Après une seconde rencontre indécise mais peu intéressante en terme de hockey offensif, Grenoble se devait ce soir de gagner enfin une manche de cette demi-finale bien mal commencée.

Comme un air de déjà vu

Photo laurent Lardière

Aprés un début de rencontre qui voyait un fort pressing de part et d'autre, et un bloc équipe visiteur positionné très haut, Grenoble allait bénéficier de deux occasions franches par Pettersson à 2'11 qui échoue sur Bronsard, avant qu'un centre de Forsander à 2'30 ne puisse être repris par Masa à cage largement ouverte. Les minutes suivantes vont ainsi voir Grenoble se procurer globalement plus d'occasions que les hauts alpins, mais bien peu seront vraiment décisives et bien des tirs des Brûleurs échoueront sur un Bronsard qui n'aura pas à sortir le grand jeu sur des palets lancés sur lui. Grenoble va alors proposer une phase à l'image de cette série. Valcak dans un énième exercice solitaire se fait contrer et Broz fait une faute qui conduit les hauts alpins à un premier avantage numérique.

A 4'51, un centre d'un diable depuis la bleue trouve deux joueurs étrangement seuls face à Ferhi, et un tir au pigeon commence ponctué d'un but refusé car le palet n'aurait pas franchi la ligne, version contestée par des grenoblois situés derrière la cage que l'on ne saurait taxer de partialité. Une pénalité différée sur cette action produit un box play qui cette fois va payer.

A 5'24, Ruid claque une superbe lucarne depuis le cercle d'engagement et ouvre logiquement le score, Briançon étant clairement plus tranchant (0-1).

On repart alors dans des occasions de part et d'autre et surtout d'intenses batailles dans les bandes qui ne développent que très peu de jeu. Grenoble domine légèrement mais paraît susceptible de payer cash certaines erreurs défensives, tandis que Briançon propose une défensive irréprochable et paraît un tantinet plus volontaire.

Dufour manque une reprise décisive à 12'58, et Pettersson fait de même à 14'19.

A 16'23, un brassage voit Valcak et Ruid s'expliquer, tandis que Scott qui récupère une crosse perdue devant le banc de Briançon semble échanger des mots. Dermigny, Fleury, Ruid et Broz sont mis à l'ombre par l'arbitre avant que Grenoble ne puisse proposer un jeu de puissance à 16'44. Bronsard dit alors non à plusieurs frappes de Lindstrom qui traduisent une certaine absence de variété dans le jeu isérois.

Pourtant, à 18'25, Wallin frappe à la bleue et le palet est repris par Amar qui le lève du revers pour tromper Bronsard couché (1-1). Un but comme lors du match précédent en fin de période.

A 19'40, Masa percute la bande du casque après avoir été légèrement poussé par un adversaire, et tarde à se relever, ce qui conduit à un début d'explication qui ne sera pas sanctionné (logique selon nous car il semble tout de même chercher un tantinet la faute).

Tirs 17/4 Grenoble

Engagements 11/9 Grenoble

Avantage Grenoble

Après plusieurs cadeaux gratuits des défenses qui ne trouvent pas preneurs en début de période, le jeu très physique va conduire à des explications qui traduisent la tension de la rencontre. A 21'56, Lindstrom balancé proteste et prend 10' minutes.

On voit alors plusieurs grosses occasions de part et d'autre, avec Simic (pas loin d'être MVP pour nous ce soir) qui échoue de peu en rupture sur Ferhi à 23'61, avant que la mitaine de Bronsard ne s'interpose avec talent à 23'50 sur un lancer violent d'Hecquefeuille assez en vue ce soir car disposant d'un temps de glace plus conforme à son talent que lors de la rencontre précédente (remarque valable également pour Fleury et Perez même si ce dernier reste rare sur le glaçon.

Ferhi offre alors un arrêt de grande classe sur un contre à 2x1 particulièrement dangereux à 24'05.

Débute alors un festival de faits divers qui pourrait illustrer certains types de pénalités peu fréquents. Pour avoir joué le palet alors qu'il est au sol, un diable rouge va en prison, tout comme Wallin qui fait faute, s'énerve, et prend 10' pour protestation. pendant que le suédois s'explique, Valcak se trouve de l'autre côté de la glace et échange quelques mots avec Bronsard qui s'énerve, et lui met un coup de crosse que l'on verra comme inamical mais pas spécialement appuyé, avant de remettre cela sous le regard de l'arbitre. Bilan, 2+2+10' pour le gardien et 1'05 de pénalité à la clef en killing play pour Grenoble qui ne pourra rien en retirer.

Simic pousse à 28'31 avant que le duo Tartari Treille ne trouve Bronsard à 30'02. Joli numéro de Rohat qui déborde et trouve Ferhi.

Pourtant, c'est Grenoble qui pousse et va prendre l'avantage assez logiquement. Broz file à l'aile à 33'77, évite le défenseur qui se couche, et passe derrière à Scott qui arrivait comme une fusée en second rideau pour un  joli but (2-1).

Quelques occasions de part et d'autre terminent une période particulièrement physique.

 

Photo Laurent Lardière

Tirs 16/6 Grenoble

Engagements 18/13 Grenoble

Ensemble indécis

La dernière période offre un rythme plus variable, mais Briançon va égaliser d'entrée d'une superbe frappe de Vas à 45'49 depuis le cercle d'engagement (2-2).

O,n verra encore plusieurs frappes de part et d'autre mais les deux équipes paraissent se neutraliser et malgré un tir de Gaudreau Rouleau sur le poteau de Bronsard à 54'41. Les diables rouges semblent un tantinet plus frais et motivés dans cette période, et grenoble peut logiquement craindre les prolongations.

tirs 12/4 Grenoble

Engagements 13/11 Grenoble

Le champion de France au bord du ko

La prolongation ne proposera guère de jeu grenoblois, avec une pénalité à 61'30 qui voit Ferhi bloquer en mitaine avec talent. Briançon pousse et Vas échoue encore sur le gardien grenoblois à 65'36. Symbole de cette domination, Gaudreau Rouleau remet le couvert et trouve cette fois la transversale de Ferhi sur une frappe à 67'07 qui tinte joyeusement sur le métal avant de l'élever à la verticale du but.

Ladanyi de l'infirmerie aufond du  but de Ferhi

Amar échoue sur une tentative entre les jambières bien anticipée

Vas frappe directement sur Ferhi

Treille propose une suite intéressante mais lance à côté du revers en cage entrouverte

Terglav met à côté

Valcak feinte au sol mais est anticipé

Ruid est bloqué en angle par Ferhi

Ladanyi est alors sollicité, lui qui sort de blessure et trompe Ferhi d'un tir croisé côté droit

Broz voit son tir bloqué

Photo laurent Lardière

Debriefing

Bravo bravo les diables rouges qui ont su trouver les solutions pour écarter Grenoble en trois manches seulement, et gagnent ainsi le droit de retrouver Rouen en finale. A l'origine de ce succès, on trouve déjà un groupe au service du collectif qui a montré une rage positive et un engagement qui ne peut que séduire. On trouve également une volonté d'appliquer les consignes et de faire ainsi déjouer un adversaire avec un plan de match sérieux et cohérent. Très présents dans les duels, et rapides en défensive, les hauts alpins ont largement bloqué l'offensive grenobloise et fatigué des champions de France plus physiques mais aussi un tantinet plus lents. Derrière Szelig et tekel, on notera toute la volonté d'un Gaudreau Rouleau et d'un Dermigny qui ont fait impression sur la série. Offensivement, même si l'équipe est en priorité défensive sur la série, avouons que Sivic et Vas on montré de belles choses, avec une mention particulière pour Ruid dont la polyvalence et l'influence sur le collectif paraît largement sous estimée.

Que peut faire Briançon face à Rouen? Faire ce que Basile a fait face à Grenoble c'est à dire proposer une stratégie qui contienne l'offensive normande et propose un duel particulièrement physique. Même si Rouen paraît conserver une certaine marge, il faudra vraiment que le dragon se méfie de ces diables rouges qui appliqueront les consignes et proposeront certainement pas le hockey le plus spectaculaire de l'année, mais bien celui susceptible de poser le plus de problème à leur adversaire. Quelques mois après les dificultés extra sportives rencontrées par le club, c'est en tout cas une bien belle fête qui se prépare du côté des hautes alpes.

Que Grenoble perde face à Briançon est une surprise relative, car les deux équipes étaient très proches tout au long de la saison. Que les champions de France soient sweepés 3/0 est en revanche une surprise et ce que certains considéraient déjà à Grenoble comme une humiliation.  Derrière cela, on trouve plusieurs causes qui mériteraient bien naturellement une analyse plus poussée.

Avouons le, on a pas franchement compris tout au long de la saison la logique développée par le staff pour l'utilisation des joueurs. Quand on a des internationaux français qui feraient la joie de tous les autres clubs, on les fait jouer surtout quand ils démontrent une fois sur la glace une efficacité certaine. De ce point de vue, on peut entendre que certains sont blessés (Perez), mais que systématiquement le temps de glace soit inférieur, et-ce même lorsque certains titulaires marquent le pas pose question. De même, quand on mène par 3-4 buts, pourquoi ne pas faire rentrer davantage les plus jeunes? Phénomène lié au premier, certaines baisses de forme perceptibles et liées à une utilisation trop intense devaient être mieux gérées. l'année dernière, on avait à grenoble des équipes spéciales mises en place par le staff qui donnaient des missions précises à certains, et on avait une défensive plus exigeante qui sollicitait davantage les joueurs du banc pour soulager les titulaires. cette année, c'est Briançon qui a creusé le sujet (voir interview de coach Basile).

Défensivement, Grenoble a pris davantage de buts cette année et on ne peut pas dire que l'attaque ait marqué les esprits dans les moments décisifs. Outre le fait qu'il manque un gros scoreur tant en saison régulière que surtout en série finale, le collectif offensif laisse à désirer et l'individualisme de certains joueurs se paye très cher. Partir en rupture à un contre trois a son charme, mais dès que l'adversaire est bien organisé, les pertes de palet à votre ligne bleue se paient cash, comme le démontre les buts pris dans cette série. Notons la saison médiocre de plusieurs éléments offensifs qui explique également cette déconvenue et cette fin de saison anticipée.

On ne peut pas dire que Grenoble ait montré l'image d'un groupe très uni sur cette série, et sans parler de dissentions fortes, il est clair que les problèmes de temps de glace et d'égo ont lourdement pesé sur la fin de saison.

Alors naturellement, certains pourront relever qu'une Coupe de France et une demi finale pourrait contenter bien des clubs de l'élite, mais quand on dispose des joueurs dont disposait grenoble cette année, on est en droit de ne pas se faire éliminer 3/0 par un adversaire tout à fait à portée comme le montrent les résultats. Invoquer la chance peut aussi être un argument mais c'est bien trois fois de suite que les brûleurs ont manqué la cible, cela fait un peu beaucoup pour parler de malchance.

Quelle équipe pour la saison prochaine? Comme c'est le dernier article sur Grenoble avant les transferts, évoquons un instant l'effectif et donnons un avis rapide sur chaque joueur après échange avec toute notre équipe grenobloise de Hockey hebdo. Au final, on garde, on laisse partir, ou on met ??? quand on est pas d'accord entre nous.

Wallin: une saison solide et des séries finales plus moyennes, mais reste une valeure sûre qui semble bien s'intégrer dans le collectif. On garde

Amar: Une saison solide et de bonnes séries finales pour le meilleur français avec Desrosiers cette saison. on garde

Trabichet: hélas blessé, le jeune grenoblois propose sa vitesse et devrait avoir ses meilleures années devant lui. On garde

Woods: un ensemble un peu brouillon malgré une qualité technique certaine, beaucoup critiquent mais pas nous car le joueur est positif pour le groupe. ???

Scott: travailleur sobre et efficace.  On garde

Manavian: capable de belles choses mais également d'erreurs coûteuses, niveau en hausse cette saison cependant. ???

Broz: saison régulière solide mais séries finales beaucoup moins concluantes. Une emprise sur l'équipe dont on peine à mesurer le caractère positif ou négatif par moment On garde mais pas en payant plus!

Masa: solide saison mais baisse progressive de rendement. Avouons qu'on est un peu décu sur la fin. Nous sommes divisés concernant son apport, il est clair cependant qu'il lui faut un très bon passeur sur sa ligne pour briller. Qui trouve t'on sur le marché à salaire équivalent? ???

Valcak: visiblement très difficile à gérer, son jeu plait face à des équipes plus limitées mais est très coûteux dès que l'adversaire contre ses ruptures solitaires. Défense suspecte, perd énormément de palets...on va se faire des ennemis mais on se dit qu'il semble nuire au collectif. On laisse

Forsander: venu dans le rôle d'un grand scoreur, avouons que l'on est pas convaincu sur ce plan car ses assists sont plus importants. Pour nous en dessous de son niveau de Morzine Avoriaz, on l'a souvent laissé entendre, on peut parler de déception. On laisse

Pettersson: l'un des plus régulier en attaque, rapide, technique, un joueur intéressant et à suivre. On garde

Lindstrom: saison régulière vraiment moyenne, mais séries finales plus positives. On était assez critique mais bien utilisé, il peut marquer et faire jouer. Question, a t'il été bien utilisé cette saison? ???

Hecquefeuille: l'un des meilleurs joueurs français dont on peut s'interroger sur l'utilisation à Grenoble cette saison? Ceci dit, il offre un jeu de qualité et semble collectif tout en étant capable d'accélérations très intéressantes. On garde

Perez: saison pourrie, blessures, peu de glace, pour un joueur qui nous avait montré de bien belles choses à Briançon. on a tous envie de le revoir dans un contexte plus favorable car on sait qu'il est bon. On garde

Tartari: belle saison malgré un temps de glace qui aurait pu être plus important, a franchi un cap encore cette année avec des buts et des actions décisives. Un tantinet sous côté dans l'hexagone. On garde

Fleury: belle saison malgré une utilisation parfois limitée, un joueur franchement intéressant et spectaculaire. On garde

Treille: énorme potentiel, énorme activité, pour nous le meilleur jeune en france dans sa catégorie d'âge. A suivre ou qu'il joue. On garde  

Ferhi: le meilleur gardien français en activité en France, auteur d'une saison très solide, avec peut être moins de matchs dominés que la saison dernière. On garde

Dorthe: difficile d'exister avec Ferhi, devrait aller voir ailleurs pour du temps de glace. (On laisse pour qu'il puisse joueur ailleurs)

Bonnard: chapeau l'artiste et bonne chance pour la suite (On lui dit merci pour toutes ces années).