Avec une nouvelle fois pour décor la patinoire de Méribel à guichets fermés, soit 2500 personnes, la finale de Coupe de la Ligue opposait les Diables Rouges, qui affrontaient leur chat noir pour une quatrième participation sans aucun succès pour le moment, aux Pingouins, que l'on avait pas revus en finale depuis leur superbe parcours achevé face à Grenoble, il y a déjà quelques années. En tout cas, les deux clubs avaient mobilisé leurs supporters malgré un horaire peu favorable aux personnes travaillant dans le secteur du loisir-tourisme hivernal, comme c'est le cas pour nombre d'habitants de ces deux villes qui comptent des domaines skiables respectables. A l'entrée des deux formations sur la glace, on pouvait découvrir les feuilles de match qui soulignaient que les deux équipes étaient au complet.

Photographe Nicolas Fradin

Briançon gagne la Coupe de la Ligue

Morzine-Avoriaz pas malheureux !

Formule rituelle en pareil cas, il ne fallait pas être en retard dans cette rencontre car c'est après seulement 32" secondes de jeu que Briançon trouvait la faille, pour un but qui allait résumer le meilleur de la soirée et au reste ressembler à tous les autres inscrits ultérieurement.

En milieu de glace, Castonguay  envoyait un centre-tir sur Buysse qui repoussait mais Castonguay récupérait le palet et, de derrière la cage, trouvait Caudron qui mettait assez facilement au fond devant une défense pas encore rentrée dans la rencontre. (0-1)

L'impression que les Haut-Savoyards n'y étaient pas allait perdurer toute la rencontre et se voyait confirmée par un premier jeu de puissance de Briançon, avec plusieurs énormes occasions vendangées par les attaquants des Diables Rouges, dont on pouvait déjà se dire, à ce stade de la rencontre, qu'ils pourraient s'en vouloir si...

Cependant, les minutes qui suivaient cette pénalité confirmaient un début de rencontre qui donnait incontestablement l'avantage de la vitesse à des Diables Rouges qui parvenaient presque systématiquement à prendre le dessus défensivement pour ensuite, sans prendre aucun risque, renvoyer le palet en zone neutre, voire à fond de glace adverse pour pouvoir ensuite le disputer avec des patineurs plus rapides.

Ce schéma de jeu, compréhensible quand on connaît les contre-performances des joueurs de Basile sur cette glace et donc la grande prudence dans un tel cas, allait pourtant fortement contribuer à produire une rencontre assez peu spectaculaire et surtout constellée de dégagements interdits, pertes de palets et approximations diverses. Côté morzinois, l'impression générale renvoyait, hélas, une équipe particulièrement lente, incapable de déborder véritablement sinon en employant les muscles de certains joueurs, mais sans parvenir derrière à enchaîner quelques passes susceptibles de produire des décalages significatifs.

Ainsi, jusqu'à la 15ème minute de cette première période, on ne voyait pas bien comment les Pingouins pourraient revenir et on devait, au contraire, bien souligner que les joueurs d'Immonem s'en tiraient bien avec un seul but encaissé. Ici encore, la tentation de parer au plus pressé produisait de multiples dégagements qui figeaient le jeu.

Notons enfin comme élément pouvant également contribuer à ce niveau très en-dessous de ce que l'on était en droit d'attendre pour une telle finale, que la qualité de la glace semblait poser problème aux deux équipes, avec de très nombreux palets rebondissant à l'excès, restant collés sur des passes peu appuyées, etc...

Pourtant, Briançon allait offrir aux Haut-Savoyards plusieurs occasions pour égaliser avec des fautes évitables. La première voit Holmberg faire tomber Papa qui passait en patinage arrière à 15'34, avant que Dubec ne donne à 16'47 environ une minute de double avantage numérique aux Pingouins. Alcaine, peu sollicité, faisait le métier mais une troisième pénalité pour un retard de jeu un brin discutable envoyait Leveque en prison et poursuivait le jeu de puissance de Morzine-Avoriaz.

Ce qui devait arriver arrive donc avec, à 18'26, une passe rapide de Smyth pour Makinen qui reprend pour mettre au fond et égaliser. (1-1) L'impression que les Pingouins s'en sortent très bien sur la période est unanime du côté du banc de presse.
 

Photographe Nicolas Fradin

L.Basile arrosé à la Leffe

Je renvoie, tu renvoies, nous renvoyons, vous renvoyez, ils renvoient !

Disons le tout net, ami lecteur, la seconde période de cette finale ne restera pas dans les mémoires avec un niveau de jeu particulièrement médiocre et une propension des deux équipes à se débarrasser du palet et à multiplier les dégagements divers et lancers en fond de glace adverse pour ensuite, dans le cas de Briançon, tenter de presser et, pour Morzine-Avoriaz, clairement moins rapide que son adversaire, se donner de l'air.

On aura donc de très longues minutes avec des sorties de zones incomplètes, récupérées par la défensive adverse qui y va à son tour de passes mal ajustées, pour un schéma de jeu particulièrement insipide.

Visiblement sermonnés à la première pause, les Pingouins reviennent avec davantage de maîtrise défensive, ce qui n'est pas difficile, même si certains retards de placement et une absence de construction offensive rend l'affaire toujours bien compliquée. Parfois, dans le rôle du gros chat en position de croquer la souris mais qui joue avec elle à l'excès, Briancon verra cependant Buysse s'interposer à plusieurs reprises et renvoyer des palets toujours dangereux, car son équipe semble incapable de verrouiller correctement sa devanture malgré de nombreux grands gabarits respectables. 

Les minutes filent alors, et Morzine-Avoriaz va concéder plusieurs pénalités à la suite qui paraissent coïncider avec une fatigue générale, qui traduit une reprise après Noël sans doute moins bien négociée que pour son adversaire. 

Ainsi, c'est finalement Briançon qui confirme son ascendant sur la rencontre en inscrivant un second but à 37'30, presque la copie conforme du premier mais acquis toutefois en avantage numérique.

Castonguay puis Vanoosten lancent sur Buysse et, face encore une fois à une défensive figée, c'est Walls qui en termine. (2-1)

Briançon voit ainsi son plan de match plébiscité, sans doute au détriment du spectacle qui reste, sur cette période, franchement en-deça de ce que l'on attend de deux formations de ligue Magnus, non pas tant que les talents individuels ne soient pas présents, mais bien par le manque de jeu collectif et de variations synonymes de plaisir pour le public.
 

Briançon enfonce le clou !

Personne ne voit Morzine-Avoriaz revenir lors des discussions de la seconde pause et, de fait, Briançon va définitivement prendre l' avantage dans cette dernière période, scellant clairement l'issue de la rencontre avant son terme.

Le ballet assez insipide reprend donc avec une grande prudence de Briançon, qui semble toujours sous la crainte d'une nouvelle déconvenue, et des Pingouins qui ont toujours aussi peu d'occasions, avec un Alcaine qui passe une soirée tranquille mais répond totalement présent sur les quelques lancers haut-savoyards généralement en jeu de puissance.

Mais, bénéficiant de plus de rapidité et également, il faut le dire, de certaines absences de replacement, Briançon va définitivement enfoncer le clou avec, à 50'57, un nouveau but répondant au même schéma.  Perez lance le premier, suivi de Bernier, sans doute pour nous le meilleur sur la glace ce soir avec Vanoosten, avant que Terglav ne crucifie un Buysse bien seul. (3-1)

La fin de rencontre verra quelques frottements mineurs entre les deux équipes dans un match toujours resté très correct, peut-être trop à certains moments avec pratiquement aucune charge ni engagement physique du type blocage de slap. 

Plusieurs situations de 4x4 donnent plusieurs occasions de part et d'autre, mais les deux gardiens font bonne garde, sans avoir à gérer, il est vrai, de très grosses occasions, avec un bémol pour Buysse qui a clairement contribué à limiter les dégâts à plusieurs reprises sur, encore une fois, des tentatives multiples bien facilitées par une défense toujours en jachère.

La sortie du même Buysse à environ deux minutes de la fin va se traduire par un ultime but de Briançon. Bernier sert Vanoosten qui inscrit son but après deux assistances à 58"09. (4-1)

Photographe Laurent Lardière

L.Basile vient de biser la glace !

La quatrième tentative était la bonne !

Avouons qu'à l'issue de cette rencontre, Briançon mérite amplement sa victoire, qui récompense la persévérance d'un club qui avait connu bien des infortunes sur cette même glace. Luciano Basile, qui semblait plus heureux encore que lors de sa victoire en Coupe de France, pouvait souligner n'avoir au fond jamais temblé car ayant appliqué un système de jeu qui aura prouvé son efficacité à défaut de contribuer à la qualité d'un spectacle globalement à oublier. Bravo aux supporters des deux équipes à l'attitude irréprochable et aux encouragements qui auront largement contribué de "pousser en avant" une rencontre bien molle sur le plan sportif. En tout cas, Briançon aura su appliquer les consignes pour une victoire que l'on pouvait clairement pronostiquer dès la fin de la première période malgré l'égalité au tableau d'affichage.

Cependant, ce n'est pas Briançon qui aura appliqué un plan de match fondé sur un constat évident qui est la plus grande vitesse des Diables Rouges par rapport à l'adversaire qui est forcément à critiquer, car on doit bien, hélas, écrire ici que l'on a été déçu par Morzine-Avoriaz sur cette rencontre. Certes, la vitesse n'est pas le point fort de l'équipe qui est plutôt adepte du jeu posé que des raids en jeu de transition mais, au final, le rythme proposé était tout de même largement en-dessous de ce que l'on voit en Magnus et n'a pas été compensé par une belle exécution, par exemple, en jeu de puissance. De même, les replacements défensifs tardifs et l'absence de solutions offensives interrogent tout de même au-delà des crispations liées à l'enjeu et, sans doute, à une mauvaise gestion de la pose de Noël. Les Pingouins ont sans doute fait leur plus mauvais match de la saison et nous doivent une revanche.

On peut espérer qu'au-delà du résultat, cette finale va permettre aux deux équipes d'acquérir une expérience de plus et de bien figurer lors des séries finales de Magnus, ce qui est généralement le cas pour le gagnant tout au moins qui va désormais courir après le titre de champion qui est le seul qui manque à son palmarès. 

Saluons enfin l'organisation de Meribel car on peut, comme l'auteur de l'article, critiquer le choix du lieu systématiquement proposé par la FFHG, mais également reconnaître que les problèmes de l'année dernière ont été corrigés par l'organisation et que la presse s'est vue offrir des conditions de travail tout à fait conformes à l'importance de l'évènement.










PHOTOS L.LARDIERE