Après avoir remporté la Coupe de la Ligue, Grenoble pouvait ce soir s'approcher de la seconde Coupe en décrochant un sésame pour Bercy. Sur sa route se dressait toutefois les Dragons de Rouen avec une interrogation concernant l'état de forme des Champions de France après leurs trois rencontres du week end? Avec les bons résultats qui les ont fait terminer à une belle seconde place de la compétition avec au passage les scalps de Minsk et surtout de Martin, devait-on voir les normands sur leur forme européenne, où au contraire à la peine physiquement? Avouons que bien malin qui pouvait donner un pronostic sérieux avant le début de la rencontre.
Dans l'engrenage rouennais.
| L.Lardière | But de L.Krayzel donnant la victoire aux grenoblois | Les deux formations attaquaient l'affaire sans aucun round d'observation, avec des offensives rapides de part et d'autre ponctuées de frappes intéressantes. Grenoble paraît bombarder en particulier à la bleue à l'exemple d'un missile de Wallin bien bloqué par un Sopko qui semble à son affaire, les Dragon procédant comme à son habitude avec des contres mis en place avec précision.
A 5"04, la défense grenobloise mal positionnée voit Rouen tenter deux frappes repoussées par Ferhi, la seconde à l'initiative de Thinel très présent ce soir, revenant sur la crosse de Doucet qui cette fois ne laisse aucune chance à Ferhi (0-1).
On est alors forcé de se souvenir du scénario de la précédente rencontre qui avait opposée les deux équipes à Pôle Sud avec une victoire normande acquise à partir du même plan de jeu.
Grenoble ne va pas rassurer dans les minutes suivantes avec plusieurs tirs en angle comme celui de Broz à 6"25 qui ne va pas menacer Sopko, le gardien visiteur voyant par ailleurs de nombreuses frappes iséroises passer à côté et au dessus de ses cages, caractéristique du jeu grenoblois ce soir.
On sent Rouen à son affaire dans ce style fait de relances rapides avec des relais à mi-glace qui donnent aux ailiers des palets exploitables en rupture le long des bordures. Thinel manque au reste le break en tergiversant à 13"22 après un joli slalom bien servi par Doucet dans tous les bons coups.
Dans une rencontre au jeu de plus en plus rugueux au fil des minutes, et-ce sans que rien ne soit sifflé, on sent certains joueurs hausser le ton physiquement à l'exemple d'un Bouchard où d'un Masa, le second ayant au moins pour mérite de ne pas en rajouter en plus verbalement.
La fin de période ne donne pas grand chose de notable, Grenoble ayant semblé dominer en nombre de frappes, Rouen paraissant susceptible de contrer et de marquer à chaque rupture.
Tirs 15/10 Grenoble
Engagements 8/10 Rouen
Rouen enfonce le clou définitivement?
Après ne rien avoir sifflé durant la première période, ce qui semble assez étrange vu les contacts, Monsieur Colleoni va sévir dès la reprise. Bouchard file au but, paraît contré à la régulière avant de tomber le long de la bande grâce à une crosse Grenobloise (20"37).
Rouen obtient donc un premier jeu de puissance mais perd rapidement l'avantage numérique, Forsander prenant un coup au visage involontaire qui met les deux formations à 4-4 à 21".
Eric Doucet, meilleur rouennais ce soir avec Sopko fait à nouveau la belle mais échoue sur Ferhi avant de prendre à son tour un coup au visage non sifflé, Rouen manquant plusieurs occasions comme avec Dufournet qui est contré au dernier moment à 54"30.
| L.Lardière | E.Doucet bute sur E.Ferhi. | Un grenoblois semble trouver la transversale à 25'08, nous disons semble car cela va trop vite pour l'auteur de l'article qui voit une fois de plus revenir un palet sans entendre le bruit du poteau, personne n'en ayant plus parlé, nous supposons cette version comme étant la bonne.
A 26"54, c'est au tour de Forsander très en vue ce soir de filer au but, le suédois semblant accroché avant de prendre la crosse de Romand dans les patins, ce qui conduit ce dernier au banc des pénalités. Avouons qu'à ce stade de la rencontre, l'arbitrage de Monsieur Colleoni nous laisse dubitatif mais nous y reviendrons. En effet, on va tolérer de part et d'autres certains accrochages, cinglages par derrière, charges contre la bande qui mériteraient des sanctions, et ceci ne fait rien pour diminuer la tension que l'on sent monter au fil des minutes.
A 27"27, Carlsson prend deux minutes pour une charge sur Broz, mais Grenoble paraît totalement en panne sur le jeu de puissance, ce qui laisse augurer des moments difficiles, d'autant que Rouen ne donne aucun signe d'usure physique.
Après une superbe reprise de Peltola sur Ferhi à 34"29, les deux équipes semblent très proches, Grenoble se créant des occasions mais ne parvenant pas à conclure.
C'est alors à 36"05 que Bouchard servi par Doucet arrive palet en crosse sur Ferhi et va frapper à la porte plusieurs fois avant de glisser au fond pour un break rouennais qui sent le sapin pour Grenoble. (0-2)
Comme en écho à ce réalisme des dragons, Kreyzel manque un gauche-droite revers à cage vide qui souligne la disette offensive grenobloise à 36"27. Un jeu de puissance rouennais manquant de peu de parachever l'avance normande à 38"27.
La fin de rencontre voit David séché par Forsander se relever sans que rien ne soit sifflé, les deux équipes rentrant au vestaire avec un avantage important pour les rouennais que l'on sent plus réalistes mais aussi assez énervés à l'image d'un Bouchard toujours limite.
Engagements: 12/13 Rouen
Tirs 8/10 Rouen
La légion rouge saute sur Kolwesi
Grenoble revient sur la glace en ayant modifié ses lignes, Forsander visiblement en forme se retrouvant avec le duo Broz Krayzel.
L'affaire commence par un ballet totalement stérile à mi-glace, qui semble souligner la baisse de rythme d'ensemble. On s'interroge sur la fatigue qui commence à gagner et certains manque de lucidité comme Sivic qui ignore un Fleury pourant idéalement placé et frappe sur Sopko toujours invincible à 42"26.
Un poteau de Bouchard sur une frappe en force ne fait rien pour rassurer le public qui sent son équipe en peine, Rouen s'offrant même une double occasion par le duo Doucet Thinel avec des grenoblois bien naïfs en défense à 44"24.
| L.Lardière | Y.Forsander s'apprète à reduire le score. | A 44"31 Monsieur Colleoni se rend tout de même compte après plus de deux périodes que Bouchard met assez systématiquement des coups et l'envoi enfin en prison, ce qui va provoquer le début de l'effondrement de la maison rouennaise en moins de dix minutes.
Sur le jeu de puissance qui suit, un lancer d'Amar à 45"07 est repoussé par Sopko sur la crosse de Forsander qui inscrit un joli but du revers (voir photo) (1-2).
Ce but paraît galvaniser les grenoblois qui vont alors pousser tandis que les normands très nerveux semblent se déconcentrer quelque peu. Un jeu de puissance rouennais ne donne rien, et l'on sent que les Champions de France sont un peu moins bien.
A 48"34, au terme d'une mélée indescriptible devant la cage de Sopko, et après une incroyable débauche d'énergie, le palet termine au fond des filets rouennais et le but provoque une forte protestation du gardien ainsi que d'une partie de l'effectif normand qui semble indiquer qu'il aurait été inscrit de la tête, heu du casque par Masa (2-2). Alors que cette affaire a créé la polémique après la rencontre, voire dans les jours à venir, avouons que nous sommes bien incapables depuis la tribune de presse de savoir ce qui s'est passé, ne disposant d'aucune vidéo.
Rouen prend alors un temps mort, l'équipe semblant particulièrement énervée avec des comportements assez fébriles. Bouchard, brocardé par le public après ses multiples provocations et fautes antérieures non sifflées est totalement déconcentré, tandis que Thinel paraît vouloir patiner vers l'arbitre pour lui dire son fait.
Après une occasion de part et d'autre, une frappe de Rouleau puis de Desrosiers, le match allait donner son verdict.
Toujours déchainés depuis le premier but, Grenoble pousse et à 50"04, c'est une nouvelle fois Forsander qui file droit devant, semble déséquilibré, mais le palet revient sur Krayzel qui met dedans (notre photo) (3-2).
Les minutes qui suivent voient Ferhi dire non sur plusieurs frappes assez appuyées.
A 51"28, Bouchard poursuit son récital avec une faute sur Rouleau, lequel reste au sol, se relève, alors que pendant ce temps, Thinel également au sol met un coup depuis sa position à un grenoblois qui semble rendre puis tomber à son tour. Deux joueurs sont envoyés en prison pour un 4x4 avant que Desrosiers ne les rejoigne quelques secondes plus tard.
Grenoble va alors en terminer avec une défense efficace, Rouen se montrant incapable d'exploiter deux ultimes pénalités dont la dernière fort géénreuse accordée par l'arbitre à 59"07.
La fin de rencontre sera ponctuée par des rouennais qui iront après la fin protester avec un bel ensemble auprès de l'arbitre, scène avouons le pas forcément du meilleur goût de la part du Champion de France que l'on aura jamais vu aussi frustré et marqué.
Tirs 10/12 Rouen
Engagements 13/11 Grenoble
On a des trucs à dire!!!
La rencontre de ce soir a été caractérisée par une supériorité rouennaise durant les deux premières périodes, avant un effondrement lors de la troisième. Cet effondrement relatif mais qui se traduit tout de même par trois buts concédés a été consécutif à un pressing plus important des grenoblois, et probablement à une baisse de forme des rouennais qui ont ressenti les effets du week end précédent. Cette fatigue supplémentaire paraît avoir provoqué une très forte frustration dans les rangs normands, avec en plus le sentiment manifeste d'avoir été volé avec un second but grenoblois très contesté. Ceci n'excuse pas forcément l'attitude de certains joueurs rouennais qui devront apprendre à perdre, à composer avec les erreurs d'arbitrages qui normalement s'équilibrent au fil du temps, en se souvenant qu'elles peuvent parfois tourner en leur faveur comme lors d'une finale de Coupe de France à Meribel face à Briançon...
Nous n'avons pas étés convaincus ce soir par l'arbitrage proposé, et nous sommes bien forcés de l'écrire. Hockey Hebdo respecte les arbitres, et nous nous donnons pour principe d'en parler le moins possible négativement. Un arbitre peut être mauvais sur une rencontre, il peut se tromper, tout comme un joueur peut être mauvais sans que personne ne le lui reproche, et le hockey français, les équipes françaises ont les arbitres qu'elles méritent. Le problème n'est pas le but grenoblois valable ou non, Monsieur Colleoni ayant le droit de se tromper, et l'accuser ce soir d'avoir favorisé l'une des deux formations n'est pas crédible. Le problème est de ne pas avoir proposé un niveau de sanction homogène sur l'ensemble de la rencontre, et surtout d'avoir laissé la tension monter en ne sifflant rien lors de la première période. Après, certains joueurs nous ont dit apprécier cette liberté d'action, sauf que le résultat a été la multiplication progressive des fautes de plus en plus évidentes au détriment de la qualité. A ce petit jeu, chaque équipe a eu ses spécialistes avec des mentions (liste non exaustive) pour Forsander, Masa, Thinel et Bouchard, le dernier cité devant normalement prendre au minimum dix minutes ce soir pour l'ensemble de son oeuvre. La fin de la rencontre voit ainsi des gestes non sanctionnés durant la première moitié conduire en prison, et les joueurs ainsi contester les décisions systématiquement. Comme plusieurs vieux sifflets de Magnus vous le diront, c'est au début de rencontre qu'il faut marquer le territoire et souligner la présence de l'arbitre pour avoir ensuite la paix. Ici nous avons eu l'inverse, avec de très nombreuses fautes évidentes non sifflées de part et d'autre. laisser une liberté à deux équipes professionnelles, pourquoi pas, mais avouons que sur cette rencontre le bilan est hélas négatif en terme de cohérence et de qualité de jeu, et n'en déplaise aux entraineurs, sévir fait partie du rôle de l'arbitre tout au long de la rencontre.
Au delà du résultat et des événements, deux questions se posent tout de même ce soir, plus importantes pour le hockey français que la victoire de l'un ou de l'autre.
La première est celle du calendrier, avec l'interrogation légitime concernant la date de cette demi-finale. Si Rouen en avait gros sur la patate ce soir, à l'image d'un Doucet venu en gentleman qu'il est répondre à nos questions (interview à venir), c'est bien parce que les normands ont donné sans limite au hockey français ce week end en signant une superbe seconde place en Coupe Continentale, et qu'ils ont en retour le sentiment d'avoir étés défavorisés par un calendrier problématique pour ne pas dire plus. Ce problème qu'avait connu Grenoble lors de la finale de Coupe de la Ligue doit il être revu l'année prochaine? La question mérite clairement d'être posée selon nous car les dragons et les brûleurs ont étés pénalisés.
La seconde est une nouvelle fois celle de la possibilité d'avoir un juge de but pour les rencontres les plus importantes, et même éventuellement la vidéo lorsque c'est possible. C'est avouons le un vieux débat, mais on soulignera que si les finales de Coupe de la Ligue, de France, et Magnus, disposent de tels juges, pourquoi pas les demi-finales? Sans préjuger de sa perception du second but grenoblois, ceci renforcerait tout de même une sécurité qui n'existe pas actuellement, les trois arbitres ne pouvant pas toujours juger sans hésitations dans un tel contexte. Pourquoi ne pas également prévoir un arbitre près des images vidéos, surtout lorsque la rencontre est télévisée, afin de permettre au juge principal de bénéficier d'un éclairage qui pourrait être décisif? Une inovation dans ce domaine dès la saison prochaine ne serait elle pas possible?
Et sportivement alors?
On savait Grenoblois et Rouennais proches l'un de l'autre et on en a eu confirmation ce soir. Sans proposer un niveau de jeu comparable à sa victoire en Coupe de la Ligue, Grenoble assure une place en finale face à des dijonnais qu'il conviendra surtout de ne pas prendre à la légère. Ceci étant, force est de reconnaitre que Rouen sait faire déjouer Grenoble qui s'est créé globalement un peu plus d'occasions ce soir, mais est resté toujours sous le coup de contres décisifs avec une défense pas toujours dans le coup. Oui Grenoble a gagné, mais sans forcément résoudre l'équation rouennaise qui poserait vraiment problème dans le cas d'une série finale à plusieurs rencontres.
A Rouen, le Dragon a perdu en une semaine deux objectifs de sa saison. Après avoir mordu dans une Coupe Continentale à portée de tir, c'est la Coupe de France qui se dérobe quelques jours plus tard. Encore une fois, on aimerait pouvoir dire que Rouen avait les mêmes chances que Grenoble, on aimerait mais on ne le peut pas ce soir, et ce n'est pas parce que Grenoble s'est sorti du piège de la Coupe de la Ligue qu'il ne faut pas souligner cela. Ceci dit, le Dragon a perdu pied lors de la dernière période, et certains joueurs ont connu une déconcentration coupable à ce niveau, qui n'a rien à voir avec le physique, cédant aux protestations systématiques qui ne résolvent rien. Ajoutons que la défense du dragon n'a pas comme son homologue du reste donné tous les signes de fiabilité malgré un Sopko très en vue. Rouen dispose cependant de toutes les cartes pour défendre son titre, avec le retour prévu de Carl Mallette qui a clairement manqué ce soir et que l'on espère très bientôt voir de retour.
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