Hockey Hebdo : On vient d’apprendre ce soir, et certains le diront avec tristesse, d’autres avec réjouissance, que c’était la fin de votre carrière d’arbitre. Est-ce que c’était prévu depuis longtemps ?

Stéphanie OUVRY©0614603282

Frédéric Bachelet : Oui, oui, c’est prévu pratiquement depuis le début de la saison. J’ai travaillé fort cette saison pour essayer d’aller au bout parce qu’on est, nous aussi les arbitres, des compétiteurs. On s’entraîne, on se bagarre pour essayer d’être au top et le plus régulier possible. Et terminer cette saison, cette carrière était prévu depuis longtemps. Je suis très heureux de la terminer de cette manière là dans une patinoire comble. Le match a été palpitant avec un jeu magnifique. Je crois que tout le monde a pris du plaisir sur et en dehors de la glace.

H. H. : As-tu pris cette finale, la dernière de l’année, la dernière pour toi, notamment au 5e match, comme une récompense ?
F. B. : C’était inespéré car dans une série, on ne sait pas à quel moment cela va s’arrêter donc d’avoir la chance de faire le dernier match de la série, il se trouve que c’est au 5e match mais ça aurait pu se terminer au match 3, c’est incroyable. Ca, personne ne pouvait le savoir à l’avance. Effectivement, je suis très heureux d’avoir pu arbitrer ce 5e match. Et c’est aussi le hasard des désignations sur la série. Je pense qu’également, pour tous les arbitres qui étaient présents depuis le début de la série, que c’est la récompense d’un travail sur l’ensemble de la saison et sur plusieurs saisons et c’est ce qui est important.

H. H. : Est-ce que tu as préparé ce match d’une façon particulière ?

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F. B. : Non, on savait que ça allait être un match extrêmement engagé, on savait que c’est également un petit peu plus facile que d’autres matchs de la série. Les matchs 2 et 3 ont été extrêmement compliqués à gérer pour tout le monde, pour les joueurs comme les arbitres. On a eu ainsi la chance ce soir, d’arbitrer ce 5e match où les joueurs ne pensent qu’à une chose, c’est jouer. On a simplement fait notre travail. Et ce que je disais aux garçons avant le match, pour nous, ce soir on aura fait un bon match si on sera passé inaperçus. Et je crois que c’est le cas.

H. H. : Sur ce match là, est-ce qu’il y a une image qui restera gravée dans ta mémoire ?
F. B. : Je crois que ce qui va me rester, c’est d’avoir serré la main aux joueurs des 2 équipes et d’avoir été félicité tant par les joueurs de Rouen que ceux d’Angers et bien évidemment, la surprise que m’a fait le président de la fédération, je ne m’y attendais pas. C’est un signe de reconnaissance qui m’a touché et auquel j’ai été très sensible.

H. H. : J’ai eu la chance de voir les 5 matchs de cette finale 2010 et on a vu qu’au premier match, c’était difficile, cela partait un peu mal. Malgré cela, es-tu fier de l’arbitrage sur cette finale ?
F. B. : Alors, on a mis en place le système à 4 sur toute la série finale. Et au même titre que les joueurs doivent se préparer longtemps à l’avance pour cette série, il en est de même pour les arbitres. Je trouverai souhaitable de démarrer le système à 4 un petit plus tôt dans la série. Idéalement, dès le début des play-offs mais on pourrait repousser cela au match 3 des quarts de finale. A partir du match 3 des quarts de finale, on pourrait commencer à travailler sur des paires à ce moment là. Ce dont on s’est rendu compte sur la série, nous arbitres comme les observateurs avertis comme vous, les paires ont beaucoup permutés. Et c’est à la fin de série, on a trouvé une paire parfaitement en osmose. Et ça, c’est vrai qu’il est souhaitable que ça arrive plus tôt dans la saison afin de nous préparer de manière sereine.

H. H. : Qu’est-ce t’aura le plus marqué et qu’est ce qui t’aura le plus ennuyé dans ta carrière d’arbitre?

Corinne Deconihout

F. B. : Je ne garde que le meilleur parce que dans notre fonction, on doit toujours être positif. On doit se remettre en cause en permanence. Pour autant, il y a beaucoup de psychologique et d’imagerie mentale. Je dirai que c’est extrêmement important de garder en permanence les bons moments et uniquement les bons moments pour pouvoir être au top. Donc des moments comme cela, j’en ai vécu quelques-uns. J’en ai eu des un petit peu plus difficiles mais je les ai oubliés vite. Et c’est parce que je les ai oubliés que je suis là aujourd’hui. C’est ma 20e saison en Ligue élite, Magnus, Super 16… Ca a changé de nom à plusieurs reprises (Sourires) et cela fait un compte rond. Je termine avec beaucoup de plaisir sur un match qui a été exceptionnel avec une ambiance merveilleuse ce qui est très bien pour le hockey français.

H. H. : En fin de compte, tu boucles la boucle. Rouen a été champion il y a 20 pour la première fois en même temps que tu arrivais et tu repars ce soir en même temps que le nouveau titre de champion pour Rouen.
F. B. : Exactement. C’est le hasard des saisons et des calendriers. C’est encore une fois une grande joie que je partage avec l’ensemble du hockey français.

H. H. : On te remercie et bonne chance pour la suite de ta carrière.