce que l'on a, on perd contre meilleur que nous. Après, si on ne se donne pas tous les moyens pour réussir, c'est clair que l'on ne peut pas gagner. C'est un état d'esprit que l'on essaie de changer mais cela ne se fait pas rapidement. On met des choses en place mais il y en a qui sont depuis tellement longtemps dans le club, habitués à ne pas faire grand chose, que ce n'est pas facile. Surtout du sport, c'est pas comme l'école, le sport, c'est on aime, on vient et on se défonce sinon on reste chez soi. C'est ma vision du sport que j'ai fait, c'est pour cela que j'ai joué à haut niveau. Après les gens qui me disent qu'ils veulent jouer au haut niveau et qui ne font rien, ils n'iront jamais au haut niveau et puis ceux qui espèrent jouer au haut niveau, faut qu'ils se bougent un peu.
H. H. : Quelles sont les relations avec les 3 clubs voisins (Angers, La Roche, Cholet) quand on sait que ces clubs ont recruté parfois largement dans votre équipe ?
P. R. : Les relations sont bonnes après les gens, ils recrutent. Si tu veux parler de la Roche sur Yon, sur les deux qui ont été recrutés, il y en a un que je ne gardais pas et l'autre que je gardais. Ils ne m'ont pas dit qu'ils s'en allaient, je l'ai appris par hasard sur internet. Je ne retiens personne, si ils veulent s'épanouir ailleurs qu'ils y aillent, il n'y a pas de problème de ce point de vue là. Après Cholet, cela fait bien longtemps qu'ils ne recrutent plus chez nous parce qu'ils sont meilleurs que nous, si ils recrutaient chez nous c'est qu'il y aurait un problème pour eux et il ne serait pas premier. Puis Angers, ce sont des concours de circonstances; ce sont des jeunes qui veulent aller s'essayer au plus haut niveau. Ils y vont et cela se passe bien et ils y restent, cela se passe mal, ils reviendront peut être. Après, si demain, j'ai un joueur à aller chercher à Angers, à Cholet ou à La Roche sur Yon peut-être que je le ferai.
H. H. : Vincent Jacquemin cire le banc à Angers que cela vous inspire-t-il ?
P. R. : C'est son choix, c'est un jeune qui je pense aurait dû rester au moins encore une saison pour confirmer la bonne fin de saison qu'il avait faite la saison dernière. Il a voulu faire le choix d'aller à Angers en ligue Magnus parce qu'on lui a promis plein de choses. Maintenant, il apprend, c'est la vie d'un joueur de haut niveau qui s'essaie et qui doit comprendre qu'entre la division 2 et la ligue Magnus, il y a peut-être des étapes à passer. Si lui, il est content, c'est le principal.
H. H. : Florian Hardy que vous avez connu à ces débuts est devenu un des meilleurs gardiens français, pouvez-vous nous en toucher un mot ?
P. R. : Oui, cela me tient particulièrement à coeur parce que Florian, je le connais depuis l'âge de douze ans. C'est moi qui l'ai entrainé au début, la première année où je suis passé à Nantes. C'est quelqu'un que j'aime bien en plus parce que c'est un bon gars. Il a tout aujourd'hui pour être où il est et c'est surtout qu'il le mérite parce qu'il a travaillé fort et que dans la tête il est prêt, l'aspect psychologique, il l'a. Gardien, ce n'est que cela, la technique, tout le monde l'a, après c'est dans la tête que cela se passe. Il a passé un cap que je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse passer. Je suis super content pour lui, et qu'il continue comme cela. A sa retraite, il reviendra peut-être rejouer à Nantes. (rire)
H. H. : Quelle équipe et quel joueur de la poule vous ont le plus marqué en ce début de saison ?
P. R. : Il y a deux joueurs qui m'ont marqué, ce sont eux qui ont fait la différence contre nous. Mathieu Cyr de Val Vanoise, il a la même capacité que Nelson (Vargas Dias), très bon joueur, gros patineur et super homme et surtout une bonne mentalité, le gars, il en veut toujours. Le deuxième, c'est Mattaa, l'entraineur joueur de Clermont Ferrand, il n y a pas de secret non plus, il a joué à Caen en ligue élite donc voilà le gars en division 2, il peut marquer à tout moment et c'est ce qu'il fait quasiment à tous les matchs et pas que face à Nantes. A Lyon il égalise à 20 secondes de la fin pour finir à 4 - 4. Ce sont des joueurs qui ont joué à haut niveau. Une équipe jusqu'à aujourd'hui (hésitation), Tours, ils ont une belle équipe avec 10 étrangers ce serait dur de ne pas avoir une belle équipe. Toutes les équipes dans notre poule sont quand même costaud, mis à part peut être Champigny (sur Marne) qui est un ton en dessous. Quand vous prenez Rouen (la réserve), ça patine, ce sont que des gamins mais qu'est-ce qu'ils en veulent ! On voit qu'ils ont la culture du Hockey à Rouen, cela fait plaisir à voir des équipes comme ça.
H. H. : Que vous inspire la cas de Tours qui a été de nouveau rétrogradé en division 2 et qui demande maintenant à jouer les séries ?
P. R. : Il n'y a pas de secrets ou de nouveaux rebondissements. Tours, ça restera toujours Tours. Ils essaient de s'accrocher à toutes les branches qu'il y a sur l'arbre. Ils ont été rétrogradé,s ça c'est la fédé. On leur a dit qu'ils ne joueraient pas les play offs, ils veulent les jouer. Ils sont premiers, donc ils peuvent espérer les jouer, ils ont tout fait pour. Maintenant, c'est à la fédé de prendre des décisions moi je n'interviens pas là-dedans. Du côté sportif, ce que j'aimerai, c'est qu'on gagne à être dans les play offs par notre esprit combatif et nos résultats sportifs.
H. H. : Qui peut espérer décrocher les deux tickets pour la division 1 ?
P. R. : C'est difficile mais je verrai bien Cholet parce qu'ils ont une bonne dynamique depuis trois ans. Ils sont réguliers et ont confiance en eux, donc ça va être une équipe redoutable. Dans notre poule, Asnières, ils ont l'air de bien se présenter. Je verrai bien ces deux équipes là avec peut être une autre, surprise.
H. H. : Quel équipe de LNH préférez-vous et pourquoi ?
P. R. : Je n'ai pas le câble donc je ne regarde pas tous les matchs. Je vais dire les Black Hawks de Chicago parce qu'il y a Cristobal Huet. Rien que pour cela, je prendrai Chicago.
H. H. : Est-ce que un joueur ou un cerbère en activité vous impressionnent au niveau des internationaux ?
P. R. : Florian Hardy, il se démerde bien et quand je vois les matchs qu'il fait avec l'équipe de France, il joue encore mieux c'est beau. Il n'est pas dans une équipe des plus faciles de ligue Magnus à Dijon et puis quand il arrive en équipe de France on dirait qu'il en est qu'en équipe de France et ce n'est peut être pas le cas des autres gardiens qui se mettent encore plus la pression. Lui j'ai l'impression que c'est que du bonus et il fait des grands matchs. Moi en tant que gardien, je n'ai pas fait la moitié de ce qu'il a fait lui. Je lui tire mon chapeau et lui souhaite un bonne continuation.
H. H. : Maintenant faisons, le jeu des pronostics ?
P. R. : La Magnus : Angers - Coupe de France : Angers - NHL : Chicago - JO : Canada - D1 : Brest ou Caen