C’est la reprise ! La Ligue Magnus reprend ses droits à l’Iceberg, plein comme un oeuf pour l’occasion, dans une rencontre entre l’Étoile Noire de Strasbourg et les Diables Rouges de Briançon. La formation alpine a déjà repris du service mardi, en coupe de la ligue, lorsqu’elle a battu le leader du championnat, Chamonix. À l’inverse, les Strasbourgeois entrent sur la glace reposés et avides de hockey. Les Briançonnais entendent consolider leur place dans le top 4, mais une victoire alsacienne ce soir permettrait à l’équipe de Strasbourg de passer devant les Diables.
Arbitres : Mr Mendlowictz assisté de Mrs Geoffroy et Cregut
Buts : Strasbourg : ; 47.33 Lionel Tarantino (ass Jan Cibula) ; 50.26 Edouard Dufournet (ass Jan Cibula) Briançon : 24.17 Sébastien Rohat (ass Lucas Bini) ; 24.36 Steve Vanoosten (ass Eric Castonguay et Jean-François Caudron) ; 32.30 Steve Vanoosten (ass Eric Castonguay et Edo Terglav) ; 35.03 Edo Terglav (ass Eric Castonguay)
Pénalités
18 minutes dont 10 à Hiadlovsky contre Strasbourg
14 minutes contre Briançon
Gardiens en jeu :
Strasbourg : Vladimir Hiadlovsky
Briançon : Ander Alcaine
Photographe : Christophe Moreau
Un match sous haute tension
La rencontre commence fort : dans les 30 premières secondes, les deux équipes ont déjà l’occasion de s’échanger des tirs croisés. Ce match offre d’ores et déjà la promesse d’un spectacle et d’un affrontement sans pareil. Sur la glace, le jeu est physique, mais propre. L’équipe briançonnaise prend rapidement le dessus, rapidement aidée par une supériorité numérique, évènement pourtant rare ce soir.
Lorsque le meilleur powerplay rencontre un des meilleurs “penalty kill” de la ligue, le jeu prend une autre dimension, tant le palet circule rapidement. Malgré tout, les Briançonnais, si menaçants devant les filets, ne parviennent pas à consolider leurs statistiques en supériorité. Ils ne s’arrêtent néanmoins pas là, et continuent de mitrailler le portier strasbourgeois (8 tirs dans les 6 premières minutes). L’offensive alsacienne peine à se mettre en place et déplore trop de pertes de palets, qui profitent aux Diables.
Toujours est-il que le jeu est beau : les duels contre la bande sont acharnés, les deux équipes se livrent pleinement dans le match et la rondelle est arrachée d’une crosse à l’autre. Il faut attendre la deuxième moitié de la période pour que les Alsaciens s’installent durablement en attaque et qu’ils viennent menacer Alcaine. La défense de Briançon est affûtée, et une barricade humaine se tient devant les filets, contrant systématiquement toute tentative de tir. Dans le trafic, ou plutôt l’embouteillage face au gardien, les empoignades manquent de dégénérer.
La pression briançonnaise subit une baisse d’intensité dans la fin de la période, contrecarrée par des jaunes et noirs audacieux. Cependant, lorsque les Diables parviennent à entrer dans la zone, les tirs sont précis et dangereux.
La tension est palpable sur la glace, ce qui peut être imputable au score encore vierge et au jeu compact de part et d’autre. Les hommes du coach Basile ont ouvert la partie très rapidement et avec puissance, et ont maintenu le rythme longtemps. L’équipe strasbourgeoise ne se laisse pas faire, et signe des occasions franches comme des erreurs flagrantes.
Face-offs : 11 - 12
Tirs : 9 - 15
Photographe : Christophe Moreau
Strasbourg dérape
Le retour sur la glace est moins enflammé que l’ouverture du match. Le jeu est plus fermé, mais Briançon garde la mainmise sur la partie. Mais c’est grâce à une erreur strasbourgeoise en milieu de patinoire que Rohat, l’attaquant briançonnais, intercepte le palet et s’en va seul pour clouer le gardien de l’Étoile et ouvrir la marque (0-1, 24’17). Après 25 minutes d’âpre bataille, où chaque équipe tenait tête fermement, l’ouverture du score de cette façon semble fade, mais le résultat n’en est pas moins présent. Le but qui suit, 21 secondes plus tard, est en revanche magistralement orchestré : Castonguay remonte à gauche, décale à Vanoosten bien calé au deuxième poteau, et le gardien ne peut rien faire, trop délaissé par sa défense devant une montée offensive si bien huilée (0-2, 24’36).
La formation strasbourgeoise est sonnée et chancelle devant la rapidité briançonnaise. Les hommes de Bourdages ne sont pourtant pas du genre à rendre les armes, et ces deux buts coup sur coup sonnent le cri d’alarme qui relance les velléités de l’équipe locale. Paradoxalement, les montées offensives forcent l’Étoile Noire à se découvrir, les retournements et les interceptions briançonnais sont donc d’autant plus dangereux. Cela permet à Castonguay et Vanoosten de réitérer. Vanoosten, en fin stratège, se place à nouveau en embuscade. Il reçoit le palet parfaitement servi et le soulève pour inscrire un but étrangement similaire au précédent (0-3, 32’30).
Pour les Strasbourgeois, le cauchemar du deuxième tiers-temps ne semble jamais se terminer. Les Briançonnais, pourtant moins souvent en attaque, transforment chaque occasion en but. Ils sont libres de leurs mouvements face à une défense éteinte et peuvent aisément se placer devant les filets. La rapidité déconcertante dans tous les aspects du jeu met la dernière pierre à l’édifice des Diables.
L’estocade arrive à la 35ème minute, lors d’un changement de ligne hasardeux. Terglav et Castonguay sont complètement seuls face au gardien, aucun défenseur ne se tient sur leur chemin. Une passe, une repasse, une feinte, et un but viennent à bout des nerfs du gardien strasbourgeois, impuissant car trop seul devant les assauts briançonnais (0-4, 35’03).
Briançon domine sans équivoque, chaque occasion débouche sur un but. Hiadlovsky, irrité, jette sa crosse de colère et quitte la glace pour ne plus revenir.
Face-offs : 18 - 7
Tirs : 10 - 9
Photographe : Christophe Moreau
Briançon l'emporte
Gilles Beck vient donc remplacer le gardien strasbourgeois dans le dernier tiers. Cette période s’annonce sans saveur, au vu de l’avance écrasante des Briançonnais, qui reprennent immédiatement leur pilonnage. Pas la moindre anicroche ne semble se mettre en travers de la fin du match, avançant lentement vers la 60ème minute, dans une patinoire silencieuse. L’offensive strasbourgeoise tente pourtant d’assaillir les filets adverses, mais la défense de Briançon joue toujours aussi bien et toujours aussi repliée, et ce n’est certainement pas avec 4 buts d’avance qu’ils vont se découvrir.
Mais c’est sans compter la deuxième ligne strasbourgeoise ! Prouvant qu’ils sont loin d’être finis, Cibula intercepte un palet et l’envoie à Tarantino. L’attaquant français décoche un tir explosif, entre les jambes du gardien. Le palet n’est pas arrêté par Alcaine, seulement ralenti, et il finit sa course dans le but (1-4, 47’33). L’égalisation est encore loin, mais ce but relance pleinement le match, l’attaque strasbourgeoise et le public, qui s’embrase. Une période annoncée fade se dessine finalement comme une bataille encore acharnée, pleine de rebondissements. Cibula, le passeur d’exception, s’illustre une fois encore : en possession du palet, il monte jusqu’à dépasser le but. Il recule alors la rondelle en direction de Dufournet, dans le slot. Ce dernier envoie un “one-timer” qui trouve le fond des filets (2-4, 50’26). Cela semble irréel, l’équipe de Briançon dominait le match de la tête et des épaules, et était parvenue à écraser le match, quand soudainement, l’Étoile relève la tête. Dans les minutes qui suivent, l’intégralité du jeu se déroule dans la zone de Briançon, les Diables sont retranchés en défense sans pouvoir en sortir. Le gardien briançonnais bénéficie d’une bonne dose de chance et est assisté par sa défense qui ne faillit pas. Les occasions se multiplient pour les locaux, qui se prennent à croire à une remontée, même si, parfois, l’excès de zèle et la précipitation débouchent sur quelques maladresses. Qu’importe, le match est relancé et le hockey est beau.
Les Briançonnais ne cèdent pourtant rien et même la sortie du gardien strasbourgeois ne change plus rien au cours du match.
Face-offs : 12 - 8
Tirs : 15 - 6
La victoire est sans équivoque pour l’équipe de Briançon grâce, d’une part, à son talent et sa rapidité dans tous les aspects du jeu, autant en attaque qu’en défense, en powerplay et en infériorité ; d’autre part grâce aux erreurs strasbourgeoises dans la deuxième période, qui coûtent chaque fois un but et qui font basculer le match définitivement du côté des visiteurs.
La formation jaune et noire sauve l’honneur dans le dernier tiers, et offre dix minutes de jeu intense, mais laisse le coach “fâché”. “On se fait battre à plate couture, car il n’y a personne derrière [lors des buts]. Il n’y a pas de coup de massue à avoir”. En effet, les buts successifs de Briançon ont laissé sa formation sonnée. Le réveil, à dix minutes de la fin, arrive trop tardivement.
Les Diables Rouges, par cette victoire, passent devant Angers (qu’ils rencontrent la semaine prochaine) pour venir s’installer confortablement à la 3ème place du classement. Ce n’est pas une surprise : leur jeu est sans faille, les consignes de coach Basile sont appliquées à la lettre et le gardien, qui laisse souvent des rebonds, est assisté en permanence d’un ou deux défenseurs. La machine est bien huilée.
Néanmoins, le constat est amer côté strasbourgeois car ils auraient pu disputer la victoire. Quelques erreurs en moins auraient évité des buts ; de la même façon, l’égalité aurait pu être arrachée, si ce n’était pour l’abattement ou le réveil trop tardif de l’Étoile Noire. Quoi qu’il en soit, la défaite est là. Il est difficile d’éviter de penser à une série noire à domicile, quand l’équipe n’a que des victoires en déplacement contre une seule à l’Iceberg.
Pour l’Étoile Noire, ce match était un enfer face aux Diables en personne.