Teddy Da Costa
(attaquant et capitaine des Spartiates de Marseille)
Teddy, heureux de la victoire de ce soir ? C'était un scénario de fous, même si mettre 8 buts et en prendre 7 c'était aussi un peu opération portes ouvertes ce soir... |
Photo : Guillaume Schwab |
Teddy Da Costa (Spartiates de Marseille) |
Oui, c'est rentré. On a su se battre et aller chercher les trois points. Je trouve ça énorme, parce que les émotions sont incroyables. On est bien encore à 4-1, 4-2, 4-3, 4-4, 4-5 et là on se remet dans le match. C'était un peu "up and down". Un match qui n'arrive qu'une seule fois dans l'année, on ne va pas se mentir. On l'a pris et c'est ce qui compte. Ce genre de match est très rare et c'est pour cela que ça fait encore plus plaisir de les prendre à l'extérieur. Dans ce genre de rencontre où le score monte et descend comme cela, en général les équipes à domicile ont l'avantage d'avoir le public derrière elles... Là on a su être forts et solidaires pour aller chercher les trois points.
Qu'est-ce qui fait la différence pour toi sur ce match ? Le petit truc en plus qui vous a fait aller gagner dans les dernières secondes ?
Je ne sais pas si on peut le dire au micro, mais ce sont les "cojones". On s'est dit dans le vestiaire qu'il fallait tout lâcher, que ce serait du 50-50. Si on joue notre jeu comme on l'a fait lors des derniers matches, avec le coeur, on peut tout faire. C'est ça qui fait plaisir ce soir.
Sans vouloir sous-estimer votre performance, le fait que les rouennais avaient un match de CHL en Finlande mercredi soir et qu'ils soient rentrés hier soir à minuit fait que c'était peut-être le bon moment pour vous de les rencontrer ?
C'est sûr qu'il y a la fatigue, mais c'est le hockey, c'est comme ça. Nous on a bien pris Angers alors qu'ils avaient sept victoires sur sept et on a gagné. Les professionnels jouent tous les deux jours, en NHL, en KHL... Oui ils ont eu le voyage et c'est dur, mais le match aurait pu tourner dans les deux sens.
Pour toi qui a joué à Rouen par le passé (ndlr : une saison en 2010-2011), est-ce que c'est toujours un plaisir de revenir jouer ici ?
Oui ! A Rouen, il y a le public qui est toujours présent. C'est toujours agréable de jouer ici. Je préfère jouer face à des équipes avec un public comme ça que certaines équipes où il n'y a personne en tribunes, c'est sûr et certain... Ici, j'ai passé une belle année et je connais d'ailleurs plein de joueurs et notamment le coach (Fabrice Lhenry). Il y a une petite rivalité, mais c'est bon enfant. C'est le sport. Ce soir le match était cool à regarder, même si j'espère que ça n'arrivera qu'une fois dans l'année. C'était de la folie.
Un mot sur le début de saison des Spartiates ? Les résultats sont là pour l'instant et l'effectif semble renforcé par rapport à la saison dernière...
On savait que l'on avait bien recruté, que l'on allait réussir si l'on parvenait à former une belle famille premièrement. C'est ce que l'on a réussi à créer. Deuxièmement, ce sont les ajustements que l'on a fait avec les coaches. Cela ne se voit peut-être pas en dehors, mais on a fait des ajustements qui nous aident énormément et cela a tout changé. Je pense que les coaches ont été très bons pour cela et on ne peut que les féliciter.
Est-ce que l'objectif des Spartiates est d'atteindre le dernier carré ?
Nous a dit qu'on voulait faire les playoffs. On reste là-dessus pour l'instant. On verra comment ça se passe, c'est du hockey. Si on peut aller plus loin, on ira plus loin bien sûr. Il ne faut jamais s'avancer. On est toujours humbles. On reste des outsiders. Ce n'est que la deuxième saison en Magnus pour Marseille. On est contents car le club va de l'avant et c'est ce que Marseille a besoin.
Est-ce que vos résultats actuels font taire les détracteurs qui disent que vous êtres montés en Magnus sur tapis vert ?
Déjà l'année dernière, alors qu'on venait de monter on est allés en playoffs jusqu'au match 7 contre Bordeaux, le futur finaliste... Je pense que c'est stupide de penser comme cela. C'est mieux de bien accueillir les clubs de ce type... Tapis vert ou pas tapis vert, plus il y aura de grandes villes dans le hockey français, plus les patinoires seront remplies et attireront du monde, plus il y aura d'argent et de bons joueurs... Si l'on veut créer une Ligue très forte, cela ne marche que comme ça. Moi je trouve que c'est une superbe chose que Marseille soit en Ligue Magnus. Il faudrait qu'il y ait plus de grandes villes comme ça justement.
Jared Dmytriw (attaquant des Dragons de Rouen)
Jared, quelle est ta première impression de ce match fou ? Voir 15 buts dans le même match...
Oui, c'est un match fou, anormal. On a eu beaucoup de mal au début, mais on est parvenus à revenir au score, ce qui est positif. Mais donner 8 buts à l'adversaire n'est pas la meilleure manière pour espérer gagner un match...
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Photo : Guillaume Schwab |
Jared Dmytriw (Dragons de Rouen) |
Vous avez encaissé beaucoup de buts lors des trois derniers matches. Ce soir même en en marquant sept, cela n'a pas suffit pour l'emporter. Que pourriez-vous faire pour changer les choses ?
La défense doit être notre principal état d'esprit à l'avenir. On doit nettoyer notre zone défensive. Arrêter de prendre autant de buts sera notre première victoire.
Est-ce plus dur de perdre le match de ce soir que ceux de CHL ? Là, vous étiez revenus dans le match et avez même mené au score... Comment avez-vous laissé échapper cette rencontre et qu'est-ce qui a fait la différence pour toi ?
Je pense qu'il est très frustrant de perdre, peu importe le match. C'est embarrassant de perdre à nouveau ce soir après une défaite en CHL. Comme je disais, ce soir c'était compliqué au début mais on a su revenir. Le dernier tiers a été beaucoup plus serré. On aurait dû mieux dégager les palets de notre zone défensive.
Tu as marqué ton premier but en Ligue Magnus ce soir, alors que tu en avais déjà inscrit plusieurs en CHL avec Rouen. Comment expliques-tu cette différence de réussite entre ces deux compétitions ?
J'ai eu plusieurs opportunités de marquer en Ligue Magnus, mais c'est finalement ce soir que ça s'est concrétisé. Je suis toujours en train de m'adapter au style de hockey pratiqué en France. J'espère que le but de ce soir sera le début d'une longue série pour aider l'équipe offensivement.
Quelles sont tes premières impressions sur Rouen, la ville, l'équipe et plus globalement sur la Ligue Magnus ?
La ville est incroyable ! Cela a été une transition pour moi de venir ici, étant donné que je ne parle pas français. C'est quelque chose que je vais bien entendu travailler. Je suis toujours en train d'apprendre la façon de jouer au hockey ici en France. Le jeu est un peu plus ouvert et cela va vite. J'essaie de m'installer dans ce contexte et je pense que je me sentirais de mieux en mieux au fil de la saison.
En début de saison, j'avais demandé au staff des Dragons leurs impressions sur les nouveaux joueurs. En ce qui te concerne, ils avaient souligné le fait que tu es un joueur d'énergie qui travaille beaucoup des deux côtés de la patinoire, capable de marquer et de mettre des mises en échec. Est-ce que cela résume bien ton style de jeu selon toi ?
Oui, je pense que mon ADN de joueur est en effet de jouer des deux côtés de la patinoire. Je souhaite contribuer offensivement en utilisant ma vitesse et mon énergie et également être intelligent défensivement en étant responsable en zone défensive. C'est le type de joueur que je suis.
Fabrice Lhenry (entraîneur des Dragons de Rouen)
Sur sa colère face au scénario du match, aux décisions arbitrales et au résultat final
C'est vrai que c'est un ensemble. Je pense qu'au premier tiers on était encore un peu dans l'avion. On est rentrés tard hier soir (ndlr: du déplacement en Finlande pour le dernier match de CHL contre Lahti). On avait à coeur de se racheter, de bien faire. On ne l'a pas fait. Après, il y a eu une bonne réaction dans le deuxième et le troisième tiers pour revenir. Cela n'a pas suffit ce soir. Il nous a manqué un peu de lucidité défensivement et un peu d'énergie offensivement. C'est vrai qu'il y a une décision litigieuse. Nous après trente secondes on arrive à voir avec la VAR que le palet est dedans, mais eux n'arrivent pas à le voir (ndlr : sur le but refusé à Goncalves à 7-7)... C'est très, très frustrant que l'on nous enlève ce but-là.
Sur le fait qu'il est quasi impossible de gagner un match en encaissant 8 buts avec de telles largesses défensives
C'est clair. Là ça fait 23 buts encaissés en trois matches... On ne peut pas gagner des matches et des championnats... Ce que j'ai dit aux joueurs, c'est que si l'on veut gagner le championnat il va falloir être plus rigoureux défensivement car là il y a trop de largesses. Il y a eu du mieux dans la volonté, mais en ce moment on est trop laxistes défensivement. On joue parfois de malchance, mais la chance ça se provoque par le travail, par l'abnégation. Il ne faut pas lâcher. Il va falloir se reprendre pour avoir du succès, sinon ça va être long.
Sur la réaction appelée après le match à Lahti, qui n'a pas été vraiment au rendez-vous
Elle l'a été à partir du deuxième tiers. Au début du match, en plus de la fatigue, il y a aussi le doute. Les joueurs doutent. Ils sont en manque de confiance actuellement. Ça se voit dans la qualité des passes, quand personne n'ose tirer au but... On n'a pas beaucoup de réussite car il y a beaucoup de doute qui s'installe à force d'avoir toutes ses défaites... C'est un engrenage par lequel il va falloir se sortir rapidement. Il n'y a que par le travail, et ensemble, que l'on pourra s'en sortir.
Sur les solutions pour retrouver la confiance et se sortir de cette mauvaise passe
Il faut du travail. On a vu au deuxième tiers qu'il y a eu de meilleures choses quand on se met tous en route. En ce moment, on demande beaucoup aux joueurs. On est rentrés à minuit hier soir. Par rapport à l'équipe de Marseille, on n'avait pas le même calendrier. C'est sûr que l'on manque un peu d'énergie. On joue à trois lignes. Ce ne sont pas des excuses, mais c'est la réalité. Maintenant la CHL est finie. On va se concentrer déjà sur la Coupe de France, qui est l'un de nos objectifs, mardi. Ensuite ce sera le championnat tout le temps.
Sur le point positif à tirer de cette soirée
Le point positif est offensivement. On a quand même réussi à marquer sept buts, mais il ne faut pas penser offensif uniquement sinon on n'ira pas loin.