Quand le petit poucet reçoit le géant de Alpes.
Certes les Diables Rouges ont perdu de leur superbe depuis le titre de champion de France de 2014 et cette relégation de 2016 (la roche tarpéienne n’est jamais loin du capitole) mais ils n’en sont pas moins ambitieux et expérimentés. Leurs objectifs de la saison ne peuvent qu’être à la mesure de la passion du hockey qui anime cette cité des hautes alpes.
Pour les Sangliers c’est certes un retour dans une division qu’ils ont bien connu (champion de la division en 1999) mais beaucoup d’eaux ont coulé sous les ponts depuis dans ce championnat qu’ils n’ont plus fréquenté depuis 16 ans. Eux aussi ont connu la chute après 5 années en Magnus mais elle fut bien plus brutale avec une relégation directe au plus bas échelon. Il fallu plus de patience et avec moins de moyen pour remonter en D2 puis enfin en D1. Les clermontois n’ont ni encore les structures ni encore la ferveur populaire qui entoure leurs hôtes pour prétendre à autre chose qu’un maintien au courage.
1ère Période : C’est donc devant une patinoire loin d’afficher les affluences des grands jours que la rencontre débute. Si rapidement le palet file dans le camp clermontois, il repart assez vite dans le camp opposé. Il apparait tout de suite que les sorties de zones sont mieux construites côté alpin. Les puydomois semblent encore vouloir démarrer timidement la partie en subissant le pressing de leur adversaire. Tout naturellement le premier tir est briançonnais, repoussé. Rapidement, sur une mauvaise relance arverne, les visiteurs ont l’occasion de concrétiser leur domination
. C’est Thibaut Farina qui transforme la passe (1’21’’) de son coéquipier Prosvic d’un tir à la ligne bleue direct dans la cage du gardien Célestin bien gêné dans la circonstance par beaucoup de trafic devant lui. Encore une fois Clermont rate son entame de match. Les Sangliers tentent d’hausser le rythme de jeu et confondent vitesse et précipitation. L’effort louable des clermontois de presser les briançonnais leur permet d’obtenir un engagement dans leur zone pour dégagement interdit. Mais hélas les Diables rouges maitrisent mieux les duels des face- offs en ce début de période et reviennent vite dans le camp arverne. Si les Sangliers se démènent pour perturber le jeu de passes des visiteurs, ils commettent nombre d’imprécisions qui sont autant d’occasions de rendre le palet à leurs hôtes. De plus comme Briançon propose un jeu de passe plus léché et plus précis, Clermont se voit réduit à de rares contres attaques. Et lorsque les puydomois arrivent à porter le jeu en zone d’attaque ils peinent considérablement à s’y installer.
Sur un de ses mouvements offensifs un joueur clermontois plaque un joueur haut alpin contre la balustrade, un peu trop au goût de l’arbitre qui pénalise les auvergnats pour 2 minutes à 3’35’’. Ceux-ci défendent leur zone becs et ongles
et sur un tir à mi distance de Karl Léveille à 4‘56’’ un clermontois n’hésite pas à se coucher. Malheureusement le palet file en dessous et Célestin n’a que le temps de constater les dégâts pour ce 2ème but des visiteurs (assist. Colomban et Bernillon).
A ce moment là de la partie les partisans locaux commencent à se demander : à quelle sauce les Diables Rouges vont rôtir les pauvres Sangliers. Mais si ces derniers n’ont ni le rythme ni la vista des visiteurs, ils ne manquent pas pour autant de courage.
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Photographe Yannick Martin |
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Certes Briançon domine toujours ; pour autant Clermont arrive à limiter au maximum les occasions franches de déjouer leur gardien. Reste que leur maladresse récurrente dans la transmission du palet persiste ; les auvergnats ont bien du mal à se créer des mouvements offensives dignes de ce nom et par là même des vrais opportunités de scorer. Quand le palet file en zone visiteuse, rares sont les puydômois qui arrivent à le récupérer. On en profite plutôt pour changer les lignes qui s’exténuent à défendre.
Les briançonnais ont alors tout à loisir d’organiser la remontée du palet. Mais s’ils prennent leur temps pour revenir, donnant un peu l’impression de jouer au chat et à la souris, renforcée par une large domination dans les remises en jeu. Ils peinent désormais à porter véritablement le danger devant la cage de Celestin. De plus sur les quelques occasions franches ce dernier sait parfaitement assumer sa tâche.
A 10’53’’ c’est au tour des haut-alpins de subir leur première prison. Là encore de nombreuses fautes de mains, pour autant de passes ratés, font que les auvergnats tardent à s’installer. Il y a quelques tirs, certains avec tentatives de déviation, sur le gardien Martini mais généralement sans véritable danger, l’efficace pressing défensif des visiteurs faisant le reste.
Pénalité achevée, Briançon continue dans cette voie du pressing sur l’adversaire jusque dans la zone offensive. Ils savent que cela accentue encore plus les imprécisions adverses, toutes ces accumulations de petites fautes qui compliquent considérablement les sorties de zone propre des clermontois. Pire, les rares fois ou un clermontois essaye de remonter seul le palet, il y a souvent un diable de briançonnais qui arrive astucieusement à le lui chiper dans la palette. Et c’est au courage, en se battant pied à pied, sans renoncer et avec une réelle solidarité que les auvergnats arrivent à préserver leur cage. On assiste même à une fin de période pleine d’énergie de la part des arvernes qui arrivent enfin à bousculer les alpins jusque dans leur zone défensive et se créer des occasions dont une particulièrement dangereuse sur un cafouillage général devant la cage de Martini.
L’expérience briançonnaise permettra à ceux-ci de s’en sortir sans dommage.
2éme Période : Les Sangliers Arvernes semblent vouloir partir avec de meilleures intentions et essayent tout de suite de rentrer dans la partie. Encore une fois ce sont plus les accumulations de fautes individuelles de l’adversaire qui perturbent le plus souvent les bonnes intentions puydomoises. Néanmoins les briançonnais ont plus de mal à trouver des fenêtres de tirs dans la zone clermontoise même s’ils y sont plus souvent qu’à leur tour.
[image2]A contrario les arvernes font de plus en plus souvent des excursions en territoire adverse et arrivent même par séquence à faire tourner la rondelle à la recherche de l’opportunité de concrétiser. Elles restent quand même peu nombreuses par rapport à la domination territoriale briançonnaise. Ainsi Celestin a encore bien souvent l’occasion de mettre en avant tout son brio, pas toujours aidé par sa défense qui a encore trop tendance à rendre le palet à l’adversaire.
De plus, maillant parfaitement le terrain, c’est le plus souvent un briançonnais qui récupère en premier le palet dégagé ou contré surtout en ce milieu de tiers ou les arvernes semblent baisser d’un ton. Fort heureusement pour eux une pénalité à l’encontre des alpins (28’38’’) va leur permettre non seulement de reprendre pied mais remettre à contribution le gardien Martini. Cette période est vite gâchée par une prison clermontoise (29’37’’). Non seulement les clermontois gèrent bien cette minute à 4 contre 4, favorisant plutôt les meilleurs patineurs, mais réussissent aussi à contenir leur adversaires lorsque ceux-ci récupèrent leur pénalisé. Cerise sur le gâteau, lorsqu’à son tour Clermont récupèrent son joueur, Briançon sera bêtement sanctionné pour surnombre (11’39’’). Malheureusement cette cerise n’aura pas la saveur sucrée du but car si opportunité il y a eu, les Sangliers ne savent pas les convertir.
Revenu à égalité Briançon reprend sa domination, notamment lors des duels dans les balustrades mais les Sangliers résistent et arrivent même à porter quelques banderilles en zone alpine en particulier lors d’un contre rondement mené vers la 35
ème minute, mais le cerbère Martini sut parfaitement gérer son duel. Certes maintenant Briançon peine plus à s’installer durablement à l’attaque. Les clermontois essayent de saisir la moindre opportunité de relancer l’offensive. Hélas ils rendent encore trop souvent le palet à l’adversaire.et on craint le pire. La prison infligée au briançonnais Puncocharo à moins d’une minute de la fin permet enfin de compte aux puydomois de blanchir ce tiers temps.
3ème période : Les Sangliers commencent donc cette ultime période avec une supériorité qui court pour encore 1’39’’. Ils ne tardent guère à proposer un premier tir sur la cage des Diables Rouges. Il n’y aura guère d’autres occasions avant le retour du joueur fautif. Pour autant on assiste à un jeu assez ouvert où, malgré ses défauts récurrents, Clermont arrive à peu près à rendre coup pour coup face aux attaques briançonnaises. C’est cependant lors de cette phase là que les dauphinois réussissent à accentuer le break
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Photographe Yannick Martin |
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Karl Léveille (sur passes de Hovora et Portier), d’un tir instantané à mi distance, superbement placé dans la lucarne droite du gardien et ce malgré la pression d’un défenseur, offre le 3ème but à 42’35’’à son équipe. Si il y eu rapidement une réaction clermontoise par un tir sur cage briançonnaise avec tentative de déviation. Très vite les Diables Rouges reprennent la main sur le match, aidés en cela par un adversaire tergiversant souvent dans ses tentatives de relances. Les alpins, plus prompts, se posent moins de questions pour aller chercher le palet directement dans la crosse arverne. Incontestablement à ce moment de la rencontre une équipe était en plein doute et l’autre en confiance.
Heureusement Celestin lui ne se désunit pas. Puis Clermont semble reprendre un plus de mordant. Il s’offre une magnifique occasion de break autour de la 46
ème minute à quasiment 2 joueurs contre zéro mais la rapidité de la défense haute alpine oblige au porteur du palet à jouer seul sa chance. Le gardien dauphinois ferme la porte et préserve sa ligne.
A 46’27’’ les visiteurs écopent d’une prison. Si cette supériorité donne l’occasion aux auvergnats de lâcher pour un temps la pression, c’est bien la seule chose positive et les maladresses et autres mauvais choix permettent aux dauphinois de maitriser facilement leur infériorité.
C’est enfin de compte au retour à égalité de joueurs que les auvergnats proposent enfin un peu d’ouvrage à la défense alpine et leur gardien. Suite à un choc le long de la balustrade, un clermontois reste au sol. Les arbitres infligent une nouvelle pénalité à Briançon (51’13’’). Cette fois les arvernes semblent vouloir s’imposer un peu plus. Des tirs sont proposés mais personne n’arrive à gêner le travail du gardien par des déviations ou obstruction de la vue et encore moins à s’emparer des retours concédés par celui ci.
De plus les Diables Rouges s’acharnent par leur pressing à faire déjouer au maximum les Sangliers. Avant même le retour du pénalisé, Briançon a une belle occasion de tir, puis rapidement une autre lorsqu’ils sont de nouveau à 5 contre 5. Les alpins pressent les puydomois dans leur zone qui résistent vaillamment mais ne cessent, sitôt la rondelle récupérée, de la rendre à l’adversaire. Pour ne pas arranger les choses, Clermont se prend une pénalité pour retard de jeu (55’48’’). Les hauts alpins s’installent, patiemment font tourner le palet attendant l’opportunité devant le slot clermontois.
Au prix de sacrifices et d’abnégation les auvergnats réussissent à ne pas leur offrir cette occasion gagnante pour finalement tuer cette pénalité. Briançon continue à presser mais Clermont arrive un peu à réagir. Pour sauver l’honneur et éviter le blanchissage l’entraîneur clermontois prend un temps mort et sort le gardien lors d’une remise en jeu en zone offensive. Mais rien n’y fait, maladroits jusqu’au bout ils n’arrivent qu’à éviter le but en cage vide.
Epilogue : Briançon a repris sa marche en avant après sa défaite à domicile samedi dernier et cela était le principal pour eux. Mais on n’osera pas dire brillament car ils n’auront scoré que trois fois là où la plus part de leurs concurrents directes ont su être plus performant. Cela est peut être à mettre au crédit d’une équipe clermontoise plus solidaire en défense. Il faudra être plus réaliste pour la suite de la saison. Pour les auvergnats c’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. Incontestablement, et ce malgré une entame encore entachée de buts pris trop rapidement, la défense fut plus efficace au prix de beaucoup de solidarité et une grande dépense d’énergie. C’est le point positif mais l’attaque et surtout le jeu offensif frôla par moment l’indigence et on eut bien du mal à voir plus de 3 passes de suite s’enchaîner. Est-ce consécutif à l’énergie dépenser en défense ? Toujours est-il qu’il y eu par moment un manque cruel de lucidité et un nombre incalculable de palets rendus à l’adversaire et parfois de façon rageante. Cela reste le grand chantier de l’équipe, trouver un équilibre dans la transmission pour pouvoir enclencher plus souvent des sorties de zones qui soient de véritables rampes de lancement offensives. Si désormais Clermont semble mieux maitriser l’hémorragie défensive qu’elle a pu connaître en début de saison, à voir maintenant si elle pourra porter le fer un peu plus dans le camp adverse. C’est à ce prix elle gagnera enfin ses premiers points en D1.