Tout d'abord, peux-tu te présenter à nos lecteurs ? Bonjour, Je m'appelle Nicolas, j'ai 22 ans, et je suis gardien de but.
J'ai débuté le hockey à l'âge de 4 ans au Vésinet, en région parisienne, et j'y ai joué jusqu'en minimes. A la fin de la saison, la patinoire a brûlé, j'ai donc rejoins Courbevoie pour mes années Cadet et Junior.Nous avons obtenu la troisième place des championnats de France cadet excellenceet j'ai également joué mes premiers matchs en senior avec l'équipe de première division.J'ai aussi participé à quelques regroupements en équipe de France U16 et U18.
Mes études en école de commerce m'ont ensuite obligé de partir en province, et j'ai finalement opté pour Amiens. J'y ai passé deux ans en espoir élite, et j'ai également joué en Ligue Magnus en tant que deuxième gardien.
Je joue cette année à Boston, pour Suffolk University, en NCAA, le championnat Universitaire Américain.
J'ai commencé dans la cage assez tôt, vers 6 ans. J'ai un style papillon traditionnel, bien que ma petite taille m'oblige à rester debout le plus longtemps possible. Je suis très calme sur la glace, et je sort assez peu de ma cage, bien que j'ai énormément progressé dans ce domaine depuis cette année.
Tu es aux Etats-Unis cette année. Quelle était ta priorité : les études, le hockey, les deux ? Cette année aux Etats-Unis est un projet qui me tenait à cœur depuis longtemps. J'ai toujours rêvé de connaître l'expérience du hockey universitaire ici, et cette année était ma dernière chance d'y parvenir. Je termine donc mes études d'école de Commerce, qui m'avaient d'abord amené à Amiens. Je valide ma dernière année de Master, spécialité Finance, à Suffolk University à Boston, tout en jouant pour l'équipe de l'Université.
Je ne me fixe pas réellement de priorité entre mes études et le hockey, je souhaite concilier les deux le mieux possible, et cette expérience d'un an était l'occasion parfaite. Je dois cependant avouer mettre parfois un peu plus d'ardeur à l'entraînement qu'en salle de classe ...
Peux-tu nous décrire ton championnat ? Quel est le niveau ? Je joue dans le championnat Universitaire américain, la NCAA, en "Division III", le deuxième échelon. Notre championnat n'est donc pas aussi relevé et médiatisé que la fameuse Division I, ou les athlètes rejoignent tous les rangs professionnels Nord Américains après leur passage à l'université. Les équipes sont composées des joueurs américains ayant évolué dans les bonnes ligues de jeunes comme la NAHL mais qui n'ont pu obtenir de place en Division 1, pour raison sportives ou parfois scolaires.
Le style de jeu est très différent de celui pratiqué en France et il est donc difficile de comparer les niveaux. Je dirais que notre championnat est équivalent à un bas de tableau de Ligue Magnus.
Le rythme du championnat est très soutenu, puisque nous jouons en général trois matchs par semaine. Cependant la saison est plus courte, avec une longue pause en Décembre pour cause de partiel.
Le jeu pratiqué ici est très différent de ce que j'ai connu en France. Toutes les équipes pratiquent le "Dump and Chase". Les attaquants passent la rouge, envoient le palet dans le fond et vont ensuite presser à deux. Le jeu est beaucoup plus rapide, physique et direct qu'en Europe. Les joueurs gardent très peu le palet, et les unités spéciales sont primordiales et font souvent la différence. La majorité des buts sont inscrits en power-play.
Les joueurs sont mieux préparés physiquement qu'en France, et plus grands aussi. Le facteur physique est plus important. En revanche, il y a très peu de joueurs vraiment doués techniquement. Les individualités ressortent moins.
Jean Christophe Salomé
Nicolas Husarek, lors du match Grenoble/Amiens le 28/10/2007
Pour ta première année, as-tu du temps de jeu ? Jens Van Poucke, gardien également, qui a évolué à Béthune (D3) et Gap (LM), est parti en universitaire il y a 2/3 ans et disait qu'un "premiere année" ne jouait pas ou très peu. Jusqu'à présent, je n'ai eu l'occasion de jouer que lors des tournois de pré-saison, mais pas encore en championnat. C'est vrai que le système est assez spécial. Les nouveaux joueurs qui arrivent sont là pour 4 ou 5 ans, le temps d'obtenir leur diplôme, et il faut en général un ou deux ans avant d'obtenir une place fixe et du temps de glace dans l'équipe. Cette année seul deux "freshmen" sont régulièrement alignés.
Je suis en concurrence avec deux gardiens qui étaient là l'an dernier, et qui ont donc un avantage certain. Il ne me manque pas grand chose pour jouer plus. Le numéro 1 qui a obtenu tout les départs en championnat est beaucoup plus grand que moi, il culmine à six pieds deux pouces, soit 1m89, et joue très bien hors de la cage. Nous sommes à la lutte pour les playoffs, et il fait une bonne saison, la situation ne m'est donc pas favorable, mais j’espère que j'aurais encore quelques matchs à jouer avant la fin de saison.
En début d'année, lors des "try-out", il y avait une soixantaine de joueurs dont 5 gardiens. 30 joueurs ont été "coupés de l'équipe", et dix de nos coéquipiers qui s'entraînent avec nous tous les jours regardent la partie des tribunes. Je suis donc content de m'équiper tout les matchs avec une telle concurrence.
Comment s'est passée ton intégration dans ton équipe ? La France n'étant pas vraiment un pays de hockey, as-tu eu des réflexions à ce sujet ? Mon intégration s'est faite très rapidement.
J'étais d'abord une vraie curiosité pour mes coéquipiers, qui ne pensaient pas que l'on puisse bien jouer au hockey en étant Français et aussi petit !
Certains m'ont demandé si nous avions un championnat, des patinoires, etc ... Ils n'étaient jamais moqueurs, mais très surpris. Ils se sont montrés très curieux de la façon dont le hockey fonctionne chez nous.
Puis le premier entraînement sur glace est arrivé, et j'ai définitivement gagné leur attention. Ils ont vu que le petit français savait jouer.
Ils m'appellent affectueusement Frenchy, surnom qui s'est rapidement répandu dans toute la fac.
Evidemment, je me fais toujours chambrer dans le vestiaire de temps en temps, mais moi aussi je me moque de leurs habitudes d'Américains. Certains joueurs me disent même parfois quelques mots en Français !
Aujourd'hui ils m'apprécient énormément et nous passons beaucoup de temps ensemble, sur et hors de la glace. Je peux dire que je me suis fait de très bons amis. Certains d'entre eux me demandent même de leur trouver une équipe pour l'an prochain, en France ou ailleurs en Europe.
Quelle est la place du hockey dans tes projets ? Le hockey a toujours occupé une place très importante dans ma vie, bien que j’aie parfois dû le mettre un peu de côté pour privilégier mes études.
Je n’ai pas de projets précis pour les prochaines années, mais je ne me vois pas arrêter le hockey dans un avenir proche. Je sentirais un déséquilibre, un grand vide. Tant que ma vie scolaire ou professionnelle me le permettra, je jouerai.
Souhaites-tu jouer à un haut-niveau autant que possible ou as-tu un projet professionnel ? Je termine mes études cette année, et je pense donc rentrer en France en Septembre. Je vais devoir entrer dans la vie professionnelle (je m'oriente vers la banque) très bientôt. J'ai la chance d'avoir fait de bonnes études, et je n'ai pas besoin du hockey pour gagner ma vie. Je ne me fixe pas l'objectif de jouer dans tel ou tel championnat, je veux simplement continuer à prendre du plaisir sur la glace. J'ai toujours fait des concessions pour pouvoir jouer, et je le ferais encore, mais je ne veux pas tout sacrifier non plus.
De plus, le poste de gardien est particulièrement difficile, car les places sont très restreintes. Il n'y a qu'à regarder le nombre de gardiens Français titulaires en Ligue Magnus ou en Division 1. On les comptes sur les doigts de la main. Il y a même des équipes de division 3 qui font appel à des gardiens étrangers. Dans ces conditions, il devient de plus en plus difficile de trouver un poste de numéro 1 dans une équipe compétitive.
Qu'as-tu appris pour l'instant, à la fois sur toi-même et au niveau du hockey ? Je suis encore en train de vivre cette expérience, et je n'ai pas encore le recul nécessaire pour me rendre compte de tout ce que cette année à Boston va m'apporter sur le plan humain.
En ce qui concerne le hockey, j'ai découvert une nouvelle mentalité, un nouveau jeu, de nouvelles méthodes d'entraînement, et je pense avoir beaucoup progressé. Je n'avais encore jamais affronté une telle concurrence, et cette expérience me servira longtemps. J'ai appris à gérer l'adversité, à me donner à fond chaque fois que je mets mes patins, et à ne jamais baisser les bras. J'ai aussi beaucoup progressé physiquement en prenant exemple sur le travail hors glace de mes coéquipiers.
Ah oui, j'oubliais, j'ai également appris l'hymne américain, systématiquement joué avant les matchs :-)
Etant à Boston, as-tu l'occasion d'aller voir les Bruins ? Non, j'avoue que je n'en suis pas très fier, mais je ne suis pas encore allé à l'un de leur matchs. Je monte sur la glace tout les jours, ce qui ne me laisse pas beaucoup de temps. Mais lorsque je le peux, je regarde les parties à la télé avec mes coéquipiers. C'est toujours un bon moment. Mais avec les résultats impressionnants des Bruins cette année, j'aurai l'opportunité d'y aller plus tard, lorsque ma saison sera terminée. Il y a un vrai engouement autour de l'équipe dans la ville, j'espère qu'ils iront loin en playoff !
Pour les jeunes hockeyeurs qui hésitent à partir à l'étranger, que peux-tu leur conseiller ? Je ne peux que les encourager à partir, ils apprendront énormément, et progresseront sans doute plus. Cela dit, il ne faut pas prendre ce genre de décision à la légère, et tout abandonner pour tenter sa chance à l'autre bout du monde. Il faut garder à l'esprit que la concurrence est également beaucoup plus forte à l'étranger. Dans tout les cas, je les encourage à ne jamais négliger leurs études, quel-que soit leur parcours sportif.
As-tu un mot à passer à tes anciens co-équipiers d'Amiens ? Je communique encore beaucoup avec eux, on se parle presque tout les jours. Je suis content qu'ils continuent à prendre du plaisir sur la glace. J'en profite pour leur réitérer mon invitation : dès que leur saison se termine, je les accueille tous à Boston !!!
Que peux t'on te souhaiter ? Pour cette fin de saison, d'avoir plus de temps de glace, et bien sur que nous nous qualifions pour les playoffs. Mais surtout, de pouvoir m'amuser sur la glace encore longtemps.
Des nouvelles de Nicolas? Uelqu'un sait où il va joué la saison prochaine?
Youssoun Dour a écrit
le 03/03/2009 à 22:31
Tout à fait, avec apparemment un 3ème qui serait leur agent ou un truc du genre...
Hassan Cehef a écrit
le 03/03/2009 à 17:23
Et qui sont ces amis Youssoun dour? Teemu et Popov?
Youssoun dour a écrit
le 03/03/2009 à 12:21
Selon des amis proches, avec la fin des playoff des amis du jeune prometteur N.Husarek vont le rejoindre quelques jours à Boston, espérons qu'ils nous le raméne en France, ce style de jeu nous manque ici dans le bas pays.
jojo la frite a écrit
le 02/03/2009 à 23:00
Lol Verizon! Mais cela ne nous regarde pas!
Verizon Network a écrit
le 02/03/2009 à 22:59
Pour info, l'équipe de Nico vient de se faire éliminer des play-offs... Il va pouvoir travailler son swing et devenir le pilier des bars de Boston!
Saku Pinchot a écrit
le 02/03/2009 à 22:56
Apparement, il est français, mais j'ai entendu dire que sa mère est québecoise... Peut-être a-t-il la double nationalité le gaillard?
atnt a écrit
le 02/03/2009 à 02:12
Mais ce jeune, il est français ou tchèque?
sakura a écrit
le 01/03/2009 à 15:26
vos habitudes sil vous plait
Olive a écrit
le 01/03/2009 à 00:38
Mais où allez vous chercher tous ces gaillards. Merci de nous faire encore découvrir un joueur
fan80 a écrit
le 28/02/2009 à 00:17
J'étais au Coliséum ce soir, et la rumeur court que Nicolas Husarek garderait les cages d'Amiens la saison prochaine. Quelqu'un a plus d'infos?
jean-guy lafleur a écrit
le 27/02/2009 à 22:33
Husarek le prochanin Huet? Pourtant il a plus un style à la Marty Turco...
gimete a écrit
le 27/02/2009 à 20:42
Je savais pas qu'Husarek jouait aux amériques cette année. Avec son style mi-papillon, mi-pingouin, et bien protégé par ses gros poteaux, c'est peut-être le prochain Huet, qui sait?
gothique a écrit
le 27/02/2009 à 20:36
Très bonne interview. Habitant Beauvais, non loin d'Amiens, j'ai eu l'occasion de voir jouer N. Husarek avec l'équipe junior d'Amiens. Un très bon gardien, petit par la taille mais grand par le talent!
diable a écrit
le 27/02/2009 à 11:05
encore une expérience intéressante relayée par HH. Bien vu.
Un autre "Frenchy" en Amérique, c'est toujours sympa.
Et qui sait, peut-être le verrons ,nous bientôt sur les glaces de France.