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Yves Seira (archives) |
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HH : Salut Timur, nous te remercions de nous accorder du temps après ta saison, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
TS : J’ai commencé ma carrière au CSKA Moscou, où j’ai réellement commencé à patiner à 4 ans. J’ai été joueur durant 1 année pour vraiment apprendre à patiner. Jusqu’en 2010, j’ai évolué au CSKA, puis notre famille a choisi d’emménager en Suisse. J’ai commencé à Fribourg-Gottéron, où j’ai joué durant quelques temps, avant d’aller à Lausanne. J’y ai joué en Moskitos Top et en Minis Top avant de partir, par choix, au Canada. J’ai étudié et joué dans le cadre du collège de Notre-Dame. Puis, après mûres réflexions et discussions avec mon entraîneur, Sébastien Beaulieu, et mes parents, je suis revenu à Lausanne avec un contrat de formation (1 année en Novice Elite et 3 ans de Juniors Elite).
Je n’ai pas beaucoup joué en Novices, mais les objectifs nous ont été fixés. Nous sommes 2 gardiens de 2000, avec Derian Rensch, et l’entraîneur nous a fait comprendre que le meilleur aurait sa place. J’ai aussi eu la chance d’aller en camp d’entrainement avec l’équipe nationale de Russie, durant 3 semaines, à une époque où mes coéquipiers étaient en salle, cela m’a aussi beaucoup aidé à faire une bonne saison. On avait une équipe jeune. La concurrence avec Derian était saine, elle m’a poussé à toujours faire mieux.
Pourquoi le hockey et le poste de gardien ?
Personne dans ma famille n’a joué au hockey avant. Mon papa était grand fan de hockey sur glace et une fois, quand j’étais petit, je devais avoir 3 ans, il arrive et me demande si je voulais jouer au hockey. Sans penser au reste, j’ai dit « gardien ! » et ça a commencé comme ça.
Gardien, c’est un poste où tu as tes responsabilités, la possibilité de sauver des matchs, être là pour ton équipe quand il faut. Petit, j’avais compris que ça allait être difficile. Si tu es joueur, tu peux faire une erreur, pas quand tu es au but, et c’est quelque chose qui me plait. Je suis quelqu’un de timide, dans ma bulle et tout cela m’a beaucoup aidé sur l’aspect mental.
Pourquoi être venu en Suisse ? et comment cela se passe-t-il pour toi dans la vie privée et dans la vie hockey ?
À ce moment-là, la situation économique russe était difficile. Mon papa a cherché un endroit propice pour la famille. Il était déjà venu travailler en Suisse, donc ça a facilité mon arrivée. Je trouve le pays très beau, tu as tout ce qu’il faut ici. Mon objectif est de devenir professionnel ici, on joue dans un bon niveau, devant des fans incroyables. Quand je suis arrivé, mes premières années était compliquées, ne serait-ce qu’à cause de la langue. Je ne parlais ni français, ni anglais et je ne comprenais pas mes coéquipiers, les discours etc… ça m’a donné envie d’apprendre.
Le hockey junior se développe de plus en plus ici, les Juniors Elite A sont un très bon step dans ta carrière. Tu vois vite, surtout du côté de la Suisse allemande, que certains juniors sont déjà « comme des pros ». Bien entendu au Canada et aux US c’est déjà bien développé, mais je suis content du niveau que l’on a ici. De plus, j’ai reçu mon passeport suisse il y a quelques mois, et suis désormais binational russe-suisse et je sais à quel point c’est important si tu veux évoluer en Suisse, comme gardien.
C’est un objectif clair, tu veux devenir professionnel ici ? |
Fabien Perissinotto |
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C’est ma motivation, c’est mon focus. J’ai fait beaucoup d’école l’année passée, ça me permettait cette saison d’être libre pour de l’extra à la salle. J’ai une relation assez particulière avec Adrien Valvo, le préparateur physique et je lui demande toujours comment je peux à chaque fois m’améliorer.
Je donne tout pour avoir du succès dans le domaine, c’est mon plan A, mais j’ai un plan B, très important. Une carrière de hockey peut se terminer très vite et tu n’es jamais à l’abris d’une blessure. J’ai un diplôme qui me permet d’accéder aux high schools.
À quel moment tu as voulu faire du hockey sur glace professionnellement ?
C’était au Canada. Je m’entrainais à la salle et j’ai eu le déclic. Je deviens un adulte, le monde du hockey est très grand, et si tu veux avoir le succès, tu dois faire plus que les autres. Je remercie beaucoup mon papa, c’est vraiment lui qui m’a donné cette mentalité-là. Avoir du talent, c’est bien, mais je suis quelqu’un de bosseur et qui fait tout le nécessaire pour obtenir les résultats. Plus j’approche de la fin de ma carrière junior, plus je me rends compte à quel point c’est concret.
Et cette expérience au Canada ?
On est tous arrivés à l’âge de 13-14 ans, seuls, avec des Russes, des Suédois, pour jouer à ce niveau. Les 3 premières semaines étaient vraiment dures, certains n’avaient pas la mentalité et sont partis. Le problème principal pour beaucoup était la langue, ce n’était pas le cas pour moi. Je me suis très vite adapté à la circonstance, je pense que c’est une de mes qualités. C’est très strict, mais j’ai beaucoup appris sur l’aspect off ice. Comment aller à la salle, gérer ton corps. C’est important de faire le job sur la glace, mais il faut aussi s’entretenir. C’était 2 années-clefs, j’ai vraiment appris à être un pro.
Tu étais avec l'équipe nationale russe U17, à l'ICHT de Monthey en 2016. Comment est-ce que tu abordes ce type de tournoi, qui plus est, avec l'équipe nationale ?
C’est une histoire intéressante. C’était l’hiver de l’année 2016, on jouait un match face au Genève Futur Hockey et une semaine après, je reçois un message de mon agent en Russie selon lequel l’équipe nationale veut me convoquer pour le camp de préparation d’une semaine pour ce tournoi, à Moscou. C’était la première fois que j’étais sélectionné pour représenter mon pays. Je me suis dit « Tu as fait le travail pour être ici, il faut stopper tous les sentiments et jouer. » Je savais que leur gardien principal allait partir, mais il y en avait un 2
e avec lequel j’étais réellement en concurrence. J’ai fait un très bon camp, tout allait plus vite (certains de mes coéquipiers jouaient déjà en KHL) et j’ai finalement intégré le contingent pour Monthey.
C’était un feeling dingue. Lors de ma première sélection, le coach est venu vers moi le matin et je ne me suis jamais autant senti stressé dans toute ma vie. Ma première fois devant un public etc… vraiment incroyable, on devait gagner ce match, mais nous avions perdu. En regardant avec le recul, j’apprends à gérer le stress grâce à ce type de match.
La même année, on jouait les play-offs avec les Juniors Elite A. Matteo Ritz s’était blessé et le match suivant, Dylan Berutto et moi étions allé pour jouer. D’ailleurs, si je joue ou ne joue pas, rien ne change dans ma préparation. Même mes coéquipiers me trouvent bizarre dans mes rituels.
Question bonus : Comment est-ce que tu as vécu ta première sélection nationale ?
Je trouve qu’il y a 2 types de personnes. Un type qui prend cela au sérieux, et d’autres qui ne le font pas totalement. J’ai vraiment pris ça sérieusement. La Russie est un grand pays, ce n’est pas facile d’être sélectionné, dans l’alignement pour le tournoi, on était 4 gardiens. C’est facile pour certaines personnes de prendre la « grosse tête », je me suis dit que ce n’est pas le bon choix, je ne suis pas quelqu’un comme ça.
La première fois que je l’ai vraiment mis c’était au camp de préparation dans un match U18 contre U17. Je me suis réellement rendu compte de tout ce qui a été mis en œuvre pour en arriver, surtout après ce match. C’est très important pour moi, pour toute ma famille pour tous les gens qui nous supportent, vraiment un grand honneur.
Tu as un dernier mot pour nos lecteurs ?
Je suis en train de me préparer pour la saison prochaine. Elle va être très importante pour moi, je veux passer de junior à pro le plus rapidement possible et avoir le niveau. Je ne regarde pas trop l’international, je reste focus sur le job à Lausanne. Actuellement, je suis à 100% dans la salle et je n’attends plus le moment de revenir sur la glace, de pouvoir à nouveau à jouer avec Lausanne et bosser fort.
La rédaction de HockeyHebdo remercie Timur Shiyanov pour sa disponibilité.