Bonjour Sébastien Oprandi et merci de recevoir Hockey Hebdo.
Hockey Hebdo : En préambule de cet entretien, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Sébastien Oprandi : Bonjour, je m’appelle Sébastien Oprandi, j’ai 32 ans et suis originaire de Gap dans les Hautes Alpes. J’ai grandi dans une ville bercée par le hockey et mon père m’a donné le virus. Dans ma génération peu de joueurs évoluent encore au plus haut niveau, seuls Zwickel, Gras, Huet et les frères Rozenthal continuent de briller… J’ai évolué en tant que joueur dans plusieurs clubs : Gap, Bordeaux, Anglet, Angers, Grenoble et Brest. Mon arrivée sur Brest était un souhait de passer à autre chose après avoir passé plusieurs saisons dans l’ élite Française. En mai 2002, la Fédération souhaitait élargir l’élite de 8 à 15 clubs. Moi je souhaitais éclaircir mon avenir professionnel et à 26 ans le plaisir de jouer était toujours là mais les nombreux dépôts de bilan, l’instabilité des clubs ne me permettaient pas de construire de projet. C’est à ce moment que la raison l’a emporté sur la passion et le plaisir. La situation était trop précaire malgré un salaire de joueur de hockey très correct. J’ai donc choisi de partir sur Brest. Le discours et le passé de Briec Bounoure m’ont plu. Il me proposait de nombreuses possibilités d’études et de formations et j’ai choisi naturellement le secteur de l’informatique. Après deux ans j’ai obtenu un diplôme de Technicien en Maintenance Informatique et Réseau et un poste au sein de la société Doux. Je ne regrette pas ce choix ; le hockey et Briec Bounoure m’ont permis d’être mieux préparé pour mon avenir professionnel. Je m’occupe maintenant des parcs informatiques dans les sociétés de M. Bounoure.
Cela fait 6 ans que je suis Brestois, j’ai continué le hockey avec les jeunes du coin tout en travaillant quotidiennement avec les Bounoure et une relation de confiance s’est installée. Après les déboires de la saison dernière, le président m’a demandé de prendre en charge le recrutement et l’encadrement de l’équipe.
HH : Durant cette inter-saison on a pu voir que Brest a changé pas mal de petites choses, comme par exemple le logo (particulièrement réussi) ou encore une nouvelle mascotte. On a pu aussi voir ici et là, pas mal d’informations sur les Albatros dans les différents médias, une refonte du site internet... On sent un souffle nouveau.
SO : Oui, c’est vrai que beaucoup de choses ont changé. Je mets beaucoup d’énergie pour cela et je suis d’ailleurs heureux que vous le remarquiez. Vous savez l’image des Albatros n’est pas très bonne dans le paysage du hockey français. Peu de monde sait vraiment pourquoi, Briec Bounoure a toujours dit ce qu’il pensait et cela dérange, il a également construit un club qui en quelques années est devenu une des places fortes du hockey français, mais surtout il avait fait de l’interdiction de la limitation de joueurs européens son cheval de bataille ce qui l’entraîna dans des débats houleux avec la fédération. Je pense que la mauvaise réputation de Brest est dans ces explications. Par contre, il n’a jamais discriminé les Français bien au contraire, plusieurs sont mêmes revenus au club après divers intermèdes. A croire qu’une fois que l’on y goûte on y revient (Alexandre Baillard, Lilian Prunet…). Il faut le souligner Briec Bounoure a permit à beaucoup de se former et de s’insérer dans le monde du travail et là, la liste est longue (Robert Boileau, Daniel Kysela, Kristof Niedzolka, Christophe Gaulmain, Andrei Vittenberg, Christophe et Eric Legon…).
Ce changement d’image n’est pas une volonté de renier notre histoire, au contraire, nous sommes fiers des victoires du passé et nous souhaitons également dans les saisons à venir rendre hommage aux différentes figures marquantes qui ont joué pour nous en proposant diverses cérémonies. Nous avons plutôt procédé à un lifting : l’amélioration de la communication (internet, presse…), le nouveau logo, les nouveaux maillots, la boutique des Albatros dans le Rinkla Stadium, la mascotte… Cela témoigne d’une volonté de bien faire pour deux raisons : la première est de faire plaisir à nos supporters qui nous soutiennent et se passionnent pour les Albatros et ils sont nombreux et fidèles dans la défaite comme dans la victoire, la seconde pour les joueurs actuels et futurs, afin de rétablir la vérité sur le côté familial du club où les gens sont bien traités, ce que personne ne nie mais que certains oublient.
HH : Un petit retour en arrière. L’an passé Brest termine premier de la poule Ouest en deuxième division avec notamment la meilleure attaque, la meilleure défense et surtout une seule défaite contre Cholet. Les Albatros sont logiquement favoris pour la montée. Finalement vous vous inclinez dès les ¼ de finales, face à Dunkerque qui ira s’expliquer avec le néo promu en D1 Nice. Quelles sont les raisons de cet échec ?
SO : Il y a plusieurs raisons, mon premier travail a été d’analyser les raisons de la déroute. L’an passé, nous avions beaucoup de joueurs de qualité qui nous ont permis de dominer la saison régulière assez facilement. Très tôt dans la saison, des signes pouvaient laisser prévoir une telle issue. L’ambiance n’était pas mauvaise, les victoires étaient là et ceci en utilisant uniquement notre talent mais au plus la saison passait, au plus les équipes adverses nous donnaient des difficultés jusqu’au jour où nous n’arrivions plus à gagner. Le travail physique et tactique des équipes adverses commençait à porter ses fruits. Pour imager notre saison dernière, on pourrait prendre une fable de Jean De Lafontaine : l’histoire de la cigale et de la fourmi. Il n’est pas question de pointer qui que ce soit du doigt car tout le monde dans le club a sa part de responsabilité ; c’est un sport collectif, chacun a un rôle : du chef matériel en passant par le capitaine, les joueurs, l’entraîneur et le président.
C’est une saison qui doit nous servir, il ne faut surtout pas l’oublier pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.
HH : Que pensez-vous des équipes que vous allez affronter cette saison et de la composition des poules avec peut-être la hantise de revivre un scénario identique à l’an passé ?
SO : En effet, à première vue le niveau de notre poule semble plus faible avec les quatre derniers de la saison passée et les deux promus (Rouen 2 qui n’est pas tout à fait un inconnu - il y a 2 ans en D2 c’était à peu de choses près l’équipe du Havre). C’est ainsi et on ne souhaite pas polémiquer là-dessus. C’est à nous de trouver les solutions pour être prêt en mars, il va falloir que l’on travaille sur nous avant tout. Les matchs de pré-saisons ont permis à tous de se rendre compte du travail qu’il reste à accomplir, nous devons garder le focus sur le play-offs et se préparer pour arriver à 100% de notre potentiel.
HH : On sait que Brest a fait un gros effort sur le recrutement cette année avec notamment l’intégration des Français. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
SO : Je souhaitais rajeunir l’équipe et conserver des gars dont l’éthique de travail était satisfaisante. Dans le recrutement, j’ai cherché à faire venir des bons jeunes Français, ceux qui étaient en délicatesse avec leur club, mais cela n’a pu se faire principalement parce que la 2ème division faisait peur. Pour ce qui est des étrangers, j’ai recherché des joueurs capables et souhaitant jouer aux niveaux supérieurs. J’ai exposé notre projet de remontée au plus haut niveau.
Plusieurs jeunes Brestois font partis de l’équipe, ce serait une réelle satisfaction si quelque ’uns arrivent à suivre le niveau dans les années à venir. Pour cela, il a fallu leur faire de la place pour qu’ils aient du temps de jeu et c’est l’une des raisons qui m’ont forcé à raccrocher les patins. Il vaut mieux un jeune qui en veut et qui a une marge de progression intéressante qu’un vétéran qui ne veut plus se faire mal. Plusieurs recrues étaient manquantes pour les matchs de préparations, l’ensemble des jeunes a pu obtenir du temps de jeu et donc progresser (sur un effectif de 18 joueurs alignés 9 étaient Brestois). Mais attention, l’objectif est la montée en D1 et pas de faire plaisir à tous le monde.
Pour conclure, nous souhaitons remercier Sami Wikstrom pour ses bons et loyaux services, il a décidé de raccrocher les patins à 42 ans et aura été un exemple de professionnalisme et de longévité pour tous. Merci Sami.
HH : A propos de recrutement, que s’est-il finalement passé avec le Mulhousien David Croteau que l’on croyait sous les couleurs brestoises ?
SO : David est un garçon sympathique, nous nous sommes entendus fin mai. J’étais très content de sa venue. Malheureusement, dès son arrivée nous n’étions pas sur la même longueur d’ondes. Lui n’étant pas sûr de vouloir jouer en D2, il était inquiet par son temps d’utilisation. Nous n’avons pas souhaité renter dans un processus de surenchère… Je lui ai donné un ultimatum auquel il m’a répondu qu’il souhaitait partir en Division 1 avec Mulhouse. Nous lui souhaitons une bonne saison.
HH : Quel est le potentiel du club et ses objectifs ? Et à court ou moyen terme, est-ce que le retour en élite fait partie des plans des Albatros ?
SO : Depuis plusieurs saisons et ceci chaque année, Brest a toujours jouer pour remporter le titre. L’objectif de cette année ne sera pas différent. Briec Bounoure l’a clairement exprimé, il souhaite que les Albatros redeviennent une équipe majeure en France et nous devons remonter en Ligue Magnus. Pendant que sur la glace nous tentons de remonter sportivement l’équipe dans l’élite hexagonale, le club tente de se structurer et d’augmenter le nombre de ces partenaires.
HH : Enfin pour conclure, que peut-on souhaiter à Sébastien Oprandi ?
SO : De pouvoir tirer le meilleur du potentiel qu’offre notre effectif et bien sûr un peu de chance…
Nous vous remercions pour nous avoir accordé cet entretien et vous souhaitons donc bonne chance pour la saison à venir.
|